Alors que les démocraties occidentales périclitent les unes après les autres, s’effondrent lentement mais sûrement, produisent le pire, démontrant l’incapacité de l’homme à protéger la planète et ses habitants, je te vois, je t’observe, je nous observe, j’ai envie de rire, mais je finis en larmes.
Le spectacle que nous nous offrons m’inspire à la fois une tendresse infinie et un sentiment de pitié.
C’est reparti pour un tour. Tu te transformes en pom-pom girl, en petit soldat-chair à canon sur les marchés de France et sur les réseaux sociaux.
Ah bravo, tu as choisi un camp. Le sien. Ou celui de l’autre là. Tu te brouilles avec tous tes potes qui sont pas d’accord. Mais tu t’en fais plein d’autres à travers la toile, tu rejoins une nouvelle meute. Qui durera, je préfère te prévenir, le temps de la campagne. Au lendemain du 2ème tour, t’inquiète, les français seront de nouveaux unis pour gueuler pendant 5 ans. Tu passeras de l’illusion d’avoir fait l’élection à celui de la réalité très froide : tu n’en as été qu’un téléspectateur.
Alors que tu t’éloignes de tes amis, à force d’insulte et de méprise mutuelle, créant des fêlures irrémédiables entre vous, tu ânonnes des slogans, des mots valises, des concepts. Ouais, hein, toi, tu t’engages.
Tu fais du commentaire à longueur de journée à l’instar de tes nouveaux maîtres, qui manient les slogans publicitaires comme les meilleurs vendeurs de lessives (pas étonnant, ce sont les mêmes agences de com).
Tes champions manient comme personne les algorithmes pour construire des programmes, des punchlines, de vrais as du marketing électoral, des bases de données, des instituts de sondage, sans JAMAIS RIEN produire de
concret, ni expérimenter, ni s’appliquer à soi-même, en ayant l’impression de sauver le pays. On rêve. Leur impact sur le PIB, sur le PNB, sur le Produit national de bonheur : le néant. Quand il n'est pas négatif.
Alors oui, ça brille, il y a la télé, il y a des promesses de mesures, de postes, d’investitures (où tu vas t’entretuer avec tes nouveaux copains dès demain matin, tu verras ça dans le prochain épisode), peut-être que tu passeras lors d’un meeting sur cette chaîne d’info en continu dans le panel du fan club, « whaouuu, maman j’suis passé à la télé », enfin, tu as l’impression d’exister. De compter. La névrose qui relève de la psychiatrie des candidats à la présidentielle gagne peu à peu la population, on a l’impression d’être chez les malades de José Saramago, dans l’Aveuglement, quand la population est touchée par la cécité dans pandémie inexpliquée. Je crois que le vieux prix Nobel de littérature portugais, paix à son âme, parlait de nous. Je le réalise avec effroi.
Cet après-midi de meetings en continu, je refuse de regarder vous exploser sans rien dire. Parfois je trouve tout ça marrant. Nos tchatches politiques trompent l’ennui. Les joutes verbales comblent le vide intersidéral de nos sociétés de l’hyper connexion, de la fuite de responsabilités, du déni de notre inaction devant le monde qui crève
littéralement.
C’est vrai, j’adore quand nous parlons politique, on partage collectivement cette passion, comme les supporters de l’OM pour le foot, et je trouve ça beau, mais là, amplifié par la toile, par les conneries marketing des uns et des autres, où les mots n’ont plus aucun sens, où les foules cherchent des maîtres ou des messies, cet après-midi, oui je vais te dire ce que j’ai sur le coeur.
J’ai beaucoup de tendresse pour toi car j’ai été toi. Il y a 10 ans pile.
Je te comprends, et d’ailleurs quand je suis épuisée, parfois, je me dis que c’est tellement plus facile de l’autre côté, de ton côté. C’est tellement plus confortable d’attendre de quelqu’un d’autre qu’il te guide, de se mettre dans sa roue et de le supporter. C’est tellement grisant la télé, les plateaux, les meetings, comme les passionnés du
turf ou de la ligue des champions. Plutôt que de se confronter à notre petitesse, notre nudité devant l'ampleur de la tâche.
