Est-il possible de définir une politique nationale différente de celle désormais opérationnelle : réformettes symboliques sur fond d’austérité, avec pour objectif défini et clair : la contention des déficits publics ?
Est-il possible de définir une politique européenne différente de celle engagée, continuité sur fond de mutualisation des dettes assorti de mécanismes de régulation et autres dispositifs fédéralisés de fait ?
L’état français est-il maître de ses choix ?
Le contenu des éléments politiques présentés semble répondre sans ambiguïté, par la négative, à ces questions.
Les circonstances et le choix de l’Europe imposeraient un pragmatisme inéluctable, une politique contrainte, obligée et circonstancielle.
On prend les rênes, sans changer de cheval, et on continu la course, en avant, pour, un jour, bientôt, galoper vers la « croissance ». En attendant on marche, certes au pas, mais dans le bon sens celui du système économique dominant.
Qui pourrait contester la très inquiétante dérive des dépenses publiques, la dangerosité de la dette globale accumulée ?
En dépit de l’analyse d’un ancien premier ministre (F.Fillon) concluant que les sujets de la république avaient tendance à regarder la situation par « le petit bout de la lorgnette » (c’était au moment du creusement insensé de la dette de « soutien » qui allait conduire à un endettement à hauteur de 83% du P.I.B…), vouloir réduire l’une et l’autre parait néanmoins relever du simple bon sens.
Tout le mystère vient du fait qu’effectivement, et bien que regardant, cette fois, par les deux bouts de la lorgnette, on peine à voir comment, même à supposer que la « croissance » soit un objectif viable et légitime, il est possible à atteindre en recourant aux mesures et « mesurettes » présentées par l’exécutif.
Réduire prioritairement l’énorme dette accumulée constitue le tout premier devoir de ceux qui en ont la charge.
Il ne s’agit pas ici de se contenter de rembourser les intérêts de la dette, faramineuse, contractée afin de soutenir les marges des acteurs du système économique dominant en s’auto-glorifiant de le faire, de tenter de le faire, en maintenant un déficit annuel « satisfaisant ».
Ce n’est pas en « absorbant » un budget de remboursement d’intérêt supérieur à celui de l’Education Nationale que l’on démontre une volonté de changement…
Une dévaluation, longtemps arme absolue, n’est pas à l’ordre du jour et sa dilution désormais « européenne », n’en doutons pas, la priverait de ses conséquences mécaniques.
La « croissance » est tellement « repliée » que même les plus optimistes ont renoncé à spéculer sur son devenir.
Augmenter significativement les rentrées fiscales est donc la seule solution opérationnelle.
La TVA représente à elle seule l’impôt le plus productif.
Son rendement peut être très sensiblement amélioré.
Pas question ici d’en augmenter le taux, supportée par les consommateurs, l’incidence d’une hausse, tant sur le pouvoir d’achat des ménages que sur le taux d’inflation, aurait, c’est évident, des conséquences pour le moins dommageables et constituerait ainsi une erreur économique consternante.
Par son mécanisme, les états adeptes font, en permanence et depuis sa création, un « cadeau » proprement phénoménal aux entreprises : ils les autorisent à « récupérer » cet impôt sur la totalité de leurs achats, investissements inclus…
En ramenant le taux de cette TVA déductible (par exemple de 100% actuellement à… 0%), un simple calcul permet de constater une fonte non seulement de la dette accumulée, mais ainsi d’effacer le déficit budgétaire annuel.
En quoi pénaliser les entreprises dont l’activité consiste à acheter pour revendre ou pour assembler, est-il dommageable ?
Cette colossale et institutionnelle subvention de leurs marges et de leurs profits est à réintégrer de toute urgence au budget de l’état, mais Europe oblige, pour la partie concernant les achats, quels qu’ils soient, à des pays tiers (hors UE) en renonçant au passage, à la supercherie de l’achat en franchise de TVA dans le cadre des soi-disantes exportations…
Une si légère modification de la politique fiscale pourrait ainsi régler un problème particulièrement préoccupant, en rétablissant en outre un semblant d’égalité de traitement entre les consommateurs finals et les « consommateurs intermédiaires » que sont, majoritairement, devenus nos pseudos « industriels » français pour lesquels ils est clairement beaucoup plus rentables d’assembler, quand ce n’est pas de revendre purement et simplement, des finis et semi-finis d’origine asiatique et de fait principalement chinoise…
Il y a, cependant, un obstacle majeur à l’utilisation de cette arme absolue et radicale.
La mettre en oeuvre serait négliger : « compétitivité », « croissance », « concurrence », « productivité », « capacité d’innovation »… de notre appareil national de production…
Une « consternante hérésie économique », en somme, qui nierait en bloc les faux-nez du capitalisme marchand... et frapperait immédiatement et sans échappatoire les marges commerciales proprement scandaleuses de nos « marchands » sans vergogne… qui profitent éhontément
Et si, au-delà de reflexes purement et stupidement comptables on prenait en compte les conséquences de la véritable mutation du système économique dominant : à savoir de l’industrie au commerce (et certainement pas à la finance comme on est beaucoup trop tenté de le croire tant il est partout seriné que la crise est « financière »…alors qu’elle est exclusivement systémique…).
Ce n’est qu’à partir d’une situation ainsi assainie qu’il deviendrait alors, peut être, possible d’envisager une politique qui serait autre chose qu’une gestion de crise à (courte) vue…
Ce, bien évidemment, à condition de revoir des choix politiques parfaitement asservis aux intérêts du marigot de la grande connivence ou trempent ensemble vrai droite et pseudo gauche…