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Billet de blog 30 novembre 2010

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« “Chat d’gouttière”, “chat d’gouttière”… Non mais, franchement, est-ce que j’ai une gueule de chat d’gouttière ?! »

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Mimi, ancienne chatte de gouttière

Une lectrice que je ne connais pas mais qui se reconnaîtra peut-être et que je peux qualifier d'assidue parce qu'elle a lu au moins deux des quatre, et bientôt cinq, billets de mon jip (journal intime public) – de mon blog, quoi –, a cru bon d'assimiler Monsieur le Président de la République française – Nicolas Sarkozy, quoi – à un chat de gouttière, et même à un chat de gouttière « dégradé », parfaitement. Et le comble a été atteint lorsqu'elle a ajouté que tout le monde pouvait mal tourner.

Loin de moi l'idée de me faire l'interprète ou le relais de l'indignation que cette comparaison, non, cette assimilation n'aura pas manqué de susciter chez M. le Président, qui est bien assez grand, si l'on veut, pour se défendre seul : on l'a vu quand il s'est mesuré (je ne le fais pas vraiment exprès) à de pauvres cons qui faisaient rien que glander au Salon des Culs de Vache et des Terrines de Terroir ou ailleurs. Mais enfin, de la même façon qu'il emploie à grands frais des nègres à plein temps pour lui écrire des choses sur les hommes africains qui n'ont pas encore trouvé la porte de l'Histoire, il pourrait s'inspirer librement et gratuitement du petit canevas suivant la prochaine fois qu'il ira causer dans le poste :

Le journaliste [couché, comme il se doit] : Monsieur le Président, not' bon maît', le buzz du moment, ce sont ces propos extrêmement désobligeants à votre endroit... On vous aurait traité de, pardonnez-moi, je cite, de : « chat de gouttière » ?

Nicolas Sarkozy [l'œil pétillant et le sourire acéré :] Oui, c'est qu'est-ce que j'ai entendu dire : une liseuse de la presse à la ligne troskisse m'aurait comparé à un chat d'gouttière. Alors, là, j'lui en veux pas, hein, chuis très calme, mais est-ce que vous pensez vraiment qu'les Françaises et les Français, hein, y m'auraient élu à l'Élysée pour faire chat d'gouttière, hein, non, mais, franch'ment, hein ? J'ai envie de lui répond', à cette dame, par une alluvion cinémathèque... Oui, depuis qu'ma femme, Carla, fait du cinéma, j'ai un peu abandonné les bouquins pour me cultiver en salle obscure, comme on dit. Donc, j'vais lui faire une alluvion cinémathèque, à la troskisse : c'est une révérence à un film de Marcel Carmet, sans doute le père de Jean, faut dire que le népotisme, y a pas qu'en politique, hein, donc, un film qu'il s'appelle Drôles de dames, y a même eu plusieurs rimèques, et j'vais m'permett' de paragrapher l'actrice, je me souviens plus bien qui c'était, Arlette ou Annette quèqu'chose, mais bon, et je dis à la troskisse, là : « Chat d'gouttière, chat d'gouttière, non mais franch'ment, hein, franch'ment, est-ce que j'ai une gueule de chat d'gouttière ? Hein, franch'ment ? »

Et pendant ce temps-là, les Mimi, les Minet, les Minou, les Minouche et les Manouche, les sans-nom et les sans-droits, les éclopés qu'on balance des voitures, les malades qu'on abandonne, les surnuméraires (ceux que quand y en a qu'un ça va, mais...), ceux qu'on chasse à coups de pierre ou de bâton, qu'on laisse crever sur le trottoir, qu'on reconduit à la frontière, qu'on déloge, qu'on persécute, qu'on exécute, qu'on dépouille et qu'on dépiaute, ceux qu'on empoisonne, les trop vieux pour être nourris, tous ces chats des gouttières, des caniveaux, des rigoles, des toits percés, des taillis, des taudis, des abris de fortune, des terrains vagues, des poubelles et des vieux bidons dont on fait des villes, tous ceux-là se regardent effarés et crient en chœur : «“Sarkoziii”, “sarkoziii”... Non mais franchement, est-ce qu'on a des gueules de sarkoziii ?! »

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