J’ai mis 6 ans à comprendre ce qui merdait à l’époque. 6 ans. Je me suis débranchée en 2008. Après le traité de Lisbonne. Marqueur indélébile pour moi. À mes yeux, la démocratie était morte. La démocratie représentative. Impossible de cautionner cette trahison gigantesque des citoyen.ne.s.
Et je croyais qu’on avait tous un peu compris, à force, à différents moments, que nous ne voulions plus faire la claque, participer à ces combats de gladiateurs série B, des feux de l’amour, du Dallas français.
Bah non, comme des toxicos, inexorablement, après avoir gueulé, manifesté, signé des pétitions, hurlé, tempêté, balancé des pavés, tous les 5 ans, ceux qui avaient dit « plus jamais » sont au rendez-vous de la star ac élyséenne.
Même toi le bon copain qui n’es pas inscrit sur les listes électorales, qui te fous de la gueule de tous les électeurs à longueur de temps, tu leur craches dessus tous les jours depuis 10 ans, tu te mets à faire campagne pour un de ces clowns. Tu dis, « moi je ne voterai pas (hein parce que je suis trop rebelle et trop cool), mais je ferai voter ». Tu crois pas qu’y a un problème là ?
Au fond on le sait. Aucun de celui (celle) qui sera élu.e n’aura les leviers nécessaires pour accomplir la moindre promesse. « Mon ennemi c’est la finance ». Ah, ah, ah, rappelle moi qui détient la dette publique, rappelle moi qui le même gars nomme ministre de l’économie (Le premier, le second ? Le troisième je sais même plus qui c’est).
Ah oui, les seules lois qu’ils peuvent encore faire, c’est les lois sociétales, parce que la finance se contrefout des histoires d’égalité de tous les couples devant le mariage, et les lois sur la sécurité parce que le seul mini pouvoir qu'il reste aux gouvernants, c'est de mettre sur écoute tous les citoyens, hein, c’est encore les patrons).
Le reste. Nada. Sont à poil devant les GAFA, les paradis fiscaux, les pollueurs et empoisonneurs de toutes natures…
Je te vois, tu te donnes corps et âmes, devenant le militant qu’habituellement tu exècres, et tu pleures quand ton champion est rattrapé par des affaires, les déclarations hallucinantes, des lignes jaunes et des lignes rouges franchies non parce qu’il est plus pourri qu’un autre, mais parce que c’est un usage si répandu qu'il est encore toléré. Folie, à l'heure des lanceurs d'alerte, est-ce bien raisonnable ? Les infos soigneusement passées sous silence sortent enfin. Ça te surprend. Tu te répands sur les réseaux sociaux. Tu hurles au complot.
Alors que la veille tu cognais comme un sourd sur l'équipe d'en face pour les mêmes raisons, sur une autre affaire. Que « c’est vraiment pas juste ces médias », alors que ton champion en use, en abuse, jusqu’à l’écoeurement. 100% les mêmes recettes marketing de l’extrême gauche à l’extrême droite, tout l’échiquier politique, comme un seul homme, mû par la même stratégie d'une personnification anachronique : le champion fait le maximum de couvertures de journaux, le maximum de meeting en se pavanant telle une star sur scène, avec toujours les mêmes crétins derrière (j’en fus, te vexe pas) : de tous les âges de tous les sexes, de toutes les couleurs, qui servent de cautions, censées représenter le « peuple ». Les chaînes d’info qui diffusent le tout en live, et que tu les dénonceras demain matin en hurlant quand ils oseront mettre en cause la probité de ton candidat adulé. Tu te fous de moi ?
Tu veux que je te dise, j’en ai mal au coeur, mais nous sommes des voyeurs. Le spectacle est haletant, l’odeur du sang, il y a une sorte de mini révolution française soft à travers ces primaires, c'est pas inintéressant cette façon de dégager les apparachiks, de couper des têtes sans guillotines. Mais malheureusement c’est superficiel. Vide. Comme si c’était les têtes qu’il fallait couper. Tu n’as pas compris depuis le temps que c’est pas les gens, c’est le coeur du réacteur qu’il faut changer. Les règles du jeu. Ces gens "vus à la télé" ne sont que l’écume. Le problème est structurel, c’est pas une question de personne.
