Ce n’est pas pour nous vanter mais, chez nous, on ne fait pas de crèche à Noël, à la fois par conviction et pour cause d’exiguïté : les cadeaux enfin disposés sous le sapin, c’est tout juste s’il reste de la place pour un chat. « Un félin sous le sapin », c’est une tradition instaurée par la reine, que dis-je, l’impératrice Quinine. Cette année, soit dit en passant, Halloween, ex-SDF recyclée en fauve domestique, s’est portée volontaire :
Ce petit préambule pour vous assurer que je ne veux certainement pas me poser en expert de la nativité. Comme tous les profanes, je n’en connais que le côté attendrissant de ce bébé dont les parents, chassés de partout – si j’ai bien compris, hein… –, n’ont trouvé qu’une étable pour s’abriter. (Je serais un gauchisse trotsko, ni une ni deux, je me risquerais à évoquer les Tsiganes, les SDF, tout ça. Et j’ajouterais que la dégaine d’Hortefus en toge de préfet romain, ça doit valoir le déplacement jusqu’à Bethléem.)
J’arrêterais donc là ma méditation sur les crèches et les divins enfants, sonnez hautbois etc., si je n’étais pas tombé, dans le Canard enchaîné du 15 décembre, sur cet extrait du Journal de Carla B.(1) : « En quelques gestes, j’ai conquis un sous-continent [l’Inde] : prier pour avoir un héritier mâle, faire des mamours à Mon Dieu viv… » Prier pour avoir un héritier mâââââle ?!? Dites, y compteraient pas nous faire un enfant dans le dos l’an prochain, ces deux-là ? Façon « Après Disneyland, le conte de fées se poursuit avec la Crèche élyséenne… » ? Et que je te pouponne le mouflet tout en faisant campagne pour la présidentielle, dans l’espoir de glaner chez les bons Français attendris les voix que mes politiques d’extrême droite ne sont pas parvenues à soutirer au Front national.
Je vois d’ici tout un monde de petits santons avec, en vedette, une Carla B. à contre-emploi en Vierge Marie (sans la guitare, Carla, sans la guitare) ; Lefebvre Frédéric ferait lou ravi et, comme la période est aux économies, le jeune père pourrait tenir à la fois son propre rôle et celui de l’âne (2).
(1) Tenu, en réalité, par Frédéric Pagès, à tout seigneur, tout honneur, non mais sans blague !
(2) Je demande sincèrement pardon aux ânes, je le jure, mais c’était trop tentant.