Notes critiques, Locarno 2011. Patricia Mazuy est une cinéaste très précieuse dans le cinéma français. En 5 films (Peaux de vaches, Travolta et moi, Saint Cyr, Basse normandie et Sport de fille), elle sait intensément saisir les rapports de force entre les gens. Sans évidemment le dire. C’est l’inverse d’une leçon.
Le titre fait référence au côté « girly » de l’équitation. Mais loin des poneys à crinière rose, le film montre un monde de passion, d’argent et de domination entre les êtres. Car ce ne sont pas que les équidés que l’on dresse ici.
Toutes les strates de la société sont représentées. Franz Mann (Bruno Ganz), grand dresseur allemand, étouffe au milieu de ces femmes – la riche anglaise et sa patronne française (qu’il embrasse autant qu’elles l’étouffent). Gracieuse (Marina Hands), incarnation prolo, veut monter à cheval.
Pour cela il faut s’imposer. Sortir de son rang, de son statut (d’esclave, dit elle).
Avec des dialogues d’une précision hors catégorie, (justes, doux et brutaux) les personnages vont se révéler les uns aux autres, les uns avec les autres, contre, au dépend, tout y passe : la soumission, la domination, l’amour, l’argent, les rapports de classe. Sport de filles est un film immense. Sur la Piazza grande, le public polyglotte de Locarno, les mêmes nationalités que dans le film – remarquable circulation d’une langue à l’autre, d’une expression à une autre, pour se faire comprendre - a beaucoup applaudi. C’est la règle du jeu.