Hollande et les sondages
La perspective envisagée en février dans mon précédent blog tend à se confirmer. Mais au-delà d’une manipulation sondagière, nous sommes en droit de nous interroger sur la stratégie de Hollande et plus généralement sur l’alternative présentée par le parti socialiste. A l’heure actuelle, même au vu des sondages de deuxième tour, il n’est pas certain que Hollande sorte vainqueur de la confrontation. En effet, sans regarder les sondages du candidat sortant, en considérant simplement un score de 26 à 27% de Hollande au premier tour, un Mélenchon à 11à 12% et une extrême gauche avec EELV à 4%, on parvient au mieux à une fourchette de 41-43% soit un peu plus de 7% à prendre sur les voix de Bayrou et de Le Pen. Globalement, si ceux-ci, à eux deux, réalisent 30%, il faut que le candidat socialiste arrive à détacher plus de20% de leur électorat. Or, le faible score envisageable de Bayrou, disons 12 à 13% rend difficile un report massif des voix centristes sur Hollande, et le discours d’extrême droite tenu par le président et Guéant, conduit (peut-être) à dissocier l’électorat de Le Pen de sa candidate pour des reports massifs sur le candidat président.
Ainsi, même si les scores des sondages sont trafiqués en faveur de ce dernier, ce que nul ne conteste, la simple arithmétique, pour une gauche qui réalise son étiage le plus élevé (43%), conduit à douter d’une victoire de Hollande à la présidentielle. Celui-ci l’a-t-il compris en tenant, finalement un discours qu’il croit centriste ? En fait, la gauche paie ses divisions, et le PS paie une absence de programme crédible. Par programme crédible je n’entends pas un ensemble de mesures chiffrées, mais un souffle similaire à celui qu’insuffle Mélenchon ou à celui qui a porté la gauche en 1981. Le programme du PS est un repoussoir où la seule mesure, et encore elle est bien terne, est une promesse de réforme fiscale. Qui peut m’en citer une autre ?
La division porte sur l’absence d’union à gauche qui laisse entendre que le PS « concèdera » des postes de députés sans plus et gouverneront avec Hollande ceux qui seront d’accord, non pas avec le programme de Hollande, mais avec Hollande. La nuance tient au fait que Hollande s’apprête à gouverner à la « Sarkozy ».
La gauche va sans doute perdre la présidentielle, ce qui ne veut pas dire, paradoxalement, qu’elle perdra la législative étant donné les résultats des élections locales antérieures. On pourrait alors avoir une cohabitation inédite dans la Vème république… Si tel est le cas, cela prouverait que cette Constitution n’en est pas une. En effet, le propre des Constitutions est de préserver les institutions alors que trois cohabitations ont montré que la Vème république est soumise finalement aux rapports du président et du parlement. Cela est impossible au Royaume Unis par exemple et dans tous les autres Etats européens démocratiques (excepté la Belgique).