Minable télé novela, qui nous excite, programme de divertissement, d’entertainment, et comme dans Kohlanta, nous nous délectons des trahisons, des rebondissements, toujours plus glauques. Comme dans un porno. À la fin on se sent sali. Moi je me sens salie. Mon pays est sali. Aux yeux du monde entier. Aux yeux de mes gosses. Aux yeux des générations futures.
C’est un torrent de boue qui se déverse sur nous tous les 5 ans, entre les histoires de viol, de cul, de fraude, de fric volé, de paradis fiscaux, de marchands d’armes, de main mise sur les médias, de corruption quotidienne, banale et normale.
MAIS RESPECTONS-NOUS BORDEL !!
Tu me fais une peine infinie. Tu joues des coudes. Tu veux être sur la photo, dans le cadre de la caméra. Tu veux prendre la vague de ton champion, tu veux en être, hein. Tu veux être ministre, député, sous-fifre, peu importe, tu te prends à rêver. Comme Pierrette et le potau lait. On sait jamais.
Je vais te dire ce que tu fais. Tu te soumets.
Tu n’as aucune prise sur ce qui se passera. À la moindre affaire, tout se casse la gueule, tes heures à bosser pour ton champion, à convaincre des proches, à arpenter les marchés, tu seras humilié. Comme tant d’autres avant toi. Comme tant aujourd’hui, en ce moment même. Ne rigole pas trop, il y a de fortes chances que ça t’arrive.
Tu te crois arrivé ? Lors d’une négociation, ta tête sautera. Parce que c’est bien connu, les bons petits soldats ne sont jamais récompensés. Chairs à canon, dont tout le monde se fout, leurs têtes sautent quand il s’agit de faire les alliances. Regarde-les négocier les circo, comme des vendeurs de voitures volées. Tu n’es qu’un pion. Et même quand tu as ton strapontin, c’est au prix de ta conscience, avant pendant ou après. Renoncement à soi-même. Voilà le programme qui t’est offert. Je ne sais pas s’il y a quelque chose de pire dans la vie. Ce n’est pas ça la politique. La politique n’est pas de broyer les êtres humains et leurs idéaux. La politique est l’art de s’élever, de grandir, de prendre sa part de responsabilité. Pas de la déléguer. Pas de perdre son autonomie de pensée, d’être entravé, de se laisser dominer.
Ces gens-là, pour qui tu invectives la terre entière le cul posé derrière ton écran, depuis 30 ans détruisent la politique. Ils sont comptables de la mort de la démocratie représentative, et alors qu’ils la constataient, de n’avoir rien essayé vraiment. Ils sont coupables de voter pour les français des lois drastiques et pour eux-mêmes des lois
protégeant leur petit confort, leurs petites retraites, l’opacité, la corruption, les conflits d’intérêts. C’est une honte.
Existe-t-il une époque plus corrompue dans l’Histoire de notre planète ?
Le mensonge érigé en système. Partout, tout le temps. Le mensonge en politique, le mensonge pour cacher l’empoisonnement des gens à travers la nourriture par les industriels de l’agroalimentaires, le mensonge devant les implications dans les usines-ateliers qui s’effondrent pour les industries textiles, le mensonge devant les guerres pour des raisons d’approvisionnement énergétiques et la responsabilité des systèmes de surveillance vendus aux dictatures par les sociétés françaises, le mensonge dans la planque de l’argent dans les paradis fiscaux. Le contournement permanent, l’art de la dissimulation, l’art de prendre le gain et de se décharger des responsabilités. C’est si prégnant dans notre ère. C’est complètement flippant ce règne du mensonge sur la planète.
Il y a pourtant de véritables héros. De gens qui font ce qu’ils disent et qui disent ce qu’ils font.
Il en existe partout, sur toute la planète, dans tous les arts terriens : l’agriculture, l’énergie, la finance, la santé, l’éducation, l’accueil des réfugiés, la réinsertion, l’environnement, la révélation de la vérité qui dérange.
Et parmi tous ceux qui commentent et à qui j’adresse cette missive, tu fais partie de ces héros. C’est dingue ! Tu es mon héros, je suis admirative de ce que tu fais. Je veux te dire que ce que tu fais est essentiellement plus important pour l'avenir de notre pays et au-delà, que ces connards de politiciens nationaux (pas les dévoués élus locaux, hein), qui n’ont rien fait d'autre de leur vie que d’organiser des congrès, gruger des votes internes, vivre sur le dos de la collectivité en se prenant pour je ne sais qui depuis qu'ils ont 18 ans, ou encore se goinfrer avec de l’argent fait le plus vite possible, de manière déraisonnable pour être « indépendant » après, ah, ah, ah.
