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écriture politique. Je cherche un éditeur (que je ne trouverai sans doute pas) pour 'Les "grands médias" au pas cadencé", mon dernier manuscrit/enquête

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Billet de blog 28 février 2016

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Un référendum sur les quotas de réfugiés en Hongrie : pourquoi pas en France aussi ?

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Des faits

La commission européenne a donc officiellement annoncé que 160 000 « migrants » seraient conduits vers des états membres dans les deux ans à venir, selon des quotas par pays. La Hongrie, opposée aux quotas, prépare un référendum sur les « quotas obligatoires pour l'accueil des migrants ». Pour la Commission européenne, cette initiative serait contraire à l’accord conclu par le Conseil des ministres et des chefs d'état européens et en conséquence, elle dénonce ce référendum.

Viktor Orbán, premier ministre hongrois, avait voté contre ces quotas, comme ses homologues slovaque et tchèque. Pour lui, « cette mesure redessinerait le paysage ethnique, culturel et religieux de la Hongrie et de l’Europe.  Il a qualifié le référendum, le premier de ce type, de test majeur pour la démocratie européenne. »

« Nous ne pouvons pas décider d’ignorer la volonté du peuple pour des décisions qui changerait leur vie et détermineraient la vie des générations à venir, puisque les quotas modifieront les profils ethniques, culturels et religieux de la Hongrie et de l’Europe », a-t-il assuré lors d’une interview au journal allemand Bild. La Commission attend des clarifications de la part de Budapest. « Nous ne comprenons pas comment ce référendum s’intégrerait au processus de décision accepté par tous les États membres, y compris la Hongrie, dans le cadre des traités », a déclaré Natasha Bertaud, porte-parole de la Commission.

Budapest affirme que la décisions sur les quotas est contraire aux règles européennes. La Slovaquie a lancé une action en justice contre le système de quotas, car il aurait fallu selon elle décider à l’unanimité, et non à la majorité qualifiée, comme cela a été le cas.

Un constat

En France, on fait volontiers la leçon à la Hongrie de M. Orban. Les critiques qui lui sont adressées seraient plus audibles si la France n'était pas le pays de la loi sécurité, de l'état d'exception à rallonge et des dénis de démocratie comme le passage en force du traité de Lisbonne en 2005 contre le vœux d'une majorité d'électeurs qui avaient refusé le TCE par référendum, ou de la trahison par M. Hollande de ses engagements de campagne à peine élu Président de la République. On n'y entend plus parler des affaires d'espionnage qui impliqueraient l'Allemagne, travaillant sur ce coup pour le compte de la NSA. On évite également de rappeler que l'essentiel des grands médias appartiennent à des oligarques bien en cours, ce qui n'empêche pas les journalistes de ces médias privés (le public est sur les mêmes positions gouvernementales) de faire des leçons de « bienpensance », de démocratie et de déontologie au monde entier.

Ceci posé, l'attitude courageuse de M. Orban éclaire des problèmes dont on parle peu à l'Ouest.

-A-t-on par exemple demandé l'avis des citoyens pour engager notre pays dans un accueil massif d'immigrants en provenance notamment du Maghreb, à partir des années soixante et dix du XXe siècle ? Non.

-Mme Merkel a-t-elle demandé l'avis de ses partenaires européens avant d'annoncer que l'Allemagne accueillait à bras ouverts les flots de « réfugiés » qui sont des immigrants ? Non.

-Un quelconque gouvernement de l'UE a-t-il prévu les moyens et les modes d'accueil de tant de gens démunis, alors que l'UE a imposé une austérité de fer à ses états, Allemagne comprise ? Non.

-La solidarité demandée aux Européens fait-elle une place aux plus riches d'entre eux, qui ne cessent de s'enrichir sur le dos de leurs concitoyens privés progressivement des bénéfices d'un état social attentif, au nom des « grands équilibres » comptable qui sont les Tables de la Loi (du fric) à Bruxelles ? Non.

-Enfin, devant l'ampleur du flux d'étrangers, dont nul ne connaît encore l'importance réelle, (sans parler d'un futur « regroupement familial » inévitable) qui se fraient un chemin jusque chez nous, est-il anormal de soulever le problème de la compatibilité entre la culture judéo chrétienne et la culture d'Islam ? Non.

