REFONDATION REPUBLICAINE REVOLUTIONNAIRE : POURQUOI (3°) ?
Ce monde est à hurler !
En pleine fausse crise financière mais en plein cœur de la plus formidable crise systémique du système capitaliste, croire que, mobilisés ou non, décidés ou non, unis ou pas les acteurs sociaux traditionnels (partis politiques, syndicats, mouvements…) soient à même d’exprimer, de gérer, de « capitaliser », aujourd’hui, les réelles aspirations du peuple relève davantage de la nostalgie que de la volonté de changement.
Etaler ses états d’âmes, sa « sensibilité », ses expériences, ses frustrations, livrer son analyse de la situation, donner son sentiment voire manifester, défiler, militer même pour cause de proximité d’opinion ne suffisent plus…
Un rappel à la Loi… d’airain, s’impose.
C’est le passage à l’euro qui date la transition de l’Europe « discursive » à l’Europe « réelle ».
Au politique les discours lénifiants, aux patronats de tous les pays l’unité du marché.
L’emboîtement, parfait, des deux classes a fonctionné sur un pari idéologique.
La « théorie » capitaliste enseigne, des « classiques » aux « postkeynésiens », que la recherche des objectifs économiques individuels, au centre desquels se trouve la recherche non pas du seul profit, mais du profit maximum, conduit inexorablement et par un mouvement « naturel » à la maximisation, à tout le moins à l’optimisation, de la satisfaction des besoins de tous, offre et demande s’accordant alors dans une sorte d’harmonie consumériste apaisée… une manière d’apothéose de la satisfaction individuelle dans le collectif…
Plus ou moins sophistiquée, affinée, raffinée, voire « bidouillée », cette « théorie » est passée de la volonté de confinement régalien des tâches de l’Etat au pur et simple « noyautage » de celui-ci, aux fins d’instrumentalisation, par le pouvoir capitaliste.
C’est donc bien main dans la main, et pour cause, que, classe politique et classe dominante (patronale), ont parié sur le nivellement des niveaux de vie entre, par exemple, l’Allemagne et la Grèce, la France et le Portugal… sur fond de convergence des marchés.
Cette consternante chanson, reprise en chœur et amplifiée dans les conditions que l’on sait, orchestrée par des institutions nationales et européennes qui n’ont, à aucun moment, cesser de démontrer leurs « compétences », a bercé les peuples concernés du premier janvier 2002 (mise en circulation de l’euro) à l’automne 2008 (krach des subprimes et titrisation au conséquences attendues pourtant révélées depuis au moins l’été de la même année…).
En aucune manière, la crise déclenchée ne saurait être qualifiée de financière…
C’est uniquement la distribution, non encadré, du crédit (aux particuliers comme aux entreprises) qui a permis, d’une part de maintenir et de développer l’illusion (le fantasme ?) de la convergence « automatique » des marchés, et donc des niveaux de vie, en Europe.
C’est uniquement la distribution, non encadré, du crédit (aux particuliers) qui a généré la faillite du système bancaire américain puis international (subprimes et titrisation).
En aucun cas le détonateur (hausse des taux), seul véritable élément « financier » du dossier et aléas parfaitement anodin d’un système par nature fluctuant, ne peut être considéré comme responsable de l’épisode… (Dont, au passage, les institutions précitées entendent, unanimement, sortir… à crédit).
Bon ! Et alors ?
Le recours au crédit est devenu la source d’énergie fondamentale du système capitaliste.
Sa fonction première est évidente : il s’agit de pallier l’insuffisance de la rémunération du facteur travail afin de préserver la solvabilité des marchés.
Le système économique capitaliste est désormais planétaire, il ne peut plus fonctionner sans le recours au crédit.
Il devient indispensable de re-convoquer le concept marxiste de paupérisation.
Ne plus pouvoir acquérir les services et les biens proposés, ou imposés, par le système capitaliste (téléphone portable ou facture d’eau), pour seule et unique cause d’insuffisance des revenus de son travail, condamne inexorablement ce mode de fonctionnent et, pour le coup, « naturellement » et « théoriquement ».
La recherche du profit maximum ne peut plus être mise en œuvre sur un marché devenu insolvable… elle n’a plus de sens (pour s’en convaincre, voir le sort fait aux pays sous-développés, pardon, en voie de développement, pardon encore, émergents…).
La « béquille » du système a, bien évidemment, été le concept du crédit.
Une fois la limite atteinte, et c’est le cas, il devient, pour le système capitaliste, extrêmement périlleux d’envisager une solution pérenne pour assurer sa survie.
La dangereuse improvisation qui consiste à reporter sine die le remboursement de son financement sur les générations futures, pourtant unanimement adoptée, ne paraît pas de nature à garantir la réalisation des objectifs d’un système certes devenu vendeur de « roses » mais plus seulement.
Comment, dans de telles conditions, croire ou espérer en une réponse politique « traditionnelle » ?
Il faudrait pour cela disposer d’un tel capital… naïveté, l’investir avec un tel angélisme, que les limites de la crédulité populaire seraient repoussées au-delà du néant même.
La réponse est néanmoins légale, il devient nécessaire et, désormais, totalement indispensable de refonder la république de manière révolutionnaire.
Seule une constitution républicaine radicale fixant, sous la forme d’une loi unique, claire et détaillée, les règles, a minima, de l’organisation sociale est de nature à répondre aux réelles aspirations populaires, à restaurer la dignité et la responsabilité du citoyen.
Seule une nouvelle constitution en « impossibilisant », les comportements aberrants de tous les acteurs sociaux (consommateurs inclus) est de nature à amorcer un véritable changement d’orientation économique dont la « croissance » (qu’il convient de traduire par fuite en avant consumériste) ne serait plus le moteur.
Ce monde est à hurler !