Aujourd'hui sort en salles, moins de 10 dans toute la France, le film espagnol de Jo Sol, Vivir y otras ficciones.
Un peu cul serré voici la critique de Pierre-Julien Marest de Telerama
Antonio, tétraplégique, se bat pour le droit à la jouissance chez les handicapés, et installe chez lui un lieu d’assistance sexuelle. C’est alors qu’il rencontre Pepe, tout juste sorti de l’hôpital psychiatrique. Cette réflexion sur la différence et sur la sexualité dans nos sociétés contemporaines, au style proche du documentaire, milite contre le puritanisme galopant. Courageux.
Le courage de M Marest s'arrête là, un simple « on aime un peu »
Heureusement il a des confrères (un peu) plus enthousiastes et (un peu plus courageux...) :
Ainsi Jean -François Rauger du Monde :
Filmé avec ce que l’on devine peu de moyens, ce qui lui confère une authenticité particulière, Vivir y otras ficciones est avant tout une histoire d’amitié. Celle qui unit Antonio, écrivain et tétraplégique, et Pepe, ancien chauffeur de taxi fraîchement sorti d’asile psychiatrique, dans l’attente d’un fils qui ne vient plus le voir.
Antonio tente de mettre au point un service d’assistance sexuelle pour handicapés. Il reçoit ainsi une sympathique travailleuse du sexe dont il utilise les talents pour lui et ses amis. Il est évident que le système qu’il met en place a fait l’objet d’un certain nombre d’objections émises ici par l’assistante de vie d’Antonio, au nom essentiellement d’une certaine conception de la morale.
Le film de Jo Sol constitue ainsi, derrière la singularité de son sujet, une interrogation sur l’émancipation et le refus de se soumettre à la passivité qu’assignerait un corps malade à ceux qui en souffrent. La dimension politique du film réside ainsi dans cette réflexion, dialectiquement énoncée et dans la description d’individualités attachantes et vraies, saisies par un processus cinématographique où les notions de documentaire et de fiction ne seraient pas fortement antagoniques. »
Ou Corinne Renou-Nativel de La Croix :
"Antonio milite pour un service d’assistance sexuelle pour les personnes handicapées, pris en charge par l’État. Ces propos choquent profondément Laura, dégoûtée par l’idée du recours à une prostituée. Pepe se moque ouvertement de cette revendication « politique ». Malgré leurs réticences, Antonio fait venir chez lui Sandra, une call-girl qui considère l’assistance sexuelle à des hommes paralysés comme un engagement.
Ce thème, largement tabou, de la sexualité des personnes handicapées a pourtant été à plusieurs reprises abordé au cinéma. En 2012, Geoffrey Enthoven évoquait dans Hasta la vista, une comédie belge à l’humour décapant, le périple de trois jeunes hommes handicapés vers une maison close en Espagne ouverte aux « gens comme nous. » En 2013, c’est sur un mode plus sentimental que The Sessions de Ben Lewin, Prix du public à Sundance, évoquait la relation entre un paralytique et une assistante sexuelle.
A contrario, Vivir y otras ficciones joue pleinement la carte du réalisme jusqu’à se situer à la lisière du documentaire. « J’ai une histoire à raconter et cette histoire a quelque chose de réel, les faits se sont réellement produits dans la vie de ces personnes », explique le réalisateur Jo Sol. Il filme quasiment sans détour la nudité des corps déformés par la paralysie et les scènes de sexe – au point qu’un spectateur non informé qu’il s’agit de fiction (ou de recréation du réel) pourrait être dérangé par l’intrusion de la caméra dans un moment si intime.
Dans des échanges avec Pepe (Pepe Rovira), Antonio (Antonio Centeno) explique très longuement son rapport au corps et la nécessité d’une sexualité comme vecteur de reconnaissance de qui il est, au risque de rendre le film trop bavard. Néanmoins, s’esquisse le portrait solaire et attachant de cet homme qui n’entend pas abdiquer face aux limites que la vie lui a imposées. Lui répond le portrait, étrangement plus douloureux, de Pepe, sexagénaire désabusé, ancien délinquant passé par un hôpital psychiatrique, et chanteur de flamenco frustré qui ose enfin faire entendre sa voix."
Voilà la messe est dite pourquoi s'extasier pour un petit film dérangeant diffusé en catimini ? Le service minimum est assuré, pas besoin de rameuter les foules puisque il y a peu de salles à remplir et peu de fauteuils à offrir.
Ben moi qui ai vu le film je vous dis qu'il est roboratif et digne du meilleur Almodovar, démentant les infos actuelles qui nous montrent une Espagne en proie aux doutes. Battez vous pour le faire projeter dans vos salles obscures habituelles