Monsieur le Président de la République, et je dirais même plus : camarade,
Quand je t’ai vu tout mouillé et tout stoïque dans ta DS, je me suis dit : « En voilà un qui a du cran, pas comme l’autre guignol malfaisant qui ne sortait jamais sans son parapluie blindé, même par grand soleil. » Je ne m’étais pas trompé.
Parce qu’il en faut, du cran, camarade, pour allonger tout un billet de vingt euros aux smicards, et surtout aux smicardes, par les temps qui courent, avec le grand capital au bord de la crise, les banques dans la mouise (la rime, c’est pas fait exprès), tout ça. Je trouve même que c’est beaucoup : tu n’as pas peur qu’ils aillent les boire et ne sombrent dans la crapule ? Ou pire, qu’ils se chopent des goûts de luxe ?
J’en connais d’autres à qui il va falloir du cran, maintenant : je pense à tes copains socialos qui vont devoir expliquer au bon peuple obtus et ingrat que le PS est vraiment de gauche, que le vote utile, c’est de gauche (et même républicain de gauche), que les lobbies du gaz de schiste sont de gauche, que le bouclier antimissiles de l’oncle Sam est de gauche, que l’exploitation de l’uranium au Nigeria, c’est de gauche, que Valls et ses flics expulseurs sont de gauche, que le placement des mômes dans les centres de rétention, c’est de gauche, et j’en passe, et des moins bonnes.
Je suis content de ne pas être au smic, parce que la charité, très peu pour moi. Mais si je l’étais, je sais bien ce que j’en ferais, de ton billet de vingt : j’irais le transformer en pièces jaunes que je te balancerais sur la tronche à la première occasion pour t’apprendre à mépriser les travailleurs. C’est pour le coup que tu aurais besoin d’un parapluie, camarade.