Le Chiffon Rouge Morlaix,
Lundi 24 février 2014
Manif contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes: Non, monsieur Urvoy, la raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure...
On est fatigué par son samedi de manif mouvementée à Nantes, le quotidien du travail et la campagne municipale à Morlaix mais quand on lit avant de se coucher l'éditorial du jour de Ouest-France, commis une nouvelle fois par Michel Urvoy, le thuriféraire de Dominique Strauss-Kahn, toujours préposé au service de communication du PS version sociale-libérale, on retrouve juste assez d'énergie et de colère pour dénoncer l'imposture de la version que le gouvernement et les médias au service du Système et du Patronat donnent de la manifestation du 22 février dernier.
Son édito a pour titre "Le droit contre la force". On dirait presque une fable de la Fontaine, et comme dans la Fable bien faite pour prévenir les agneaux que nous sommes, contrairement à l'éditorialiste qui voudrait nous mener en bon berger indulgent pour nos étourderies, le droit est du côté du loup.
En effet, qui détient la force selon M.Urvoy?
L'Etat, Manuel Valls et ses milliers de CRS casqués et munis de matraques, ses hélicoptères anti-émeutes, ses grenades lacrymogènes, ses canons à eau? Vinci et ses milliards de dividendes pompés sur l'argent du citoyen? Ayrault et Hollande, coincés dans leurs postures de clowns tristes et emmurés dans leurs châteaux loin de la rumeur de la foule en colère?
Non, ce sont les Zadistes, ces jeunes sans foi ni loi qui ne reconnaissent pas les valeurs sacrées de Monsieur Urvoy, celles de tous les bourgeois repus des paroles de Brel: ORDRE, SOUMISSION, PROPRIETE PRIVEE, POLICE.
Le "droit", c'est celui dont peuvent se prévaloir les bétonneurs de Vinci et du Gouvernement pour saccager le bocage nantais et continuer à produire toujours plus de CO2 pour les besoins de quelques entreprises (multinationales du BTP, banques, commerce international, spéculateurs immobiliers) et dit-il, "des six millions d'habitants d'habitants qui vivent dans la zone de chalandise de Notre-Dame-des Landes"?
Entendez-vous comme moi? La Bretagne "transformée en zone de chalandise" et ces gens "sérieux", abonnés aux dîners patronaux et aux cercles du pouvoir, qui voudraient être nos maquignons. Non merci, notre Bretagne n'est pas à vendre.
Monsieur Urvoy est du côté du droit, de l'état de droit, entendez dans sa bouche, du côté de la matraque.
Samedi, même si je ne me suis pas aventuré trop près de l'action, je n'ai pas vu beaucoup de CRS respecter "l'intégrité physique des personnes et des biens".
Même des vieux se sont fait frappés et intoxiqués par leurs lacrymos.
Par contre, aucun policier le long du cortège pour prévenir et empêcher la casse, les incendies d'engins de travaux.
Le prétexte était trop beau!
Pour bastonner, certes, mais ça ne n'est qu'un détail.
Pour salir le mouvement d'opposition à l'aéroport et au type de mode de développement et de société que ce projet majoritairement rejeté désormais par les citoyens français, symbolise.
Tous les médias se sont mis à décrire et à montrer avec un luxe de détails et de commentaires alarmistes et indignés les dégradations qui ont été commises à Nantes...
Voyez le contraste avec les évènements d'Ukraine où le droit était forcément du côté des manifestants anti-russes, y compris quand il s'agissait de militants d'extrême-droite nationaliste.
Aucun commentaire sur l'ampleur du dispositif policier, la responsabilité de la flambée de violence, les brutalités des CRS.
Si peu d'écho à la grande manifestation pacifique et colorée du peuple de l'Ouest contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Le scénario était planifié à l'avance: décrédibiliser comme des radicaux irresponsables et violents les opposants à Notre-Dame-des-Landes. Justifier l'expulsion prochaine par la force des zadistes.
Ayrault et le préfet de Loire-Atlantique, l'ont dit d'un ton martial: la violence de Nantes samedi dernier, c'est la violence quotidienne de la ZAD. Ce ne sont pas des protecteurs de la nature, des gentils baba cools à la papa, ce sont des monstres "anarchistes", des "casseurs". Qui veut étrangler son chien le dit enragé...
Les éléments de discours et de service après-vente médiatique étaient bien rodés. La LOI doit s'imposer, celle du FRIC, de VINCI, de VEOLIA et consorts bien sûr, mais cela n'est pas dit. C'est le petit propriétaire et le bon citoyen calme et apeuré que l'on protège!
Et bien non, notre Loi à nous, c'est celle de la raison, qui recommande la préservation de nos terres et de notre TERRE, qui nous présente le Productivisme à tout crin comme une impasse. Cela justifie la résistance à la déraison, voire la désobéissance civile.
Urvoy et Ayrault ont beau jeu de rappeler le respect des décisions des représentants élus du peuple et des règles de la démocratie, eux qui se sont assis sur le NON au traité constitutionnel européen en 2005 et qui justifient que l'on retire toujours plus de souveraineté aux citoyens.
Eux qui n'écoutent pas une majorité de Français qui voient pas l'intérêt de ce nouvel aéroport alors que Nantes-Atlantique n'est nullement saturé.
M.Urvoy conclut: "la vraie illustration de l'Etat de droit invoqué par Jean-Marc Ayrault viendra le jour où l'éxécutif aura le courage de faire évacuer les occupants du site".
C'est drôle, avec lui, le courage, c'est toujours celui de nous taper dessus: hausse de la TVA, baisse des dépenses publiques et sociales, cadeaux sans contrepartie aux grands patrons.
C'est sûr que ces gens là n'ont pas appris le courage sur les barricades ... faisons-leur honneur, commanditer la castagne officielle de son bureau d'écrivaillon de cour, cela demande beaucoup de courage!
Ismaël Dupont.
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