Salle comble pour accueillir l'ancien premier secrétaire du Parti Socialiste, récemment déclaré candidat à la primaire pour la présidentielle de 2012. Plus de deux mois avant le début officiel des primaires socialistes, François Hollande a décidé d'ouvrir les hostilités en tenant son premier meeting à Clichy, en banlieue parisienne.
Levier. Mercredi soir, le Corrézien n'a pas fait de chichi. Il est en campagne et sait ce qu'il veut: aller jusqu'en 2012, et plus si affinités avec les Français. Fiscalité écologique, un "pacte productif" pour relancer la croissance par l'investissement, indexation du SMIC sur les prix et la croissance. Et au coeur de ce fleuve ininterrompu de propositions: les jeunes. Depuis la petite enfance, création de 500.000 places en crèches, jusqu'à la lutte contre l'échec scolaire en primaire et le développement de filières professionnalisées au lycée, François Hollande a dit souhaiter "faire de la jeunesse un levier pour la France".
En citant les grandes étapes de la victoires de la gauche, du Front Populaire jusqu'à 1997 en passant par la présidence de Mitterrand, l'autre François, Hollande s'est affirmé et a émis le voeu de faire "que 2012 soit le nouveau 1981". Cru mystique de la légende socialiste.
Eloge de la constance. Il s'est également attardé sur le rôle et les qualtiés du chef de l'Etat, nécessaire modèle "de constance d'équilibre", qui doit "faire appel à la raison plutôt qu'à l'émotion" dans son action quotidienne. En filigrane, une pique directe à Nicolas Sarkozy, également accusé de légitimer l'extrême droite en chassant sur ses terres. Hollande a également eu quelque pensée pour le Front National, dont Marine Le Pen ne représente "qu'un coup de jeune aux mêmes thèmes, aux mêmes illusions, aux mêmes idées" a déclaré le socialiste. Insistant sur le fait que la droite et l'extrême droite sont les "deux seuls adversaires" à combattre, il a montré sa volonté d'être le candidat du Parti Socialiste, avant d'être candidat pour lui-même.
Mise en scène & interprétation. Ce n'est a posteriori pas un heureux hasard si le candidat socialiste a choisi le théâtre Rutebeuf pour sa première sortie, tant la prestation délivrée semblait relevé d'un acting bien travaillé. Tour à tour offensif et calme, appuyant ses envolées lyriques de grands gestes, François a voulu dévoilé un Hollande orateur, leader et maître de lui. Adieu "Flamby", le député corrézien s'essaie au costume de président(iable) pour faire taire ceux qui ne lui reconnaissent pas la stature pour prétendre à la fonction suprême. Et quitte à soigner le déroulé, autant ne pas lésiner sur la sortie: le challenger socialiste a quitté la scène sur L'avenir c'est nous du rappeur Rost. Un peu de méthode Coué et un clin d'oeil un poil caricatural aux jeunes, plus value revendiquée de son programme.