pucciarellialain

écriture politique. Je cherche un éditeur (que je ne trouverai sans doute pas) pour 'Les "grands médias" au pas cadencé", mon dernier manuscrit/enquête

Abonné·e de Mediapart

67 Billets

0 Édition

Billet de blog 10 décembre 2015

pucciarellialain

écriture politique. Je cherche un éditeur (que je ne trouverai sans doute pas) pour 'Les "grands médias" au pas cadencé", mon dernier manuscrit/enquête

Abonné·e de Mediapart

1er tour des régionales : sans surprise, le FN a fait un carton. Et l'enfumage continue

Il est des moments de « grâce » qui éclairent la vérité des uns et des autres. La France est en crise, et pas depuis le 7 décembre 2015. Les causes en sont pour certaines reconnues, pour d'autres discutées, ce qui, on va le voir, est hélas beaucoup dire.

pucciarellialain

écriture politique. Je cherche un éditeur (que je ne trouverai sans doute pas) pour 'Les "grands médias" au pas cadencé", mon dernier manuscrit/enquête

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les responsables de cette faillite ont pignon sur rue, on les voit souvent à la télé et dans les médias. Ils font semblant d'être effrayés par les succès programmés du FN. Ils se jouent de nous. La grande presse également.

Crise économique, chômage, fracture sociale, sociétale, Euro, intégration européenne et austérité, atlantisme absolu et guerres extérieures qui lui sont liées, toutes politiques menées par « droite et gauche de gouvernement » confondues, accroissent en effet inquiétudes et mécontentements depuis bien des années. Quand le pays s'exprime par le vote, le chef de l'Etat de service lui tourne le dos (M. Sarkozy et le traité de Lisbonne) avec la complicité de ses « opposants » socialistes. Quand M. Hollande se fait élire sur un programme « anti finance » pour devenir, aussitôt élu, le bras armé des oligarchies financières, peu de médias crient au scandale et chacun intègre courtoisement l'immoralité civique qui consiste à tromper cyniquement et sans état d'âme les électeurs (lire l'ouvrage de Laurent Mauduit « L'étrange capitulation »). Urgence première pour ces responsables politiques indignes de leurs fonctions, et ceux qui les aident à mettre en œuvre leurs politiques : surtout, poursuivre la même stratégie oligarchique favorable aux nantis quelle que soit la couleur de l'équipe politique en responsabilit

En outre, et le 13 novembre est une tragédie aux conséquences sociales et politiques encore incalculables, il est quasiment interdit de s'interroger sur le sens des politiques d'immigration menées depuis au moins une trentaine d'années, sur les rapports réels de nombre de Musulmans (essentiellement ceux qui sont « mal intégrés » à notre société) aux démons si dynamiques de leur religion. Il est très difficile également de s'interroger sur le sens de l'  « accueil des autres » en l'absence d'emplois disponibles, que ce soit via les canaux habituels d'immigration, comme le regroupement familial, ou face à l'afflux de « migrants-réfugiés » qui plongent aujourd'hui l'UE dans une crise qui pourrait bien l'emporter. Tout cela et bien d'autres faits accomplis sans que les gouvernants n'aient demandé l'avis des citoyens, au nom de l'  « ouverture », du « mélange » de la « créolisation », concepts certes intéressants, dont nul n'explique vraiment le bien fondé, mais qui malheureusement occupent trop souvent le devant de la scène quand le premier souci des Français paraît être très banalement le chômage : un sondage IPSOS du 7 décembre, dit de sortie des urnes, pointe en effet la rationalité étonnante de nos concitoyens interrogés, qui ne perdent pas de vue un élément clé de leur existence et de celle de leurs enfants, le travail.

Ces malheureux manquent forcément de hauteur de vue, et pensent en premier lieu à leur « gamelle », ce qui évidemment est une vulgarité, et une absence de tact dans le monde des grands sentiments et de la générosité hors sol qui tente de nous submerger au quotidien, et, notamment, dans le billet vidéo de M. Plenel, « Nous sommes requis », (Médiapart, daté du 6 décembre), qui pourtant commençait sur un ton et sur des thèmes vertueux.

