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Billet de blog 12 novembre 2019

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Les dits du vent

Véridique Récit de Voyage. Un soir. Les marées de la parole. Le silence

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Les Dits du Vent

Il fait un vent de calabre, de mât de misaine,

un esprit qui souffle là où on ne l’écoute.

Les autres (toujours) sont allés se coucher

fatigués

les uns des autres et d’eux-mêmes sûrement

Nous arrivons au point limite (mais toujours latent)

où nous ne trouvons (plus) rien à nous dire

où chaque histoire tourne à vide sur elle-même et

se complaît en ses habitudes

indépassables

ornières de la langue, de la pensée

curiosités abolies en silence

C’est ce qui guette au bout de la vacance

se retrouver face à soi

et ou se dire ou se taire

Finalement, se taire

et se terrer.

Ne pas se rencontrer,

ne pas chercher à savoir

au-delà

en-deçà

de l’indicible

vivre, ce n’est rien de tout ça,

de ces gestes mécaniques

qui font la prison

de l’ennui des jours

Il faudrait des fracas

pour réveiller les morts en nous

faute de se susurrer

la douceur

des histoires de soi

les mystères

ce qu’on ne sait pas dire

et qu’on dit, dans le demi-secret de la pénombre

l’insolite de soi qu’on découvre au fur et à mesure qu’on le dit

Ne m’entravez ni d’ordres ni de règles

ni de raison déraisonnable

ni d’injonction à la décence

à la retenue chiche et pingre du dire de soi

Que se débonde la parole trop tue

qui fait les bouches pincées en cul de poule

et le verbe trop casanier et avare de substance

la parole est de sperme autant que de sang qui bout

de chair qui bat comme un volet au vent

sur le mur de la chair désirée

des corps frôlés maintenus hors d’atteinte :

Nous avons à connaître.

Ce qui ne nous regarde pas

qui nous épie en coin

nous hume à distance plutôt que

nous flairer à pleine peau

au cœur des replis mystérieux

Nous restons aux abords de l’abîme

interdits

affublés de haillons prétentieux et misérables

et se tarit la parole

de l’un à l’autre

si elle cèle le secret la parole se vide

de sa substance de désir

il ne reste que des mots occasionnels de circonstance

différés,

remis à jamais

la fièvre les gonfle et les éteint

si on n’est pas prêt à tout dire

on ne dit rien

que du sur mesure

l’ennui

et chacun part seul se coucher

en vain.

Et la vie répète son silence

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