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écriture politique. Je cherche un éditeur (que je ne trouverai sans doute pas) pour 'Les "grands médias" au pas cadencé", mon dernier manuscrit/enquête

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Billet de blog 4 janvier 2015

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Querelles inutiles et dérisoires (il fallait s’y attendre)

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Réflexions relatives à l’article de M. Plenel « L’idéologie meurtrière » promue par M. Zemmour »

Comme de juste, après Sylvain Bourmeau, courageux éclaireur au galop plus ou moins léger harcelant le camp de l’injuste et ignoble Houellebecq, voici la grosse artillerie pointée sur M. Zemmour par M. Plenel qui vient d’entrer en scène avec fracas. Ces problématiques plurielles racisme/antisémitisme/exclusion paraissent avoir pour ce dernier une pertinence suffisante qui l’amène à se risquer à mener la glorieuse lutte contre le mal, et à sabrer le tout venant qui viole le cadre sacré du respect de l’autre et de l’anti-racisme.

Qui pourrait lui donner tort, au moins sur le plan symbolique ?

Les ravages passés du racisme, de l’antisémitisme, etc…, tout cela est prouvé, condamnable et fort bien fait pour alimenter de savantes interventions nourries de faits et d’éléments irréfutables, (bien que parfois malheureusement contestés), ce qu’un journaliste chevronné comme M. Plenel sait faire à la perfection et ce à quoi tout un chacun peut souscrire.

Mais, me semble-t-il, il convient, tout en condamnant des propos dangereux, de mesurer sur quel terreau ils naissent et prolifèrent.

Traiter de tels phénomènes idéologiques, le racisme et l’exclusion en l’occurrence, comme des catastrophes naturelles nées de nulle part et susceptibles de submerger les consciences comme un raz de marée a-t-il un sens ?

Peut-on rester dans le monde des idées quand la maison brûle ?

Un intellectuel, fût-il journaliste, ou bien du fait qu’il est journaliste, a-t-il le droit de jeter les foudres de son indignation depuis son (confortable) Aventin ? Que d’énergie gaspillée. Quel nouvel outrage à la pensée politique dont l’absence accable notablement nos gouvernants actuels !

Pour reprendre les termes de M. Plenel : « Antisémitisme et haine du métissage sont, en ce sens, potentiellement, des machines de mort similaires : l’antisémitisme moderne, c’est la haine de l’autre parmi nous, de l’autre comme nous, de l’autre qui nous ressemble, de l’autre qui est fait comme nous, de l’autre qui s’est infiltré, glissé, installé, bref de l’autre en nous, de l’autre qui est nous ». Certes. Mais d’où naît cette altérité, ou ce sentiment d’une différence perçue comme telle ?

Quand on se promène dans certains quartiers de Marseille (ou d’autres grandes villes), l’  « autre », certes est fait comme nous, mais il ne nous ressemble pas obligatoirement.

Il ne s’est ni infiltré, ni glissé, il est là le plus souvent très officiellement, mais il n’est pas nous.

Hors des passions partisanes, loin des propos démagogiques, le différentiel culturel est un bien plus grand obstacle à la compréhension mutuelle que la couleur de la peau. Or, nous avons accueilli et nous accueillons des gens souvent porteurs d’une culture vivante, fière, différente, qu’il est aventuré de comparer à d’anciennes vagues d’immigration de souche européenne. Dire cela n’est pas faire preuve de racisme, c’est reconnaître un fait, si fort qu’il alimente le vote FN sans que les médias n’y mettent leur grain. Il serait d’ailleurs bon de différencier l’immigration, et son proche cousin dont nul ne parle plus, le regroupement familial.

Le réel, M. Plenel, est plus fort que les discours fussent-ils les mieux ficelés.

M. Zemmour dit des choses que ses lecteurs veulent entendre. Sont-ils tous idiots, débiles, « fachos » ? De quel droit condamner tant de gens qui sont fatigués par leurs conditions de vie et par toutes les contrariétés qu’ils doivent endurer loin des beaux quartiers ?

Pourquoi balayer un ras-le-bol puissant au nom de principes incompréhensibles sur le terrain ? Quel est ce nouvel art professoral qui donnerait à certains, dont vous, le privilège de juger ce qui est bon et ce qui est mauvais pour ceux dont vous ne partagez pas les conditions d’existence et les difficultés ?

Pour évoquer M. Finkielkraut, qui n’a pas l’heur de vous plaire, il suffit pourtant d’ouvrir les yeux pour voir que la société française ne « colle pas » avec l’idée que l’on se fait d’un ensemble régi peu ou prou par des règles communes globalement et tacitement admises dès lors que l’on se risque à sortie des aires urbaines privilégiées.

Ce reproche d’  « intellectualisme » et de « bienpensance » qui peut vous être fait cadre par ailleurs mal avec votre stratégie éditoriale au Monde (période que vous évoquez et que, en conséquence, j’évoque moi-même) du temps où MM. Israelewitch et Le Boucher oeuvrait dans vos colonnes à la promotion du néolibéralisme que vous pourfendez à présent. Ce néolibéralisme n’est-il pour rien dans la diffusion massive des idées que vous condamnez ?

N’y avez-vous pas une part de responsabilité ? Vous avez contribué à promouvoir cette société dégueulasse, et depuis votre nouveau positionnement, vous en condamnez les conséquences comme si vous tombiez de la dernière pluie. Est-ce sérieux ?

M. Zemmour vend beaucoup de livres. Les gens l’achètent pour y trouver un écho à leurs souffrances et la traduction d’une réalité difficile qu’ils assument tous les jours. Tous vos discours n’y pourront rien. M. Camus dit ce qu’il veut, et ce n’est pas toujours pertinent. Si son discours porte, c’est que les conditions objectives pour son épanouissement sont apparemment réunies. M. Camus a sans doute tort. Mais comment prospèrerait-il sans un contexte favorable ?

Ne serait-il pas temps de cesser de dénoncer la lueur de l’incendie et de s’attaquer à ses racines ? C’est ce que vous ne savez apparemment pas faire, et c’est bien dommage pour nous tous. Vanter la culture sans territoire et le métissage est légitime, surtout quand on est soi-même enraciné dans un monde idéologique et culturel solide et légitimant.

Raconter cela à ceux qui n’ont pas votre trésor identitaire est une pure honte. Cela traduit un mépris des autres absolu, parfaitement travesti par l’affirmation d’idées généreuse et non pertinentes.

Je redoute fort que Médiapart ne se lance dans une croisade droitdelhommiste à la faveur des prochaines échéances électorales, délaissant les problèmes essentiels que sont les politiques d’austérité, le recul des droits sociaux et l’atlantisme européen. Ce serait là une tragique erreur, avec ou sans les succès éditoriaux de M. Zemmour. Un symptôme, M. Zemmour, et non une cause.

Vous avez lancé sur Médiapart la chasse au Zemmour, à l’Houellebecq, n’oubliez pas l’Onfray, et vous récolterez la vulgarisation des idées que vous condamnez.

Ces gens, sur la durée, valent-ils moins que vous, ancien patron du Monde ? A chacun de juger. Mais que tout cela sent mauvais !

Cordialement.

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