Outre le fait que la présence déjà ancienne d'un nombre important de Musulmans en France et en Europe prouve que l'intégration d'une partie de ces gens dans nos sociétés n'est pas évidente, les lamentables agressions sexuelles du soir de Noël à Cologne et les interrogations publiques légitimes, bien que tardives, sur le statut de la femme dans la culture musulmane qui en ont procédé doivent nous alerter : contrairement à ce que les médias nous racontent, on ne déplace pas les hommes comme des objets. Ces individus sont porteurs de leur culture, de leur croyance, de leurs ambitions, de leurs inimitiés, de leurs querelles (etc...), et n'arriveront pas forcément dans leur majorité à se muer en européens exemplaires dans un délai raisonnable, même si, dans une situation économique très difficile, certains parviennent au moins à une insertion économique minimale, ce qui relève aujourd'hui de l'exploit.

Il est clair également que les employeurs concernés vont profiter de l'effet d'aubaine, en pesant sur le niveau des revenus des nouveaux venus « employables » et, de la sorte, sur le niveau général des salaires déjà bas dans l'UE (qui via l'Euro, passe son temps à courir après une compétitivité introuvable, dans la mesure où, sauf cataclysme, le coût de la main d'oeuvre européenne à l'Ouest et au centre de l'UE sera toujours supérieure à celui de la Chine, du Vietnam ou de... l'Ukraine).

Légalité juridique et légitimité

La réaction de la Commission au projet de M. Orban soulève enfin le problème éternel qu'affrontent les constructions juridiques, celui de leur légitimité aux yeux de leurs utilisateurs, états entreprises, individus. La règle n'est respectée qu'autant qu'elle est vécue comme légitime, à savoir enracinée dans une « organisation réglementaire définie en en accord avec les usagers, » qui lui confèrent alors une légalité légitime en acceptant ses contraintes. Peut-on considérer que l'UE répond à ce critère ? Beaucoup pensent que tel n'est pas le cas.

Pour l'UE, la légitimité c'est la règle enracinée dans les traités. Elle a poussé ce parti pris à l'extrême lors de la crise grecque, saignant un pays de l'UE au nom de règles présentées comme intangibles. La légitimité humaine, le respect de la vie, de la santé, de la dignité, ont été balayés pour permettre aux banques allemandes et françaises de rentrer dans leurs sous. Puis, pour les mêmes raisons, la légitimité démocratique a été assassinée par le gouvernement grec lui-même qui a tourné le dos aux résultats d'un référendum dont il avait pris l'initiative. La tragédie grecque est une tache indélébile sur une Union qui prétendait être le parangon des droits de l'homme et de la démocratie. En dehors du droit des puissances économiques et notamment financières, quels droits défend-elle, au moment par exemple où le gouvernement de M. Valls tente de dynamiter le droit du travail au détriment des salariés ?

L'UE en France a de tout évidence perdu sa légitimité en 2005, lors de l'adoption par le Congrès du « traité de Lisbonne », sous la haute autorité de M. Sarkozy et avec la complicité des socialistes emmenés par M. Hollande, qui se sont contentés de s'abstenir pour favoriser l'adoption d'un texte qui reprenait les éléments du TCE nettement rejeté par les Français via un référendum.

Le monstre technocratique de Bruxelles ne peut pas en outre se prévaloir d'une légitimité démocratique, le Parlement européen, aux pouvoirs limités, ne représentant pas un peuple européen qui n'existe pas. L'organe exécutif, la Commission, est dans les faits peuplé de personnalités triées sur le volet au fil de discussions entre chefs de gouvernement et chefs d'état.

Le pouvoir de l'UE a été construit sur des mensonges : l'UE avec l'Euro, c'était la prospérité et les lendemains heureux d'un avenir rayonnant, l'UE c'était l'émergence d'un pôle politique protecteur face aux grandes puissances planétaires. Mais comme cela était prévu dès avant 1945 par Washington, la construction européenne est avant tout là pour servir les intérêts du capitalisme anglo saxon auxquels se sont ralliés les oligarchies européennes. Grand marché sans tête, elle envoie plusieurs de ses membres, dont la France, à l'abattoir de la concurrence intra-européenne et mondiale, sans protection.