Primus inter pares dans ce genre d'exercice, M. Plenel se réfère parmi d'autres commentateurs moins talentueux que lui, aux « années noires » du XXe siècle, très tendances chez les grandes âmes, antienne sans doute parfaitement inadaptée à notre Europe bruxellisée et austéritaire, fliquée par l'informatique kakie et la nuée des services secrets occidentaux (hélas encore perfectibles en ce qui concerne le terrorisme islamique). Ne doutons pas qu'avec les politiques antisociales menées depuis 1983 en France, un vrai danger fasciste nous aurait déjà emportés. A force de brandir le FN, et souvent comme la résurgence actuelle des années trente, on n'a pas la « bête immonde », mais... le FN, parti tribunicien et poujadiste qui a certes bien des défauts, qui a parfois véhiculé des relents de racisme, mais dont le discours a au moins aussi le mérite de populariser des thèmes trop longtemps mis sous le boisseau, tels la souveraineté nationale, l'indépendance de la France, sa sécurité, l'emploi, etc... Présenter ses victoires électorales comme le surgissement d'un désastre moral et politique sans mesure relève de l'imposture. Aujourd'hui, les imposteurs sont légions dans les médias et sur les tréteaux politiciens. (Le FN aura à faire ses preuves à ce titre aussi...)

Pourquoi les autres « grands partis » ont-ils laissé ces thèmes au seul FN ? Fallait-il « diaboliser» des problématiques pourtant essentielles ? Et doit-on, parce que, seul parmi les partis audibles, le FN les porte, les enterrer avec lui, en pratiquant par exemple l'amalgame « souverainisme-FN-xénophobie » ?

Le « droitdelhommisme » et le moralisme culpabilisateur sont une manipulation

Ce n'était certes qu'un sondage, à prendre donc avec beaucoup de précautions. Certains de nos concitoyens ont donc listé par ordre d'importance ce qui leur tient à cœur pour IPSOS:

  1. Le Chômage

  2. La Sécurité

  3. La Délinquance

  4. L’Immigration

1-Le chômage, nul grand média n'en parle vraiment au moment de la COP21 alors que le mois d'octobre est « excellemment » calamiteux en la matière. Peu en parlaient avant la tragédie du 13 novembre sinon pour énoncer des calembredaines technocratiques sans fondement. Mme la (nouvelle) ministre du travail ne donne pas l'impression de maîtriser le sujet, mais pas plus que son prédécesseur, ou que le Chef de l'Etat, ou que son Premier ministre. Quand les droits de l'homme ne concernent apparemment pas le droit au travail, et que la France est « macronisée », à savoir prise directement en main par les pouvoirs financiers, on se doute bien que le travail, seule variable d'ajustement avec les salaires à l'heure de l'Euro, est voué à une maltraitance prolongée et inavouable. Le chômage massif qui pèse à la baisse sur les revenus des salariés est un outil habituel de la gestion libérale et néolibérale du monde économique. En outre, même la COP21 a fait appel à de la main d'oeuvre « mieux disante » en provenance de l'Est de l'Europe : soyons donc rassurés : la morale et la vertu civique sont au rendez-vous du souci écologique.

2-La sécurité est évidemment à l'ordre du jour. Bien avant le 13 novembre, elle était un sujet à part entière, particulièrement sensible et vecteur parfait pour les idées xénophobes. En dehors des assassinats insupportables liés à la barbarie islamiste, souvenons-nous de Ilan Halimi, emblématique de ses frères et sœurs assassinés après lui sans façon, qu'a fait l'Etat néolibéral face au chômage (insécurité sociale), à la délinquance galopante dans certaines aires françaises (dont M. Sarkozy et Valls ont en leur temps de Ministre de l'Intérieur, fait leur miel dans leurs discours de sous préfecture), face à la multiplication des « territoires perdus de la République » ? Il a réduit les moyens de la police, de la gendarmerie et de la Justice au nom des « grands équilibres » comptables. Ce qui a conduit beaucoup de nos concitoyens à juxtaposer souvent des indignations et des craintes spécifiques et ce qui a suscité un sentiment d'abandon, propice au sauve-qui-peut. Les mesurettes annoncées récemment (recrutement de soldats, de gendarmes et de policiers) ne nous permettront pas de rattraper des années d'insouciance criminelle. Quelle est par ailleurs l'utilité de la « loi sécurité » qui restreint de manière alarmante les libertés individuelles, sans empêcher les assassins de frapper, et de se promener comme bon leur semble entre la Syrie et l'Europe jusqu'à Paris ?

La puissance publique a failli. Les partis politiques principaux aussi. Comment reprocher aux électeurs du FN de se raccrocher à ce qui leur apparaît, sans doute à tort, comme la seule planche de salut ?

