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Billet de blog 28 novembre 2010

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Snus nous fait son pseudo-Othello

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Il m'avait dit que non, que, contrairement à ce que je pensais, il n'était pas chaud à l'idée qu'on placarde son museau sur la Toile. C'est un placide, Snus [à prononcer « snouz »], un norvégien de Marseille doux et caressant, qui s'entraîne comme un forcené parce que son rêve, c'est de devenir champion du monde de sieste toutes catégories. Ben oui, toutes catégories : il y a la sieste sur canapé ou sofa, la sieste sur édredon, la sieste au soleil, et les variantes : la pelotonnée, la vautrée, la « quatre fers en l'air »...

Et pourquoi qu'il veut être champion, môssieu Snus, hmmm ? Pour la gloire ? Pour l'argent ? Pour fêter ça au Fouquet's ? Pour se taper des top-models de chez Friskies ? Pas du tout du tout du tout : le bling-bling, le pîpeul, le papier glacé des Voilà-Voilà et des Gloseur, très peu pour lui. Tout ce qu'il veut, Snus, c'est épater Cocotte, la séduire, la bluffer, vu qu'il éprouve pour elle un amour platonique mais vibrant, et ce qu'il préfère dans son entraînement à la sieste, c'est quand Cocotte, pour l'encourager, s'entraîne avec lui. Et à les voir sereinement allongés l'un contre l'autre sur le canapé du bureau tandis que Quinine, perchée sur le rembourrage du dossier, les chronomètre, on se dit que si jamais il le décroche, son titre de champion, il ne l'aura pas volé, et on se dit aussi que Cocotte mériterait bien la médaille d'or des entraîneuses de sieste. (Quinine, elle, ne vise aucun titre : elle excelle en tout.)

Mais ce matin, en feuilletant distraitement Mediapart, l'athlète a appris de Maia la Barcelonaise qu'un petit Lixu n'était pas insensible au charme et aux charmes de Cocotte. Et son sang n'a fait qu'un tour (de piste), à l'athlète : il a planté a) ses deux grosses pattes sur mon avant-bras, avec juste le bout des griffes qui dépassait et b) ses deux yeux dans les miens, avec juste quelques éclairs autour des iris (un avertissement amical, quoi), et il m'a dit très calmement, mais avec beaucoup de fermeté dans le feulement, qu'il n'était pas jaloux mais qu'il voulait, illustration à l'appui, dissuader quiconque d'entraîner son entraîneuse hors du droit chemin. Et quand je lui ai demandé s'il ne craignait pas de se comporter comme un vulgaire président de la République face à des marins-pêcheurs, « tu sais, Snus, ce côté un peu ramenard du mafioso à gardes du corps », il a regardé vite fait si Cocotte n'était pas dans les parages avant de me murmurer à l'oreille (et chaque fois qu'il me fait ça, ses moustaches en guidon de vélo me chatouillent) : « T'as rien compris, eh, collègue, c'est juste pour frimer un peu ! »

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