Manipulations
Premier constat : la puissance des « grands médias » est pleinement illustrée
Pour ce qui est des médias « populaires », écrits, radiodiffusés, télévisuels, voire numériques, ne parlons plus dans de très nombreux cas d'information, mais de communication. Dans notre monde saturé par ces vecteurs d' « infos » souvent en temps réel, ou des nouvelles tournent en boucle sans que l'on sache toujours quelles en sont les sources, on est en droit de considérer que la croissance continue du FN en termes d'influences idéologique et électorale est le fruit de deux facteurs complémentaires.
Le premier est bien entendu l'autisme des pouvoirs en place, avec la poursuite des politiques antisociales, de la désindustrialisation, le chômage galopant, l'austérité éternelle, l'explosion des inégalités, les flux migratoires niés en haut lieu comme un problème et soutenus par l'establishment comme une chance, le tout s'accompagnant du discrédit massif des personnels politiques qui ont perdu leur légitimité première, celle de la franchise de leur engagement et de la rigueur morale qui aurait dû nourrir leurs actions. Félicitons à ce titre MM. Sarkozy et Hollande pour leurs brillantes prestations. Ces gens passent à présent pour des ambitieux opportunistes sans scrupules et sans talents, au service des milieux économiques et financiers internationaux.
Les « politiques de classe » menées au pas de charge sont génératrices de mécontentements réels, que nul « parti de gouvernement » ne prend en compte, et pour cause, chacun à son tour les mettant en oeuvre.
Les électeurs régulièrement trahis dans leur vote par tant de nos édiles, particulièrement au sommet de l'Etat, ont pour beaucoup perdu patience. Le vote FN est ainsi une soupape de sécurité pour le système, et n'a pas encore atteint le point de bascule où il s'imposera probablement aux « partis de gouvernement », prisonniers de leurs choix européistes désastreux, mais qui entendent pour l'heure conserver la totalité de leur pouvoir et des prébendes qui vont avec, miettes comprises.
-Les médias peuvent donc tour à tour montrer le FN comme un outsider certes différent, mais volontaire et pertinent, en le brandissant régulièrement en guise d' « épouvantail crédible », tout en donnant fréquemment la parole à ses dirigeants. France2 a parfaitement intégré cette stratégie de « propagande subliminale », et outrancière quand il le faut. La montée régulière du « parti d'extrême droite » est largement instrumentée et voulue depuis des décennies aux plus hauts niveaux de décision.
-Les médias peuvent également faire peur à propos du FN et rendre la formation lepéniste repoussante voire effrayante, notamment à la faveur des paroles insensées du premier ministre Manuel Valls. Suite aux discours extravagants de ce dernier, évoquant une « guerre civile » en cas de victoire de sa marionnette préférée, les citoyens ont été « requis » (terme emprunté à M. Edwy Plenel) de faire face à ce qui était présenté comme un danger imminent. Les trompettes médiatiques ont sonné à tue-tête. Il ne s'agissait que des élections régionales ! Que restera-t-il à ce gouvernement pour mobiliser les bonnes consciences droitdelhommistes en 2017 ?
La mobilisation contre les « extrémistes » et les « ennemis des libertés » a donc battu son plein, avec succès. Ce qui a permis au gouvernement et à ses alliés objectifs que sont les membres et responsables de l'opposition, les médias, et une foule d'intellectuels vrais ou supposés d'occulter les difficultés bien réelles des Français.
Donc, dans l'un et l'autre cas, « ça marche ». L'opinion publique est devenue un outil assez aisément malléable en dépit de réalités cruelles pourtant visibles et quotidiennement vécues dans notre pays en crise : les citoyens ont apporté majoritairement leurs votes à des personnels politiques dont le premier tour des régionales signait l'échec cinglant, car le lamentable quinquennat de M. Hollande équivaut, dans d'autres circonstances, à celui de M. Sarkozy. Quand M. Bertrand ou M. Estrosi se font passer pour des perdreaux de l'année avec l'assentiment de leur « adversaire » socialiste, et l'appui des médias qui servent servilement la soupe (par exemple l'interview de Xavier Bertrand au 20h de France2 le 14 décembre), comment ne pas songer aux discours de Mme Le pen à propos de l' « UMPS » ?
Cette complicité oligarchique est donc une réalité, qu'il suffit de pointer. L'innocence et la crédulité d'une partie du corps électoral, massivement désinformé et violemment affolé, mis en état de stress, a conduit nombre d'électeur à « se faire enfumer » et à voter « convenablement » contre le « monstre » FN. On ne peut pas imaginer mépris plus grand pour les électeurs que ce type de manœuvre sans finesse, quand l'establishment se moule dans le rôle du crieur de foire pour ameuter « le vulgaire » et le circonvenir. On est en droit, une fois encore, d'avoir honte de tels représentants.
