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écriture politique. Je cherche un éditeur (que je ne trouverai sans doute pas) pour 'Les "grands médias" au pas cadencé", mon dernier manuscrit/enquête

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Billet de blog 10 novembre 2016

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Drame dans la médiasphère : c'est Trump qui a gagné !

Peur du déclassement chez les élites atlantistes ? Les néolibéraux en pleine lumière

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nul ne prétendra que nos « grands médias » n'ont pas eu dans la course à la Maison Blanche une favorite, Mme Clinton, et face à elle une tête de Turc, M. Trump (que M. Erdogan me pardonne!).

Tout était pourtant bien boulonné : la vassalisation au fric, la main mise idéologique et financière sur les grands organes de presse, en France comme aux États Unis (et en Allemagne, et en Grande Bretagne, et...), la fabrication d'une information à sens unique, c'est à dire d'une propagande, allait son train sans autre souci qu'une résistance agaçante de certains sites internet objet d'un mépris aristocratique sans mesure de la part des « grands professionnels ».

Quel grand média a soutenu la candidature Trump ?

Lire par exemple Le Monde, c'était partager les fondamentaux de Mme Clinton, qui sont ceux de l'establishment US et donc du nôtre. Et donc ceux du Monde (et de Libé, et de l'Obs etc...). Et se voir proposer de partager ce mépris dérisoire pour le Net, alors même que l'existence de Wikileaks pouvait permettre à tout le moins une certaine prudence dans la formulation de jugements condescendants. Ainsi va la morgue de quelques petits marquis du landernau parisien qui n'avaient pas prévu (entre autres réalités) le poids des révélation du site de M. Assange dans la défaite de Mme Clinton.

Comme nul en dehors de quelques sites du Net, ne nous a dit que M. Trump a un vrai programme, et que la majorité des américains qui le portent à la présidence ne sont pas uniquement des imbéciles et des arriérés, ainsi qu'on nous l'a fait entendre pour les partisans du Brexit, la victoire du candidat républicain surprend nombre de nos concitoyens pour qui, lisant les grands médias et regardant la télé, seule Mme Clinton était susceptible de gagner. Et ce pour le plus grand bien de « tout le monde », cette dernière s'étant bien entendu signalée tout au long de sa carrière par une honnêteté, un altruisme et une humanité exceptionnels.

Comme nul n'a véritablement mis sur la table les révélations de Wikileaks à propos de Mme Clinton, cette dernière est restée pour beaucoup l'ange rédempteur que M. Obama, l'un des plus dangereux présidents des Etats unis présenté lui-même comme un parangon de vertus, congratulait en public.

Et patatras ! Trump a tiré le tapis sous les pieds de ses adversaires aux Etats Unis et des (très nombreux) vassaux de ces derniers en Europe.

Angoisse existentielle

Sauf que le problème est épineux : ces vassaux représentent aujourd'hui une part non négligeable de ce qu'il est convenu de nommer les élites, hommes politiques, d'affaires, journalistes « de haute volée », classes supérieures bénéficiaires de la mondialisation, etc... et, hélas, doivent être associés à un nombre important de citoyens dupés par une presse aux ordres.

Mais à présent, aux ordres de qui ?

Le drame des bien pensants s'est donc noué autour d'un problème simple : ces bénéficiaires de toutes les déréglementations, de tous les abandons nationaux, de toutes les démagogies, dont la patrie est la planète entière, qui font semblant de combattre l'extrême droite en créant les conditions sociales sociétales et économiques de son ascension, voient leurs beaux jours prendre fin. En tout cas ils le craignent.

Adieu les places, les revenus confortables, les dîners en villes ?

Mettons-nous sans rire à la place des journalistes qui ont fait leur nom en s'acoquinant avec le fric, le pouvoir, leurs représentants, les instances atlantistes et ses dérives guerrières : ils peuvent à bon droit s'interroger sur l'avenir, même si M. Trump n'a rien d'un fervent révolutionnaire.

Mais leurs prébendes sont liées à la poursuite de la mondialisation, à l'accroissement du libre échange, à la mise en pièce des droits sociaux partout dans le monde, à la concentration des richesses entre un nombre de main toujours plus restreint. Et M. Trump crache dans la soupe !

Il est vrai que s'être vendus corps et âmes au néolibéralisme ne rapporterait plus rien si M. Trump tient quelques un de ses engagements du genre « América first », fin du libre échange, prise en compte des laissés pour compte de la mondialisation et on en passe.

Et les « pro » de la russophobie, dans l'hypothèse folle où les Etats Unis se rapprocheraient de la Russie après avoir tenté (avec succès) de nous servir une nouvelle guerre froide grâce à M. Obama se retrouveraient sans emploi ?

Que deviendraient Marie Mendras ? Que vaudrait la russophobie de M. Bonnet si elle n'est plus idéologiquement cornaquée par le parrain de Washington, qui à présent paraît ne plus en vouloir ? Que vont raconter tous les experts patentés qui nous conduisent à la troisième guerre mondiale sans sourciller, par manque de réflexion, par sottise, par intérêt personnel, par opportunisme professionnels, par panurgisme ?

Tous ces gens sont des acteurs costumés en pleine représentation auxquels qu'on vient de priver du décor et qui pour beaucoup sont rendus publiquement à leur contingence imparfaite d'agents d'influence, qu'ils en soient conscients ou pas.

On sait bien qu'une idéologie, une fois infusée, grandit de son propre chef et fait des émules même quand les causes de sa naissance disparaissent. Et de toute évidence, cette règle paraît trop souvent valoir chez ceux-là même, les journalistes, qui, en principe, devraient nous prémunir contre les faux semblants et la désinformation.

Une chose est certaine. Après avoir écouté les Matins de France Culture ce mercredi 9 novembre en direct des Etats unis, qui réunissaient uniquement des partisans de Mme Clinton, (M. Erner, patron des Matins, avait-il malencontreusement parié sur le succès de Mme Clinton?), il apparaît qu'aux Etats Unis comme en France, la mauvaise foi et la sottise de certains experts est sans borne, l'une des convives accusant M. Trump de ne pas exister et de... s'exprimer mal, à la manière du bas peuple si l'on comprend bien.

M. Trump veut la paix, voilà qui pour l'heure suffit. A ce seul titre, cette élection est la bienvenue. Contre un tel argument, tous les autres ne pèsent rien.

Il est donc temps de compter nos néolibéraux, qu'ils se réclament de la gauche ou pas, et de prendre la mesure des idéologies factices qui ont transformé depuis au moins 2003 un brigandage impérialiste en croisade pour les droits de la l'homme et la démocratie. Et de reconnaître les vecteurs médiatiques de ces stratégies criminelles. Pourvu que MdP (qui a parlé de l'élection Trump en passant consciencieusement à côté du sujet) n'en soit pas...

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