Arnaud Gouillon, le candidat du bloc identitaire à l’élection présidentielle de 2012, écume les régions françaises à la recherche de parrainages de maires. Autre objectif de cette virée nationale, rencontrer les militants du Bloc, recruter, et structurer le mouvement. Il était jeudi 24 février de passage à Lille. Petit récit pour une petite réunion du petit candidat dans un petit hôtel de la capitale nordiste.
Rendez-vous à l’Inter-hôtel de Lille, en périphérie du centre. Hôtel modeste néanmoins clean en bordure du périph’, loin des projecteurs. Dans le hall, une petite vingtaine de convives attendent. Ils piétinent de patience la moquette pourpre de l’entrée, ambiance calme. Parmi eux, une grosse poignée de membres de la maison identitaire flamande de Lille (Vlaams Huis) sont venus exprimer leur soutien au candidat identitaire (et ce malgré l’annonce de boycotte sur leur site). Blousons noirs et crânes rasés, ils n’assisteront pas à la réunion. Une simple présence afin de montrer qu’en tant qu’ « identitaires » ils se reconnaissent dans certaines idées du Bloc, commente l’un d’entre eux.
Huntingtonien
Une quinzaine de personnes serrées dans une modeste salle fait face à Arnaud Gouillon, accompagné de Richard Roudier, cacique du Bloc et ancien membre d’Unité Radicale. Pull jean baskets, un verre d’eau (et le pinard alors ?) à la main, le jeune ingénieur de 25 ans prend la parole. Il récite platement & poliment un verbatim du programme en insistant sur les trois axes : Identité, Démocratie, Localisme. Quelques emprunts à la démocratie directe à la Suisse, apologie du développement de circuits courts de consommation, et au cœur du programme : « la résistance identitaire ». Résistance face à « l’invasion islamiste », afin de sauver une « culture européenne millénaire » que corromps « l’islamisation de la France ». Une vision naïve et largement idéalisée de l’histoire et de la Kultur européenne qui, sur un fond ethno-différencialiste et Huntingtonien, met opposition deux civilisations incompatibles portées par des « valeurs contradictoires ».
Si cette thématique rapproche le Bloc du Front National, Gouillon n’a lui « pas l’impression d’empiéter sur leur terrain » et Roudier d’ajouter « nous défendons la défense face à l’islamisme depuis 2003, et nous sommes contents que le FN reprenne nos idées ». Hum.
Faire du vieux avec du neuf
Un discours léché et très lisse comparé aux habituelles sorties plus acerbes de Fabrice Robert, le président du Bloc Identitaire. Un décalage qu’on retrouve également entre Gouillon et son chaperon du jour, Richard Roudier. La verve du taulier transige nettement avec le ton aseptisé du jeune aspirant. Il renvoie malgré lui une image de faire valoir propret des idées du Bloc. Une façade politiquement vierge, plus à même de faire passer les idées du mouvement au près du grand public et des médias, quand Fabrice Robert, présente un casier politique un peu trop chargé.
Revendiquant aujourd’hui 3000 adhérents, le Bloc Identitaire essaie de se donner une envergure nationale et tente de fédérer et d’organiser ses sympathisants, en soignant son image et son discours. De là à obtenir les 500 signatures de maires…
[Rattrapage: reportage sur le Bloc Identitaire diffusé sur Canal +, ici)