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Billet de blog 18 novembre 2014

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gabon : Affaire de corruption Eyeghe Ndong - Teodoro Obiang Nguema

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Selon plusieurs sources, c’est à la petite paille que l'opposant Jean Eyeghe Ndong aurait réussi à soutirer au président Equato guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo lors d’une audience qui s’est tenue, d’après Eyeghe Ndong lui-même, « le 26 décembre 2012 à Mongomo ».

Un pactole destiné au financement de la campagne des salafistes aux dernières élections locales. Genèse !

En fait, l’appel aux contributions à sa campagne électorale n’était qu’une diversion. Pour l'opposant Jean Eyeghe Ndong , il fallait absolument brouiller les pistes pour ne pas attirer l’attention sur l’origine d’importantes sommes d’argent qui allaient être dépensées sans compter au cours de cette aventure.

Et il faut reconnaître que le topo a bien fonctionné. Sans le sou et fauché comme un rat d’église, Eyeghe Ndong n’avait pas un autre choix que celui de se trouver un sponsor.

Un de ses vieux potes d’Atsibe Ntsos lui suggère la piste de Malabo. Eyeghe Ndong y adhère aussitôt. Mais il n’est pas question de se rendre à Malabo où il peut être vu. Il recommande l’extrême discrétion à ses intermédiaires.

Une requête qui tombe plutôt bien puisque El Presidente ne veut pas, lui aussi, encore être accusé de financer l’opposition gabonaise comme en 2009. Malabo et Bata sont donc proscrites.

Il faut trouver un autre endroit. Ce sera finalement Mongomo, le village natal de Niamoro Teodoro, où le silence est encore lourd de sens. Et de conséquence.

C’est le lundi 24 décembre 2012 que Jean Eyeghe Ndong quitte Libreville à bord de son VX. Direction : Oyem. Il passe discrètement la nuit avec une amazone dans un lieu connu du seul Evêque d’Oyem.

En bon chrétien qui se sait faire discret, il évite d’assister à la messe de la nativité de minuit. Encore moins à celle de la Noël le lendemain. Il ne sortira d’ailleurs jamais de sa tanière avec sa tourterelle.

Pour se dégourdir les jambes qui commencent à prendre de l’âge et prendre un bol d’air frais, il sort de temps en temps sur la véranda sous le déguisement d’une violente paire de ray-band. Histoire de ne pas se faire bêtement reconnaître par le premier passant.

Arrive alors le fameux 26 décembre 2012. Une date bien choisie car c’est le jour de récupération de tous les fêtards de la veille. Très tôt, Eyeghe Ndong, au milieu d’un cortège de quatre voitures, prend donc la route de Mongomo.

A peine une heure de piste, la frontière est traversée et quelques dizaines de minutes plus tard, le dernier Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba est enfin à Mongomo.

Il est ensuite introduit dans la demeure présidentielle, où l’attend Niamoro Teodoro. Pour éviter toute incompréhension, l’audience se déroule en « m’a dzo na », c'est-à-dire "je dis hein", en fang.

Après avoir salué, genoux et front contre le sol, Niamoro Obiang Nguema, Eyeghe Ndong décline son arbre généalogique avant de présenter aussitôt l’objet de sa visite.

Aussi, pour le visiteur, Mongomo ne devrait plus compter sur Mba Obame que la maladie, d’après Eyeghe Ndong, a rendu Obalango.

Et Eyeghe Ndong d’insister que ne pas y croire serait verser dans une perte de temps inutile car il faut déjà procéder à la mise en application immédiate d’un plan B.

Lequel consiste à lancer un nouveau cheval dans la course. Et ce nouveau cheval, c’est lui, Jean Eyeghe Ndong, le « dernier Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba et le petit-frère de Léon Mba ».

Passés ces salamecs, il est demandé à Eyeghe Ndong de dérouler sa stratégie.

Et voilà le Grand Clerc de Nkembo d’expliquer doctement que les futures élections locales de 2013 doivent constituer le fer de lancement de la présidentielle de 2016.

