Et pourtant, aucune alternative politique ne naîtra si nous sommes scotchés à l’actualité, en perpétuelle réaction, toxico des nouvelles et déclarations, en manque de drames et d’indignation, tombant en quasi dépression dès qu’on ne parle pas tous ensemble du même dernier scandale.
Nous avons beaucoup de mal car nous sommes heurtés par le fond et la manière des projets de ce gouvernement, comme ceux des précédents d’ailleurs. Il faut bien se l’avouer, il y a une sorte d’adrénaline lorsque l’on se sent vivant dans l’action en s’opposant et en ferraillant du bout de nos comptes twitter, pétitions « change », hashtags, tribunes, lettres ouvertes, etc. C’est bien meilleur pour l’égo et bien plus satisfaisant immédiatement que l’action de fond, dans l’ombre, petits pas par petits pas.
Quels sont les résultats de ces mobilisations que nous aimons tant ?
Sur le moment, il peut y en avoir quelques uns. D’ailleurs certaines petites victoires sont même intelligemment concédées par les gouvernants. Après un recul gouvernemental, on est content, on rentre à la niche. Pour mémoire la dernière grande mobilisation était le CPE. Il y a 10 ans ! 10 ans de niche. 10 ans de rien. Et pour quel résultat ? Pareil. Rien.
Nous ne cessons de perdre toutes les batailles : paradis fiscaux, libertés fondamentales, énergies fossiles, environnement, social, paix, conflits dans le monde, etc…
Ces batailles successives ne résolvent rien. Malheureusement. La lente agonie de la démocratie représentative se poursuit. Les gouvernants ont sacrifié ce pouvoir essentiel au fonctionnement de la démocratie : le pouvoir législatif. L’agenda est entre leurs mains. Nous perdons un temps fou à nous mobiliser sur leurs textes qui passent complètement à côté de la plaque des solutions dont nous avons besoin. La loi travail en est un bon exemple. Protéger, défendre c’est bien, essentiel, anticiper la fin du travail tel qu’on l’a connu, c’est mieux. Autant passer directement au sujet Revenu de Base.
Les joutes gourvernementales-parlementaires-citoyens sont un jeu de dupes : on y joue un débat, l’affrontement et la concertation sociale, alors que dans nos Parlements les décisions sont déjà prises et verrouillées. Toutes les décisions sont en faveur de la surveillance de masse, des banques et des multinationales. Ca peut paraître un peu caricatural, c’est pourtant le cas.
Pour celles et ceux qui veulent participer au renouveau démocratique, c’est l’heure des choix.
- Switcher plusieurs fois par mois de thématiques, devenir des activistes professionnels, sauter sur toutes les « luttes », passer de l’une à l’autre, et devenir une sorte de néo-militant-multicarte de la mobilisation citoyenne. C'est jouable, respectable, mais c'est un choix qui empêche le second.
OU
- 1/ Faire confiance à celles et ceux dont c’est le travail de plaidoyer de se battre contre ces lois iniques, les soutenir financièrement en leur assurant les moyens de faire leur travail indispensable dans les meilleurs conditions et relayer leurs campagnes lorsqu’ils ont besoin d’exposition médiatique.
De mon côté, j’ai choisi de soutenir de différentes manières par exemple : la Quadrature du Net, Greenpeace, le Collectif de l’éthique sur l’étiquette, Bloom, Sherpa, Finance Watch, Wikipedia, Terre et humanisme entre autres.
+
2/ Une fois fait, nous pouvons / devons enfin consacrer notre temps pour construire l’avenir que nous souhaitons voir advenir :
travailler patiemment le temps long, faire pousser les germes des utopies qui sont déjà en marche, choisir de soutenir lumière plutôt que de combattre les ombres, mettre son énergie à l’abri de toute réaction à chaud et l’insuffler quasi exclusivement dans la construction de nouveaux horizons.
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Je ne crois pas que nous ayons vraiment le choix. La dispersion de nos énergies est mortelle.
C'est aussi une sorte de fuite sans fin pour ne pas faire face à nos responsabilités.
Notre temps est précieux.
L’invention de nouvelles voies politiques devrait nous intimer discipline, acceptation du labeur souvent ingrat, des plaisirs simples sans excitant, et une grande concentration.
C’est notre seule chance de parvenir à construire des fondations assez solides d’une civilisation nouvelle.
Le reste n’est qu’écume.