3-La délinquance donc. Réelle là, fantasmée là-bas, elle est un fait idéologique, et donc politique pour la plupart de nos concitoyens, qu'ils en soient directement victimes ou pas. Elle est donc un sujet à part entière pour les pouvoirs publics. Faire de la politique, c'est aussi assurer une rationalité minimum dans le débat public, par la prise en compte de l'opinion et de ses exigences, lorsque ces dernières sont fondées, et lorsqu'elle peuvent ne pas l'être. Cela s'appelle gouverner. Le déni systématique face à l'inquiétude d'un nombre grandissant de Français nourrit aussi le vote FN. Il est parallèlement avéré que la crise économique et sociale aggrave très largement ce type de problèmes. Nos personnels politiques donnent l'impression puissante, entre deux coups de gueule, de se contenter de regarder passer les trains. Et même cela, ils le font sans talent.

4-L'immigration enfin. Fait avant tout politique, voulu par l'Etat et le monde économique dans les années soixante du XXe siècle, elle a produit en trente ou quarante ans le « fait musulman » en France qui n'existait pas avec cette prégnance, avant, dans notre pays. Au nom de quoi serait-il interdit d'en parler, d'avoir une opinion, d'être d'accord ou pas avec ce qui s'est fait et continue à se faire, et pourquoi tomber sous l'accusation de racisme quand on veut traiter de cela dans une optique politique, et non pas morale, cette morale indigeste et paternaliste qui est devenue la marque obligée des bonnes consciences, souvent journalistes, travestis en insupportables directeurs de conscience ? Pourquoi, au nom de l'égalité, un principe, faire de manière égalitariste des correspondances idéologiques fermées, interdisant très concrètement tout jugement sur l'autre, sa culture, son mode de vie, au motif que relever les différences et porter un avis sur ces différences seraient se mettre dans la peau d'un xénophobe ? Comment vivre en société quand une partie de nos concitoyens, qui n'en demandent pas tant, deviennent aux yeux des « leaders d'opinion » intouchables, sans que les vrais motifs de ce regard néocolonialiste, qui fait de tant d'autres des inférieurs et des Français de seconde zone, ne soient jamais dévoilés ? Ces motifs seraient-ils inavouables, une fois qu'on l'on convient de la scélératesse des idées racistes et de leur impact meurtrier ? A ce titre, comment empêcher les gens de constater que seuls des Musulmans français ont pour l'instant tué leurs concitoyens au nom de leur religion ?

« Etre requis », soit, mais pour quelle cause ?

Revenons aux déclarations de M. Plenel. « Requérir » véhicule à la fois une urgence, et une contrainte, qu'elle soit hiérarchique ou morale. Au nom de quoi entendre cet appel, bien tourné, dans un tel contexte ? Faut-il se mobiliser pour permettre la réélection de politiques qui poursuivront imperturbablement leur sale boulot, qui a aujourd'hui les résultats électoraux que nous voyons ?

Comment en effet faire barrage au FN si ceux qui ont permis, voire encouragé, sa montée en puissance n'exprime publiquement aucune critique de leur action politique, se contentant d'appeler à se dresser contre le « monstre » qu'ils ont créé de toute pièce en toute connaissance de cause? S'abstenir de la moindre autocritique revient à inventer une fable politique qui verrait le bien, à savoir l'establishment qui nous a menés au désastre, combattu par le mal, associant les vilains frontistes et les stupides électeurs qui ont voté pour lui. Tenir un tel discours autorise ceux qui l'entendent à soupçonner son auteur ou ses interprètes de les compter pour des sots. Or, le sondage IPSOS est plutôt rassurant sur ce sujet. 

Le FN, condamné presque unanimement par les médias « mainstreams » (qui ont appuyé et appuient toutes les politiques qui nous ont menés où nous en sommes) et par les personnels politiques « raisonnables », n'a jamais été privé de plateaux télé ou de « une » assassines (ou pas) qui faisait l'ordinaire du débat politique depuis des mois. Il prend enfin l'allure de ce à quoi tant de conspirateurs du café du commerce, apparemment nombreux dans des officines de conseil diverses et variées, aspiraient. Il est devenu, à l'occasion du scrutin régional, le premier parti de France. Merci les médias ! L'écologie mondialisée, la lutte contre le terrorisme, (quoi qu'on pense par ailleurs de ces deux monstrueuses mises en scène médiatiques), c'était du sérieux. Sauf que le quotidien de nos concitoyens est aussi, et surtout en pleine crise, un souci majeur pour le pays et ceux qui y vivent, sans être contradictoire avec les deux urgences précédentes. Et voilà donc que faisant fi des discours de nos politiques, des analyses de nos experts, et des prédications eschatologiques nous promettant l'Enfer du totalitarisme et du racisme en cas de victoire du FN, les électeurs ont fait massivement un choix pas si nouveau, qui traîne dans le paysage politique depuis des décennies. Si le FN représente un tel danger, pourquoi ne l'avoir pas interdit ? On sent bien encore la manipulation.