Pour Eyeghe Ndong, les choses ne sont pas compliquées puisque si, sous son impulsion politique, financière et avec l’apport des autres forces de l’opposition, il réussit à faire gagner les listes de « (..) pour tous » dans les cinq grandes villes du pays que sont Libreville, Port-Gentil, Oyem, Lambaréné et Mouila, c’est-à-dire la majorité absolue des neuf capitales provinciales, 2016 ne sera qu’une simple formalité.

Pour être tout à fait précis, Eyeghe Ndong affirme qu’il n’est pas tout seul dans cette affaire puisque, d’après ses savantes prévisions, sa chapelle politique est sure et certaine de conquérir les trois grandes villes que sont Libreville, avec lui-même pour tête de file, Oyem avec Vincent Essono Mengue, et Lambaréné, avec Paul-Marie Gondjout, le gendre de son mya mbebè (entendez Mougoye) Myboto.

Quant aux deux autres, Port-Gentil et Mouila, il compte sur Séraphin Ndaot et Pierre-Claver Maganga Moussavou.

En conclusion, Eyeghe Ndong affirme, sans rire, que si les moyens conséquents lui sont fournis, aucune chance que l’affaire ne marche pas.

Et ce ne sera que plus facile en 2016 car un accord politique sera plus aisé à trouver pour aboutir à une candidature unique de l’opposition d’autant plus qu’il sera plus simple de persuader Ndaot de devenir Premier ministre et Maganga Moussavou Vice-Président de la République du futur Président de la République Jean Eyeghe Ndong.

Arrive alors la question essentielle : combien tout cela peut coûter.

Sans rire, Eyeghe Ndong avance le montant de 10 milliards de dôlès non sans préciser qu’il faudra un milliard de dôlès par province parmi les huit autres et 2 milliards de dôlès pour l’Estuaire. Aussi simple que cela.

Comme il fallait s’y attendre et selon nos sources, Niamoro Teodoro aurait alors posé le problème de la contrepartie.

Mais Eyeghe Ndong s’y était déjà préparé et n’hésite pas à donner sa parole que lui Président, il retira le contentieux de l’île Mbanié de la Haye pour revenir à la table des négociations afin de trouver une solution qui arrange Malabo.

Comblé par ce qu’il venait d’entendre, Niamoro Obiang Nguema accède aussitôt à la demande financière d'Eyeghe Ndong. Sans aller jusqu’à affirmer que Jean Eyeghe Ndong a eu la totalité des 10 milliards de dôlès, il est cependant avéré que le dandy de Nkembo n’est pas revenu de Mongomo les mains vides. Bien au contraire.

C’est d’ailleurs avec ce pactole qu’il s’est acquitté de tous les frais de constitution des dossiers de tous les colistiers des listes « (...) pour tous ». De même que c’est avec ce grisbi qu’il a financé la campagne de toutes les listes de sa chapelle.

Avec le résultat que cette fine stratégie a donné, il est facile de comprendre pourquoi Eyeghe Ndong n’a plus depuis lors refait le pèlerinage financier de Mongomo.

C’est que sa conscience ne savait pas trop quel baratin à aller raconter à un vieux soldat comme Obiang Nguema qui ne sait qu'une chose : un homme, une mission et les moyens.

Sans résultat, Eyeghe Ndong a donc a eu la sagesse de s’éclipser.

Mais voilà que vient de tomber cette affaire des 97 milliards de dôlès des fêtes tournantes et qu’il sait qu’il va inévitablement être obligé de rembourser, Eyeghe Ndong s’est soudain souvenu de Mongomo.

C’est ainsi que le 30 octobre dernier, il n’a pas pu résister ( instinct de survie oblige ) à la contrainte de prendre sa plume pour demander à Niamoro Obiang Nguema de lui venir « en aide » afin de lui « permettre de faire face à toutes les exigences liées » à sa « présence continue sur le terrain politique ». Et surtout de ne pas aller en prison…

Quel beau spectacle de voir ceux qui prétendent vouloir diriger ce pays en train d’aller ainsi jouer aux mendiants chez nos voisins. Et proposer à la vente, morceaux par morceaux, notre pays.

Tout simplement pitoyable ! 

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