On peut alors se demander quelle mauvaise mouche a piqué M. Valls, usant apparemment trop tôt d'une cartouche de propagande grossière (et efficace!), la peur du totalitarisme, du racisme et de la guerre civile, qui lui aurait été bien plus utile en 2017 (si il est encore aux manettes).
On constate que la « droite républicaine »a été conduite à se mouiller dans un système type « front anti fasciste » qui est en vérité un piège parfait, surtout avec la complicité des grands médias. Acceptant les voix de gauche pour l'emporter, (comment refuser ce cadeau empoisonné?), le PS allant jusqu'à retirer ses candidats ça et là, les leaders de droite ont mis le doigt dans un engrenage pervers dont apparemment M. Sarkozy sentait tous les dangers. Ils vont avoir du mal à éviter les conséquences de la stratégie du PS, ayant malgré eux ou pas collé à son opération anti FN.
Le PS étant devenu un parti de droite « décomplexé », il semblerait qu'il va même changer de nom si l'on en croit M. Julien Dray, ce qui sera un hommage involontaire du vice au nom « parti socialiste », vieux symbole vertueux de lutte ouvrière aujourd'hui synonyme de trahison et de compromission. Muni d'une nouvelle « appellation contrôlée », il engagerait ainsi plus aisément une partie de la droite elle même largement déconsidérée dans une opération de remodelage du paysage politique français, mais cette fois au grand jour, certains caciques de droite étant susceptibles d'y aller si par exemple le terme « socialiste » disparaît. Le PS a « mouillé » ses faux adversaires et vrais complices en formalisant en France le rapprochement des « élites raisonnables » qui sont en tout état de cause au service des mêmes intérêts.
Du reste, comment fonctionner encore « à l'ancienne » quand la social démocratie ici comme ailleurs a si visiblement fini son voyage « initiatique », ayant en France officiellement quitté depuis 1983 les rivages de la lutte des classes plus ou moins assumée, pour se présenter aujourd'hui « triomphalement » dans le port du néolibéralisme mondialisé, portant en bandoulière les « droits de l'homme » au nom desquels il prétend combattre le FN et nombre de ses opposants ?
En tout cas, sur le plan politicien, ce plan clairement dévoilé à l'occasion des régionales peut passer pour brillant.
Entendre le soir même du second tour des élections régionales MM. Fillon et Juppé faire acte de candidature à la présidence de la République en direct à la télévision signe quoiqu'il en soit l'implosion des « Républicains » dont certains veulent à priori se débarrasser de M. Sarkozy. De là à imaginer que ce coup est téléphoné, il n'y a qu'un pas.
Quel que soit le vainqueur en 2017, il y a donc de fortes chances pour qu'il soit issu de ce substra centriste et européiste (dont le ou les noms importent peu) qui tient les rênes depuis 1983 et qui reconnaît à présent officiellement sa très concrète consubstantialité. Gageons que les « grands médias » trouveront à l'heureux élu toutes les qualités requises pour lui fournir (autant que possible) au son du tambour les votes en quantités suffisantes.
Le FN : une perspective trompeuse, une image parfaitement « travaillée » par les médias
1-Revenons-en au FN. Lui refuser une ou des régions a peut-être été sur le moyen terme une faute que les stratèges inspirant M. Valls n'ont peut-être pas prise suffisamment en compte.
Résumons : les mêmes qui ont conduit la France là où elle en est sont reconduits, sans même plus faire, au moins, semblant de s'opposer sur le fond. Ils sont similaires.
A écouter les « infos » suite à ce second tour, aucune idée nouvelle, aucune parole encourageante n'a été entendue, comme l'a souligné sur le plateau de France2 Mme Dati. Donc, après tant de bruit et de fureur, un résultat : « on a fait barrage au FN ». Au nom de quoi cela a-t-il été entrepris, au nom de quoi M. Valls s'est-il illustré comme un dangereux démagogue fauteur de trouble auquel le président de la République aurait dû, dans le cadre d'une « république exemplaire » demander de démissionner (détrompez-vous, ce n'est pas un effet comique dans un texte sérieux)? Au nom de la lutte contre le totalitarisme, le racisme, la barbarie, pour que la France reste dans l'UE, dans la zone euro etc... On n'a pas accusé le FN d'être à l'origine des attentats du 13 novembre, mais on sentait que l' « air du temps » aurait peut être bien aimé charger encore la barque.