Les électeurs ont mis le turbo à l'aventure FN, ce qui est sans doute regrettable, mais apparemment souvent avec des préoccupations raisonnables, légitimes. De toute évidence, le racisme n'était pas le motif principal de leur choix. Etait-il moins aventuré de voter pour MM. Sarkozy et Hollande quand cela fut le cas? Leurs bilans respectifs parlent pour eux.

Le FN ? Manipulateur et manipulé 

Considérer que le FN manipule ses électeurs est sans doute vrai, mais il le fait ni plus ni moins que ses adversaires. Il est manipulé depuis des décennies pour être ce que précisément il est devenu. Etait-ce dans cette perspective de désastre général ? Nos gouvernants successifs depuis les années 80 ont construit de toute pièce en France la problématique des droits de l'homme comme idéologie centrale de leur pouvoir. Ils ont ainsi masqué l'essentiel et ont attaqué brutalement l'  « état social » et avec lui la dignité des salariés, en niant au passage les droits démocratiques, dans le cadre technocratique de l'UE. Comment accepter aujourd'hui que ces droits de l'homme à la sauce atlantiste fassent l'impasse sur l'emploi, les revenus, la paupérisation en France (et pas seulement), et la misère imposée en notre nom à la Grèce, les guerres pratiquées à grande échelle dans le monde toujours en notre nom ? On invoque l'environnement européen ou mondialisé comme un obstacle ou un garde fou quand il s'agit de faire une vraie politique de gauche, souverainiste, économiquement autonome etc... Dans le cas d'une victoire du FN aux régionales, victoire qui serait partielle, veut-on nous faire croire que la France est foutue ? On se moque du monde. Dans le cas d'une éventuelle victoire FN à la présidentielle, on peut penser que rien de fondamental ne changera. Les clientèles s'ouvriront à de nouveaux convives chassant pour partie certains d'entre eux qui marigotent paisiblement à l'ombre des fausses alternances. A ce titre, si le FN voulait vraiment la sortie de l'Euro, et l'indépendance de la France, il aurait inclus dans son programme l'usage de l'  « article 50 » du traité sur l'Union européenne, pour l'heure seul moyen légal d'abandonner la « monnaie unique » et l'UE. Ce qu'il n'a pas fait. En dehors de l'article 50, aucun mécanisme spécifique n'est prévu pour quitter l'Euro, que ses concepteurs, très clairvoyants (!) considéraient donc comme irréversible.

Si nos belles âmes ont si peur de Mamie le Pen, qu'elles commencent par exiger des politiques qui servent l'intérêt national, et non les banques et la modernité à la sauce anglo saxonne. Sinon, répandre la peur du FN est une manœuvre comme une autre, destinée à pérenniser le pouvoir de ceux qui le détiennent déjà, et qui ont vassalisé nos personnels politiques et nos médias. Le piètre Tsipras a été écrabouillé pour avoir voulu négocier avec l'UE, et n'avoir pas usé des termes du traité pour quitter l'Euro et l'UE quitte à négocier ensuite pour y rentrer. 

Mais après tout, certains ont vraiment cru que M. Hollande était l'ennemi de la finance. Pourquoi pas faire du FN un tigre de papier le temps que la crise se tasse (se tassera-t-elle ?) sans mettre en cause nos vrais patrons, les nantis ? En outre, si Mme Le Pen gagnait la présidentielle en 2017, les socialistes, ces grands démocrates, lui laisseraient un Etat doté de tous les outils de l'autoritarisme. Pour l'heure, quels que soient les résultats du second tour des régionales, on a le triste choix entre les « partis de gouvernement » qui s'affirment comme les ennemis acharnés de nos libertés individuelles et des « aventuristes » vassalisés en politique extérieure, et un FN que l'on peut accuser de tout, sauf d'être responsable de l'état actuel du pays. Nombre d'abstentionnistes l'ont sans doute compris. Le feuilleton continue. On a le droit de ne pas se sentir concerné.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.