J'ai rencontré Adnane Tragha par l'intermédiaire de Pascal Gibran lors de la dernière rencontre MA VOIX avec le sociologue Dominique Cardon sur la question éminemment politique des algoritmes.
Ce soir, je découvre la bande annonce toute neuve de son film "600 euros" qui sort en salle en avril 2016. Hâte de le voir tant les sujets abordés me/nous tiennent à coeur !
Ce que j'aimerai encore plus, c'est que nous allions le voir au cinéma à plusieurs et que nous partagions suite à la séance nos ressentis sur cette oeuvre, nos doutes et aussi nos espoirs dont nous sommes porteurs, nous, citoyens, pour ne plus subir mais construire.
A quelle date et dans quelles salles ce film sera diffusé ? Peut-on d'ores et déjà monter un évènement autour avec des citoyennes et citoyens, échanger avec les auteurs et comédiens ?
Ecrit et réalisé par Adnane Tragha
Avec : Adlène Chennine, Lisa Cavazzini, Emilia Derou Bernal, Anaïs Volpé, Youssef Diawara, Max Morel, Adrien Saint-Jore, Foëd Amara, Pascal Loison, Michaël "Weedy" Haustant, Christian Pena Lobaton, Nes Pounta, Boris Gautrat, Julie Schotsman, Mathilde Barriga Verin
Voici le texte de présentation du film par Adnane Tragha, ça promet !
« 600 euros » se déroule durant des élections présidentielles en France. Le film démarre un mois avant le 1er tour et se termine le soir du 2nd tour.
Il s’agit de mon premier long métrage en tant que réalisateur. Un film réalisé dans l’urgence, avec des comédiens motivés, une vraie envie, avec générosité, avec un certain regard…
« 600 euros » fait écho aux difficultés sociales et politiques que traverse notre pays depuis quelques années. Avec ce premier long métrage, j’ai avant tout souhaité mettre l’accent sur des sujets de société qui me semblaient et qui me semblent toujours essentiels : l’espoir que représente une élection, le sens du vote, l’élection vue d’en bas, la désillusion et la défiance du peuple envers la politique et les politiciens, la montée de l’extrême droite, la situation d’un étranger n’ayant pas le droit de vote….mais aussi la solitude, le désert affectif, le sentiment d’exclusion de la société et par opposition le vivre ensemble. Les différents personnages du film oscillent entre espoir et découragement.
Toute la narration de « 600 euros » se déroule durant les élections présidentielles. Le cadre est intemporel, le but est surtout de mettre en scène le désespoir de Marco, ce français qui tourne peu à peu le dos à notre société en décidant notamment de ne plus voter. L’action du film s’ouvre un mois avant le premier tour et se conclut à la fin du second tour sur une scène de liesse populaire filmée dans Paris le soir de l’élection présidentielle. J’ai réalisé ce film sans équipe technique, seul aux différents postes mais avec des comédiens qui m’ont fait don de leur confiance.
Les médias véhiculent aujourd’hui des images plus ou moins formatées de l’abstentionniste, de l’électeur d’extrême droite ou de l’étranger sans droit de vote. « 600 euros » nous apporte un éclairage différent, un regard humain en abordant ces sujets sensibles à travers une galerie de personnages tout en nuances, des hommes et des femmes qui avancent tant bien que mal au cœur de la tempête. Si ces personnes sont abordées de manière frontale dans le film, l’objectif n’était pas de les diaboliser, de les stigmatiser ou des les montrer d’un doigt inquisiteur mais plutôt de tenter une approche immersive pour mieux en appréhender les mécanismes. Comprendre ce qui repousse tant de personnes loin des urnes, comprendre ce qui pousse tant de personnes vers l’extrême droite. Mais aussi, montrer que ces déçus de la politique ont surtout besoin que l’on s’intéresse à eux, que l’on essaie de comprendre la cause de leur choix radicaux pour mieux y répondre.
Enfin, je voudrais vous dire que la façon de faire ce film a été inédite pour moi. Tournage, écriture et montage ont eu lieu en même temps : au moment où les premières scènes du film étaient tournées, les dernières n’étaient pas encore écrites.
Le cinéma est, et doit être aussi, un moyen de témoigner d’une époque, de montrer notre société telle qu‘elle est ou telle que certains, qui ont moins la parole que d’autres, la perçoivent. C’est ce que j’ai tenté de faire avec ce film.