J’attendais ce samedi 24 novembre 2018, avec impatience et détermination. Mais la maladie articulaire dont je souffre n’a pas permis que je marche à LA cause qui me tenait profondément à cœur : la manifestation contre les violences faites aux femmes !
France2, journal de 20 h présenté par Laurent Delahousse : les titres vont être évoqués point par point, j’écoute avec attention et j’attends… 22 minutes consacrées aux « Gilets jaunes », casseurs, anarchistes, qui est qui ? La plus « belle avenue du monde », l’avenue des Champs-Elysées à Paris est vandalisée ! Des images qui captent l’attention du téléspectateur assis devant son écran ! Des images qui doivent être de plus en plus violentes ! Dégradations qui n’auront d’effet que dans nos porte-monnaie, gamins qui s’éclatent en bousillant des pavés, abris-bus défoncés, touristes affligés, terrasses vandalisées, feu à une fourgonnette… Vous voulez quoi ? Continuez avec Le Pen, vous aurez plus de soutien !
C’est PARIS !
Pendant ce temps, une manifestation contre la mort ! Les violences faites aux femmes, les 254 femmes violées ou harcelées chaque jour, les coups physiques et psychiques, les agressions sexuelles impunies faute d’un minimum de psychologie dans des locaux où l’on peut porter plainte… mais à quel prix ! Des femmes qui ne s’en sortiront pas vivantes à l’heure où j’écris. Des enfants qui auront assisté à des scènes violentes, au dénigrement permanent de leur mère par ce père. Cet homme placé sur la plus haute marche du podium, une position inamovible par sa perversion, ce père dans le déni permanent qui inventera une histoire, « juste une petite gifle pour la calmer ». Conflits verbaux, personnalité perturbée par toutes sortes produits modifiant le comportement… une femme n’est pas un punching-ball ! Ces enfants, ces ados, ces femmes qui porteront à vie toutes les fractures faites par un homme qui n’aura pas eu « les couilles » de se faire soigner, d’arrêter de se prendre pour le Roi de la famille, le Maître du monde, le père et le mari parfait !
Cet homme qui détruit ses propres enfants mais surtout la mère en la faisant passer pour indigne de l’être, lâche parce qu’elle encaisse avec culpabilité afin de ne pas les laisser seuls, cet animal qui passe un peu ou beaucoup de son temps en la bousculant avec violence que ce soit avec les mots ou les coups, « c’était juste une petite gifle mais j’aime votre mère ». De la perversion toxique d’un père en passant par un violeur qui sera remis en liberté parce que la femme traumatisée par la violence du choc ne se souviendra pas de tout dans le détail. Parce qu’une fois franchi le local des plaintes et le Palais de justice, elle est déjà coupable et qu’elle devra se battre malgré le lourd fardeau de ce corps qui est le sien et qu’elle ne peut plus supporter, malgré des allusions nauséeuses, des nuits hantées par des cauchemars, des peurs qu’elle ne connaissait pas, un poids de fatigue dû à des micro-sommeils… Cette femme devra tenir pour être enfin considérée comme victime de cet animal qui l’a agressé sexuellement et pour qui le viol ne serait pas plus grave qu’un vol à l’étalage !
Au nom de toutes ces femmes, l’actualité du 24 novembre 2018 à 20 h m’a fait vomir ! Une minute de micro-trottoir sur la manifestation et deux minutes sur le sujet des « frotteurs » de métro avec une femme commissaire de police évoquant 23 % de plaintes en plus sur ces frotteurs, et après ?
Combien de femmes résisteront encore ? Combien de suicides féminins dus à cette blessure qui ne se cicatrisera jamais et ce mal de vivre indicible ? Combien de départs précipités en laissant derrière elles leurs propres enfants, portés pendant neuf mois ? Départ précipité parce qu’elles n’avaient pas d’autres choix que sauver leur peau pour aider leurs enfants ? La culpabilité est un poison violent et cette femme devra se reconstruire au plus vite pour sauver ses enfants. Cette femme aura pris SA chance ! D’autres n’auront jamais cette chance. Les gilets jaunes, je leur crache à la gueule, ils ont écrasé avec leurs éclats celles qui sont mortes à l’intérieur, celles qui vont mourir, celles qui subissent la torture et celles qui ont été enterrées ! Allez-vous faire foutre, tous les jours vous monopolisez les info !
Et vous ? Journalistes qui sortez aussi d’un vagin et pas uniquement de la bite de votre père, ayez la décence de donner, pour une fois, plus de temps de parole à des femmes qui se battent pour leur vie et contre des porcs qu’à de prétendus révolutionnaires dont le maigre fait d’arme est de s’être approprié le sigle des anarchistes en le taguant n’importe où et en arrachant un pavé qu’il poseront sur leur cheminée et qui fera la fierté, ou la honte, de leurs petits-enfants.
CatSo (avec Philippe)