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Des femmes engagée dans tous les partis politiques présents à l’Assemblée des Représentants du Peuple étaient là, venues de tout le pays, ce fut un honneur de les rencontrer et de les accompagner quelques jours (Ennahda, Afek Tounes, Mouvance Tounes Al-Irada, Ettayar, Nidaa Tounes, UPL, Al Moubadara, Popular Front)
Je n’oublierai pas :
- l’immense joie de vie des tunisiennes : malgré un contexte sombre, complexe, j’ai ressenti un profond amour de la vie, qui se traduit par ces sourires francs et forts, illuminant les visages de ces femmes.
la force de caractère : bien décidées à ne pas jouer les figurantes de la construction de leurs forces politiques, elles savent que la démocratie tunisienne a plus que jamais besoin d’elles. Elles ne seront pas des alibis de « modernisation », elles vont peser de tout leur poids, mettant leur intelligence et leur énergie au service de leur pays, en étant candidates, ou en formant et accompagnant d’autres femmes et des jeunes.
- le profond amour pour la Tunisie. Quelles que soient les familles politiques dont elles sont originaires, l’intérêt de la Tunisie est en tout premier plan. L’équilibre du pays est très fragile, et on ne se renvoie pas la balle pour accuser l’autre. Je retiens notamment cette phrase de Noëlle qui, après que chacune ait témoigné des raisons de son engagement en politique, nous disait : « on dirait que nous sommes toutes du même Parti : la Tunisie »
- la lucidité : on se cache pas derrière son petit doigt en Tunisie, on ne se raconte plus d’histoire. La vérité est peut être cruelle, mais elle est corrélée avec un choix voulu : la Révolution de 2011. L’heure est grave et chacun prend sa part. Si la corruption a changé de nature, ce n’est pas parce qu’il y a eu la révolution qu’il faut l’accepter ou le taire. Si les changements concrets dans la vie quotidienne des tunisiennes et des tunisiens se font attendre, rien ne sert de le nier ou de rejeter la faute sur l’autre.
- la capacité à transcender les clivages entre femmes : bien sûr que la compétition des partis est là, mais l’intelligence prime, tunisiennes avant tout, ces femmes savent que pour les droits des femmes, l’éducation, la santé, les droits sociaux, la gestion de déchets, la transparence de la vie politique, le développement économique entre autres, elles doivent se tendre la main, dans le respect de leurs différences.
J’ai ressenti en Tunisie ce qui me fait me lever tous les matins : l’engagement des femmes dans la cité est notre seule et unique chance de nous en sortir.
La démocratie (ou ce qu’il en reste) est en grand danger sur tous les continents. Pas nécessairement pour les mêmes raisons, si ce n’est la corruption à grande échelle plus ou moins cachée et plus ou moins vulgaire et sophistiquée. Sans une profonde mutation de ce qu’on appelle la démocratie, il n’y a plus aucun espoir que la loi du plus fort ne règne sur la planète.
S’il y a bien une chose qui n’a pas encore été tentée, c’est l’invitation à la table des décisions des femmes qui sont la moitié des habitantes de cette planète. Et pour cela il faut changer la structure même du système politique qui a été pensé alors que les femmes n’avaient pas encore le droit de vote.
Ce constat rejoint l’une de mes plus importantes préoccupations du moment : le classement sur la représentation des femmes dans les parlements nationaux dressé par l’Union interparlementaire place la France à La 60ème place (26%). La Tunisie est, elle, loin devant à la 40ème place (31%).
Et la volonté inscrite dans la loi de donner leur juste place aux jeunes de moins de 35 ans dans le gouvernement, à l’Assemblée et dans les mairies en Tunisie est un exemple dont beaucoup pourraient s’inspirer.
Merci Noëlle, Latifa, Selyma, Darine, Hajer, Lamia, Olfa, Rabiaa, Bouthaina, Olfa, Sondes, Hanen, Saida, Saoussen, Kaouther, Rania et Rafika d’être ce que vous êtes. J’ai tant aimé nos échanges qui vont me nourrir au cours de ces prochains mois. Merci d’être venues à ma rencontre et de m’avoir ouvert une petite fenêtre sur vos vies et vos histoires si dures, si belles.
Merci à Idea, ONG suédoise, merci à Soulef, Hamza, Wissal, Marie Claude, et enfin Thierry grâce à qui j’ai eu la chance d’être aux côtés de ces femmes.
Je suis heureuse que vous incarniez avec tellement de sincérité et d’engagement cette génération de femmes de tous les âges qui nous donnent de l’espoir en Tunisie et ailleurs. Je mesure combien, en Tunisie sans doute encore plus qu’ailleurs, assumer les choix qui sont les vôtres demande de volonté au quotidien.
La Révolution tunisienne est pour un grand nombre de jeunes de ma génération un espoir, bien que le chemin post révolution soit inévitablement ardu, risqué, truffé de pièges, trop lent pour faire face à la crise économique qui s’accélère. Les temps sont durs pour celles et ceux qui s’engagent, entre l’Everest à grimper pour construire un nouveau pacte civique et social et les forces obscures, contraires, ainsi que les râles assourdissants et paralysants de ceux qui ne s’engagent pas.
Petites et grandes sœurs de Tunisie, je suis admirative de votre courage, de votre joie, de votre ténacité, de votre intelligence. Je suis et resterai à vos côtés. Par delà la Méditerranée, nos défis sont semblables et proches, merci de m’inspirer tant !

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