Toi que j’admire tant, je ne comprends pas comment tu peux tomber dans le piège de te sentir flatté d’être repéré par lui, elle, ses équipes.
Mais si je te comprends. J’ai fait exactement comme toi. Je n’avais pas conscience, ou plutôt je n’avais pas envie de le voir. Quand j’ai compris et admis que je n'étais qu’un alibi, je suis partie. Préférant fermer la porte d’une carrière éclair au chemin de l’ombre mais pour contribuer à mon échelle à un changement culturel. Et j’ai la prétention de croire que c’est vachement plus heureux comme choix ! En tous les cas, quand je te vois après ton passage en politique en mille morceaux après avoir eu un melon de malade, je me dis que l’ombre et le petit pas par petit pas est peut-être une des clés de la joie, si ce n’est le respect de soi.
Peux-tu prendre une minute juste pour te poser la question de l’essentiel ? Peux-tu te regarder en face et admettre que ce que tu fais, c’est ça qui est juste, c’est ça qui est important. Pas les clowneries de la Star Ac tous les 5 ans.
Je t’en conjure, donne de la valeur à ce que tu fais tous les jours. Le reste n’est qu’un mirage. Je te le promets.
Il y a aussi des héros dans la démocratie. Sous plein de formes différentes. Toutes imparfaites, toutes diverses, toutes inspirantes, qui me donnent foi en l’humanité.
Je voudrais rendre hommage à ces femmes et hommes qui sont mes héros de la démocratie.
Les gens de Barcelone, Audrey Tang, Birgitta Jonsdottir, les gens de Pas Sans Nous, les gens de Saillans, Jo Spiegel, les élu.e.s de Loos en Gohelle, les élus des pays d’Europe du Nord exemplaires, du Chiapas, les Sans Terre, les femmes et les hommes qui se lèvent et manifestent devant l’innommable : du muslim ban, au saccage des terres, au pillage des ressources naturelles. La société civile mondiale se lève, subit les mêmes assauts, les mêmes logiques mortifères, nous savons que pour avoir une chance de réussir, il va falloir tendre la main de villages en villages, de continent en continent.
Rendre aussi hommage aux gens de Nuit Debout dont on ne soupçonne pas encore le cadeau qu’ils et elles ont fait à notre génération, au-delà des récupérations partisanes et caricatures médiatiques, invitant le gens à sortir de leur torpeur et de leurs traumatismes, à se retrouver, s’asseoir sur une place pour se connaître, se reconnaître.
Les gens de #MAVOIX qui ont déjà gagné leur pari de débloquer l’imaginaire collectif sur la démocratie et explorant des ingrédients d’expérimentations singuliers, radicaux et créatifs.
Il y a tant de femmes et hommes libres sur nos territoires.
Ces femmes et ces hommes anonymes posent de petites pierres sur une ère nouvelle de la démocratie. Ils ne le disent pas, ils le font. À mains nues, sans moyens, en se contraignant à ne pas faire la course aux médias, au marketing, comprenant que pour inventer on ne peut choisir les mêmes outils et travers que ce qui a pourri le château de cartes qui s’écroule.
Tiens, j’en profite pour vous dire à vous, les illusionnistes de la démocratie, qui utilisent à tout bout de champ les mots « citoyens » à tort et à travers, et qui font du democratic washing à longueur de journée, qui emploient les mêmes mots d’inspirations sincères pour les enfermer dans des logiques fermées, privatisées, volent et agrègent les bases de données et le travail du bien commun, il y aura un temps de parole où nous mettrons tout sur la table. Le moment n’est pas venu.
Mais il viendra. C’est notre devoir collectif d’analyser nos travaux. Sans fard. Je te donne rendez-vous en octobre 2017. Nous aurons tous expérimenté les chemins différents, après nos travaux, nous aurons soufflé et récupéré. Pris le temps de discerner. Nous livrerons un bilan co-écrit pour faire progresser la démocratie.