Autrement dit, on a infligé au pays, avec des propos infantiles visant une manipulation des esprits sans précédent, les fantasmes bobos des salons parisiens, premiers bénéficiaires de la mondialisation et de ses ors, sans tenir aucun compte des raisons réelles qui poussaient tant de Français à voter FN, ce dont, de toute évidence, tout le monde se fiche « en haut lieu ».
L' « article 50 »
Pourtant, à y regarder de près, le FN, que cette péripétie installe définitivement dans le rôle de l'opposant injustement traité, pourrait parfaitement mériter d'être vu comme la « roue de secours » du système et accusé de tromper ses partisans. Tous les maux qu'il dénonce, à savoir les méfaits de la politique économique, la toute puissance des milieux économiques, la disparition de la souveraineté de la France, son positionnement quant aux problèmes de l'immigration ou des « réfugiés », sont en effet liés à une seule et même cause, notre appartenance à l'UE et à la zone Euro. La France ne peut plus décider seule de rien dans les domaines régaliens, du fait de la complicité de nos dirigeants et de nos députés avec les politiques européennes depuis 1983.
Son seul moyen de retrouver sa souveraineté est d'user de l'article 50 du traité sur l'Union européenne. Comme chacun a droit à la faute, à l'erreur, ou à l'ignorance, ci-dessous ce fameux article 50, dont l'accès est libre et gratuit via internet.
L'article 50 est également le seul moyen pour la France de se libérer de l'Euro, ce dont à notre connaissance nul parti politique, FN compris, ne souffle mot, à l'exception de la seule UPR de François Asselineau, parti largement méconnu, ce qui est dommage, et dont le site internet est une mine d'informations vraies et vérifiables à propos de notre Europe américaine et de bien d'autres sujets d'actualité. Voici donc, des fois que certains de nos responsables politiques aient omis d'en prendre connaissance, l'essentiel de ce texte majeur :
L’article 50 du traité sur l’Union européenne
Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union.
L’État membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. À la lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union. Cet accord est négocié conformément à l’article 218, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.
Les traités cessent d’être applicables à l’État concerné à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification visée au paragraphe 2, sauf si le Conseil européen, en accord avec l’État membre concerné, décide à l’unanimité de proroger ce délai.
Aux fins des paragraphes 2 et 3, le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l’État membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent.
La majorité qualifiée se définit conformément à l’article 238, paragraphe 3, point b), du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.Si l’État qui s’est retiré de l’Union demande à adhérer à nouveau, sa demande est soumise à la procédure visée à l’article 49.
On peut donc considérer que tout parti prétendant vouloir une fois au pouvoir quitter l'Euro et qui ne prend pas l'engagement d'user de l'article 50 ment, notamment quand il évoque avant toute décision souveraine des discussions avec les partenaires, un référendum etc...
2-A la lumière ce cet élément, on est fondé à penser aussi que l'isolement médiatique et politique du FN lors de ces élections n'est peut-être pas une faute, mais est au contraire une manœuvre visant, quand le besoin s'en fera sentir, à l'utiliser comme roue de secours du système pour lequel il ne représente dans les faits aucun danger. La « victime » se faisant justice, voilà qui remplirait tout naturellement les urnes à son profit. La victoire du FN aux présidentielles priverait nombre d'individus de revenus et de places en tout point confortables, qui devraient laisser la place à d'autre bénéficiaires de notre état malade, voilà tout sans doute, et, avec, un séisme parisien sans importance.
On doit donc contraint et forcé se demander si tout changement réel est encore possible en France avec ce mur de propagande permanente que sont devenus en une seule clameur parfaitement jouée nos médias de masse. Leur pouvoir réel en fait une arme politique majeure. Les « grands journalistes » et leurs vassaux d'importance sont à présent des personnels politiques dont le statut professionnel est à maints égards un travestissement plus ou moins réussi.
Avec de tels médias, largement aux mains des oligarchies financières, avec un tel personnel politique, agent actif dans son ensemble de ces mêmes oligarchies (même si quelques exceptions honorent certains élus ou leaders politiques), avec cette Europe américaine et allemande qui a mis la main sur tous les rouages du pouvoir d'état, il n'est pas illégitime de considérer que nous n'avons nul besoin du FN pour vivre en système totalitaire antidémocratique et liberticide, d'autant plus que nos dirigeants paraissent à présent apprécier sans mesure la mise au pas des libertés publiques. Mais pas de souci : au rythme actuel, nous aurons aussi le FN.