L'UE s'appuie aujourd'hui sur des gouvernements souvent impopulaires, des crises profondes affectent plusieurs états dont certains voient resurgir de vieilles fractures culturelles et économiques à la faveur des politiques d'austérité imposées par Bruxelles. Elle peut surtout compter sur des grands médias aux ordres, pour mettre en œuvre une austérité meurtrière pour les peuples européens, austérité inscrite nulle part dans les traités en tant que telle ou dans les fondamentaux de l'Euro (lire Jacques sapir, blog russeurope). A ce titre, les grands médias se chargent de la police de la pensée, pourchassant vigoureusement tout esprit rebelle à la doxa européiste.

Sur le plan de la politique étrangère, grande absente (et pour cause!) de la « construction européenne », l'UE nous met tout naturellement à la remorque des Etats Unis et nous entraîne en silence dans une dangereuse confrontation avec la Russie, qui, rappelons-le, est le seul pays au monde capable de frapper durement les Etats-Unis en cas de guerre nucléaire.

Naufrage programmé ?

Quand une organisation comme l'UE connaît la mise en cause de ses frontières (en dépit des accords de Schengen dont on nous a tant rebattu les oreilles) et que certains de ses membres doivent faire appel à l'Otan pour surveiller les côtes grecques, quand les pays européens, appauvris, vont devoir affronter une crise économique qui s'annonce profonde sur fond d'arrivée massive d'immigrants qui auront un coût important, quand l'Euro recommence à nouveau à donner des signes de faiblesse sur fond de crise bancaire sans précédent (les banques européennes ont à présent le droit de ponctionner les comptes de leurs clients en cas de pépin, ces derniers étant considérés comme des créanciers justiciables d'une mise au pot pour renflouer éventuellement leur banque), et qu'aucune autorité ne peut se faire entendre, (la construction européenne ayant apparemment organisé l'impuissance politique, qui reflète d'ailleurs les divergences profondes de vue entre les partenaires), les carottes paraissent cuites.

Que sur ces entrefaites une partie de la « gauche » française s'agite non pour quitter UE et Euro, mais pour « réformer » ces deux machins inréformables, car instruments pointus aux mains des oligarchies et de leurs défenseurs politiques majoritaires dans l'Union, on a du souci à se faire. Dans ces cas là, seule sans doute une initiative de démocratie directe pourrait apaiser partiellement les esprits, en mettant au centre des préoccupations l'emploi, ou les quotas, ou encore l'UE, l'Euro etc..

Continuer à s'asseoir sur la marmite comme le font nos politiques, et ceux qui sont en place, et ceux qui veulent la leur prendre, cela est suicidaire. C'est en outre la démonstration de l'incompétence généralisée de nos personnels politiques qui, par inertie politicienne, programment un naufrage prévisible dont une majorité d'entre eux ne pâtiront en rien.

M.Orban a raison de consulter les Hongrois. M. Hollande ne peut plus rien organiser, toute expression populaire autorisée le condamnerait quelle que soit la question. On voit mal également comment la pusillanimité du personnage s'accommoderait d'une offensive politique de grand style comportant de si grands risques non pour l'avenir électoral de son camp, dont très clairement il se fiche, mais pour la « cause européiste » qui l'a conduit à liquider sans état d'âme le patrimoine historique et culturel de son parti, (qui n'a pas toujours été mitterrandien ou molletiste et qui sortira du hollandisme durablement affaibli).

Consulter aujourd'hui les citoyens a un air révolutionnaire, c'est du vent frais dans le cachot des accommodements juridiques ou des tripatouillages lobbyistes de la caste bruxelloise, dont nos dirigeants font partie. C'est pourquoi la France n'aura pas l'opportunité de s'opposer à cette Europe cataclysmique.

Ne rêvons donc pas. Il reste internet, et les mobilisations spontanées comme celle qui est née de l'opposition à la casse du droit du travail. Mais toute proposition qui laisserait croire à une réforme possible de cette Europe et de l'Euro serait un mauvais coup pour le pays. Gageons que des initiatives de dévoiement vont se multiplier, qui, si elles ne suffisent pas pour sauver le « camp du bien », pourront toujours s'appuyer le moment venu sur l'épouvantail FN.

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