Nous le devons à toutes celles et tous ceux qui, de plus en plus nombreux, se lèvent pour inventer les prémices d’une démocratie locale et mondialisée à la fois. Leur éviter si possible les pièges tendus, leur faire gagner du temps pour faire advenir une démocratie qui ne fragmente pas, ne divise pas, ne met pas en danger le vivre ensemble, mais invite, accueille, reconnaît les êtres humains comme des sujets, adultes, émancipés, au lieu de les traiter comme des objets.
C’est à leur côté que j’ai choisi d’être, par plaisir, par passion, par goût du bonheur. Après avoir compris le côté destructeur d’un parti, sur la femme en construction que j’étais, mais aussi de la destruction des partis sur la collectivité, mettant en danger même le vivre ensemble. Il y a de ça un certain nombre d’années. J’apprend depuis à rester à ma place. J’espère avoir le courage, la sagesse, la force morale de rester de ce côté-là, une voix parmi mes pairs. De ne jamais sacrifier à l’image et au besoin de reconnaissance, mon intégrité. Essayer l’égo à sa place. Quel programme ;-).
Je vous implore de mesurer combien votre propagande vous paralyse, vous abîme et vous empêche de penser et de créer. De vous révéler à vous-mêmes. L’énergie que vous dépensez à faire vos groupies vous empêche d’offrir le meilleur de votre intelligence à vos contemporains et à l’Histoire. Merde c’est trop con !!
Je suis las des gens qui commentent, qui ne font que bavardage alors que l’époque nous intime de mettre les mains dans le cambouis, d’inventer aujourd’hui le monde de demain.
J’aime les gens qui doutent, j’aime les gens qui essaient, j’aime les gens qui créent !
Toi la boulangère, toi la couturière, toi l’artisan.e, toi l’artiste, toi l’entrepreneur.neuse, toi l’agriculteur.trice, toi l’instit, toi l’associatif, toi l’écrivain.e, toi l'éduc de rue, toi le blogueur spécialisé qui partage tes connaissance avec les autres, toi le.la journaliste d'investigation, la chercheuse, le chercheur, merci de faire le monde plus propre, plus joli, plus habitable. Pour de vrai. Pas le mirage futile et éphémère qu’on nous vend sur écran. Non, celui bien tangible du miracle humain de la rue d’à côté, de l’école d’en face, de l’atelier de couture du quartier, de la MJC, de l’entreprise qui crée en commerce équitable et en bio, du champ en conversion…
J’enrage et je m’insurge devant l’ère de la communication où ceux qui se racontent sont plus importants que les gens qui font.
Hommage à toutes celles et tous ceux qui dans l’ombre font jaillir la lumière, la puissance créatrice, le lien vrai, réel, authentique, d’être humain à être humain, jour après jour.
Pionniers et pionnières de leur époque, héritiers, héritières de celles et ceux du passé, loin des spotlights, ils prennent soin d’aujourd’hui et de demain.
Je voudrais leur dire merci, leur existence m’oblige, nous oblige.
"Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l’impuissance des puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe aujourd’hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité d’influencer l’avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il
est absolument impossible de prévoir quel modèle s’imposera finalement. Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu’il est tout aussi possible de voir s’installer un système d’exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif". Immanuel Wallerstein
Ami.e.s de routes résistantes et créatrices, modestes mais qui existent, c’est un honneur d’essayer à vos côtés. Il n’y a rien à gagner sur nos chemins de rétributions classiques de notre ère « moderne » : ni lumière, ni fortune. Ces chemins nous offrent juste la possibilité de faire notre expérience d’être vivant intensément. D’embrasser l’époque à pleines mains, à plein coeur. Et de pouvoir regarder nos gosses dans les yeux : « j’ai essayé, c’est pas grand chose, mais ça te montre que ça peut exister, malgré tout, malgré les mastodontes destructeurs de vie et d’envie d'en face. Maintenant à toi de jouer. »
Vachement plus gratifiant qu'un strapontin, si prisé soit-il, contribuons très modestement à une culture émergente, un truc qui n’est pas écrit, une avancée si infime soit-elle. Rappelons-nous chacun notre talent créatif, gagnons en maturité, rappelons-nous que les routes de demain dépendent de l'allocation de nos ressources de coeur et d'intelligence.