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Billet de blog 10 janvier 2012

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Insondable superficialité des sondages

S'attacher à commenter des sondages est une activité superficielle. Qu'est ce qu'un sondage pour une présidentielle ? Sur le fond, une officine auto-proclamée affirme qu'environ mille clampins interrogés par quelques uns de ses employés ont répondu à un questionnaire relatif à leurs préférences pour tel ou tel candidat.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

S'attacher à commenter des sondages est une activité superficielle. Qu'est ce qu'un sondage pour une présidentielle ? Sur le fond, une officine auto-proclamée affirme qu'environ mille clampins interrogés par quelques uns de ses employés ont répondu à un questionnaire relatif à leurs préférences pour tel ou tel candidat.Cette officine affirme que ces clampins correspondent à un échantillon représentatif des quarante millions de personnes qui vont s'exprimer par leur vote dans quelques mois. Juré promis sur la bonne fois des propriétaires de l'officine, garanti par les règles de déontologie les plus crédibles et scientifiques, cet échantillon est des plus sûr de chez Monsieur Sûr, en effet, on emploie la « méthode des quotas ». Cette méthode est ultra-scientifique. La preuve... Quelle preuve ? Ah oui, Le Pen au second tour en 2002, on le savait... mais on l'a pas dit... Les sondages pour la primaire socialiste.. Ben, on avait pas de base... Pourquoi ne pas les croire ? Après tout les politiques et les scientifiques ont bien voulu croire aux affirmations de l'Afssaps sur l'affaire du Médiator, des prothèses PIP, et de quelques autres poisons qualifiés de remèdes, voire de panacée...  Ainsi, sérieusement, en soi, un sondage n'est rien, mais rien du tout. Ce qui est monstrueux, c'est la valeur de découverte scientifique qu'il revêt auprès d'une presse qui s'en empare et le régurgite, sans exprimer aucun doute sur la validité de ce rien auprès des quarante millions de personnes qui vont voter et qui leur dit : « voyons, voyons, voilà ce que vous pensez et ce que vous devez penser ».

Et ainsi, dans cette horrible moulinette, s'écrase la démocratie. A quoi ça sert que Monsieur Edwy Plenel et ses journalistes, le Canard Enchaîné et ses dossiers, se décarcassent sur l'affaire Bettencourt et ses implications mafieuses, l'affaire de Karachi et les financements de la campagne Balladur, les relations douteuses du secrétaire général de l'UMP avec un intermédiaire tout aussi douteux impliqué dans des trafics d'armes ? A quoi sert de montrer les dérives autoritaires et racistes d'une république désignée, autrefois, comme un phare de la démocratie et de la liberté ( le pays des droits de l'Homme) ? Semaine après semaine, rien après rien, ces motifs d'indignation se diluent dans l'eau de sondages qui accréditent l'idée que les candidats sont interchangeables. Oui, pourquoi pas au second tour, une Le Pen contre Hollande ou Sarkozy or Bayrou ? La droite ou l'extrême-droite, ou la gauche au pouvoir c'est un peu la même chose n'est-ce pas ?   

Ainsi, tout ce travail d'information sur les dérives de notre société, la nécessaire sanction d'un vote peuvent s'effacer devant la succession de sondages qui peu à peu orientent le vote des gens par simple élimination des tendances qui ne sont pas majoritaires. A quoi bon voter pour un candidat qui n'a, de toute façon, pas de chance d'être élu ?

Les sondages sont un piège mais, il appartient à un homme d'Etat de les déjouer. On a beaucoup glosé en 2002 sur Chevènement et Taubira qui auraient « volés » la victoire à Jospin. Je l'ai longtemps pensé aussi. Mais, après tout, il ne tenait qu'à Jospin d'avoir eu un vrai programme et une « presidentiable attitude ». Cela se produit pour Hollande aujourd'hui. Il tombe dans piège du « grignotage sondagier » car, s'il a des convictions, il les cache bien.

En 1981, François Mitterrand était l'homme d'une idée, contestable ou non, celle du programme commun. En 1988, malgré des failles évidentes, il a bénéficié de l'inconstance de son opposant qui a bien compris la leçon en 1995 et est devenu l'homme de la « fracture sociale ». En 2002, Jospin faute d'avoir été l'homme de quelque chose (malgré un bilan remarquable) a connu le destin que l'on sait. En 2007, Sarkozy a été l'homme d'une idée d'une bêtise crasse, anti-économique, superficielle au possible, d'une c..rie sans nom, le « travailler plus pour gagner plus » qui n'a pas résisté à l'épreuve des faits. Mais, il a été l'homme de cette idée...  Hollande incarne-t-il quelque chose ?

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