Après la crise de 1929, l'Amérique a voté en 1934 le Glass-Steagall Act, interdisant aux banques d'affaires et aux banques de détail de mélanger leurs affaires. Cette réforme a incité les banques d'affaires américaines à imaginer les moyens de survivre de façon autonome, sans même pouvoir compter sur un éventuel secours de l'Etat. Elle en a fait les meilleures du monde. Même chose pour les banques de détail. La garantie des dépôts, décidée au même moment ne devait protéger que les banques de détail, à condition qu'elles évitent les opérations de marché risquées. Cette réforme a tenu près de 60 ans. Si elle avait été respectée jusqu'au bout, l'impact de la crise des subprime et son coût pour le contribuable américain auraient été bien plus modestes.
Les banques de détail peuvent en effet se prêter de l'argent entre elles, en zappant les banques d'affaires. Elles sont d'ailleurs structurellement prêteuses, grâce à la masse de leurs dépôts. Peu à peu, le Glass-Steagall Act s'est cependant heurté au puissant lobby des grandes banques de détail, qui veulent pouvoir gagner plus d'argent, et surtout plus vite, grâce aux activités de banque d'investissement. Les analystes boursiers préfèrent pourtant qu'elles évitent de le faire, car ces profits rapides et "mirifiques" sont par nature instables: ils avaient fini par faire peur aux investisseurs, du moins une partie d'entre eux, qui évitaient les actions des banques, ce qui se traduisait par une décôte : des valorisations boursières faibles par rapport aux bénéfices.
Dans de nombreux pays comme le Canada, il existe encore des petites "caisses populaires" qui vivent très bien de leurs activités traditionnelles, en respectant l'esprit du Glass-Steagall Act. En France, Christine Lagarde nous a au contraire expliqué que les banques françaises vont très bien, n'ont pas subi la crise des subprime... grâce au mélange des activités... avant de d'être obligée d'ouvrir son portefeuille -- trop tard, beaucoup trop tard -- pour secourir ces mastodontes bancaires français.... tout en expliquant que toute la responsabilité incombe aux américains. En fait, les banques françaises sont impliquées jusqu'au cou dans les subprime, car la France est le pays où l'industrie des Sicav monétaires est la plus développée. Et qu'a-ton mis dans les Sicav monétaires "dynamiques" pour booster leur rendement ? Des subprime, des dizaines de milliards d'euros de subprime!