La « république des maquettes ». L’attrait chez les blogueurs, c’est qu’ils se lancent tel un taureau sur le toréador… Si Gabao est passé à l’ère des maquettes cela indique une nette amélioration.
Le planificateur a repris la main. Il est en mesure d’agencer les idées et de les mettre sur le papier. Nous sommes enfin sortis de la république de l’incertitude qui a donné naissance à des éléphants blancs à travers le territoire.
Souvenezvous de Jean Eyeghe Ndong, dernier PM du Grand camarade, qui n’a rien laissé dans les placards pouvant ressembler à un plan quinquennal. Comme des vautours, les blogueurs se sont emparés de la formule. Mais d’où sort-elle ?
Il s’agit d’une réaction d’un internaute à l’article d’un confrère hébergé sur la toile. Après la visite du CHU d’Angondjé et de l’institut de cancérologie qui le jouxte, notre ami de Gabonreview a pondu son papier.
Le lendemain, il nous fait rigoler avec son verbe affriolant : « Les gars, vous savez ? Quelqu’un a réagi à mon article. Il a écrit “c’est la république des maquettes”… » Compréhensible ! Nous étions sur le terrain.
Ceux qui lisent sur la toile croient être face à un montage. C’est un démenti à la sagesse chinoise : une image vaut mille explications…
Un montage. Heureusement que dans notre genre, qui est la satire ou la raillerie, nous ne balançons pas les maquettes, les photos et les graphiques à tout va. En tout cas, après ce voyage de presse sur les chantiers de l’Emergence nous n’oserons pas le faire.
Nous vous compliquerions la tâche. Celle de comprendre. Du reste, nos excellents confrères ont fait le boulot de la « république des maquettes » ! Chacun sa chacune. On ne peut demander à un aveugle de voir. Ni à un sourd d’entendre. Encore que l’aveugle ici peut avoir ses yeux.
Pourtant, une image vaut mille explications. Pari difficile, presque hors de portée de vous transporter, à votre tour, dans nos hôpitaux, Angondjé, la cité moderne, prête à accueillir 200.000 habitants, nous donne l’exemple.
Idem pour les centrales électriques d’Alenakiri et Grand Poubara (vers Mvengué). Le schéma, en ce qui concerne les hôpitaux publics, est de résorber le déficit en lits pour les malades de la capitale.
CHU d’Angondjé, CHU de Libreville (ex-CHL), CHU d’Owendo, hôpital Jeanne Ebori sont des établissements spécialisés, mais ouverts au public et à toutes les pathologies. L’ex-CHL marque la rupture.
Votre collaborateur qui, gamin, se faisait soigner les plaies par un certain Dr Da Graça Carlos (rentré à Sao Tomé et Principe, il a occupé le poste de PM), s’est cru transporté dans un autre monde devant le bâtiment flambant neuf des services d’urgences.
Seule subsiste la construction sur pilotis jouxtant la maternité et les services d’obstétrique. La deuxième phase verra surgir un bâtiment annexe avec une nouvelle morgue et un incinérateur. Scandale parmi les journalistes ! « Vous allez brûler les cadavres ? » Une plaisanterie plutôt qu’une question !
Je ne résiste pas à l’envie de vous raconter une vieille histoire remontant aux années 70 autour de la morgue vouée à la destruction. Habitant l’avenue de Cointet, pour monter à l’école urbaine des garçons (aujourd’hui caserne de la GR), nous traversions la rue maudite. Elle était (est encore) une antichambre de la morgue. Un cauchemar au quotidien !
Pendant une période, nous nous sommes imposés un détour à cause d’une histoire qui avait défrayé la chronique. Le gardien des lieux, bardé de fétiches, était un adepte de Bacchus.
Cette nuit-là, des accidentés de la route jugés cliniquement morts sont entreposés à même le sol du local qui ne disposait pas d’un système de congélation.
A minuit passé, le gardien prend brusquement ses jambes à son cou en direction de Petit-Paris Massango, son quartier situé à quelques kilomètres du CHL. On ne le revit plus jamais. Que s’est-il passé ?
Parmi les corps accidentés, l’un a repris connaissance. S’être réveillé au milieu des cadavres lui a provoqué un choc. Mettez-vous à sa place !
En vociférant, il a bondi vers la porte tout recouvert d’un drap blanc, non sans passer sur lui. Pour le watch, le doute n’est pas permis. Cette apparition est celle d’une créature venue mettre fin à sa vie !
Ses fétiches ne l’ayant pas protégé, il risquait la mort. Malheureusement, en courant comme il n’avait jamais couru, cette forme blanche ne le lâchait pas…
A Poubara, nous sommes au pied de la plus grande centrale hydroélectrique en construction dans le pays. L’année prochaine, avec la livraison de la première phase de l’ouvrage, nous avons à disposition, au Grand Poubara, une puissance de 160 mégawatts d’électricité.
La deuxième phase la portera à 280 mégawatts. Détail (voir ci-contre) : cette quantité d’énergie thermique est l’équivalent de tout le dispositif existant à ce jour au Gabon, à savoir les barrages de Kinguélé (la Mbei, 1972), Poubara I et II (Ogooué, 1975 et 1983) et Tchimbélé (la Mbei, 1980), soit 168 mégawatts.
Avec la centrale thermique d’Alenakiri qui n’attend que le top pour démarrer, nous avons sous la main 70 mégawatts. Prioritairement, la centrale alimentera les entreprises qui vont s’installer dans la Zone économique spéciale de Nkok.
Les perspectives ne sont-elles pas moins pessimistes qu’on persiste à vouloir le faire croire ? Certes le processus est long ! Cependant, le peu que nous avons pu voir ouvre des perspectives indéniables.
N’oublions pas que le terme fang « alenakiri » (la pointe de l’aube) sonne comme un hymne !
Restons à Grand Poubara. A notre arrivée sur le chantier, la cheminée d’équilibre (elle permet de réguler le débit d’eau en cas de rupture de fourniture) a fasciné le parterre de journalistes (une quarantaine d’organes).
Nous nous sommes fait taquins en posant cette question à un confrère : « Dis-moi, qu’est-ce qu’il bouffe, le bonhomme qui est chargé de faire tourner la grue située au-dessus de l’ouvrage ? » Réponse du journaliste : « Des conserves, du riz, des légumes… » Heureusement !
Nous avons cru que seul un dragon crachant du feu pouvait monter si haut… Le linge sale se lave en famille. Samedi, dernier rendez-vous au Ré-Ndama pour faire la mise au point et partager un buffet. Patatras ! Un jeune confrère réchauffe un incident survenu entre lui et un « grand frère ».
Au cours de la réunion, il réitère sa position annoncée à la ZES de Nkok. Le grand frère, séance tenante, transformé en frère grand, a fait calmement la genèse de l’incident en insistant sur un détail : « J’ai demandé, à six reprises, des excuses au petit frère. Il a refusé. »
Pas tant que ça puisque la tradition bantu a prévalu. Le petit est allé serrer la patte au grand. La salle a applaudi. Mais cela, mesdames et messieurs, n’a rien à voir avec l’Emergence !