"J’aime que le rire résulte de quelque chose que chaque spectateur voit, surprend, comprend individuellement. Que la comédie lui souffle à l’oreille plutôt qu’elle ne claironne. Cela me semble plus conforme à la manière dont on rit dans la vie. C’est la même chose pour l’histoire. Lorsque deux personnages tombent amoureux, on raconte leur fébrilité, leur maladresse, leur désespoir, leurs retrouvailles. Une amitié telle que celle qui lie Anne et Guillaume s’est constituée de choses beaucoup plus infimes. Le spectateur n’a pas besoin qu’ils s’embrassent, se tutoient ou se tapent sur l’épaule à la fin pour comprendre à quel point ils se sont redonnés, mutuellement, confiance en soi."
J'emprunte ainsi au dossier de presse du film « Les parfums » la conclusion de la présentation par le réalisateur Grégory Magne. Elle en résume bien l'ambiance et ne dévoile pas l'intrigue
C'est une comédie avec deux personnages principaux a priori pas rigolos du tout .
Lui, Guillaume, c'est un mec ordinaire, divorcé, obsédé par la garde alternée de sa fille qu'il ne peut obtenir sans justifier d'un salaire lui permettant d'avoir un logement décent. Ce prolo prêt à l'emploi, qui est prêt à presque tout pour vivre avec son enfant a mis sa libido en berne.
Elle, Anne Walberg, c'est une bourgeoise distante dont l'existence semble se résumer à une activité professionnelle originale , celle de « nez ». Elle a été la créatrice de parfums célèbres.
Appelée à se déplacer en province avec un matériel expérimental encombrant elle loue une voiture haut de gamme avec chauffeur. Guillaume va donc faire partie des accessoires de la dame qui ne lui témoigne pas plus de reconnaissance qu'elle n'en témoigne aux valises qu'il doit charrier.
Ainsi débute l'histoire et les déambulations de ce couple contre nature où l'on voit un homme hiérarchiquement soumis à une femme, situation assez rare au cinéma, faire sauter le couvercle de la domination tout simplement en étant naturellement lui. Et elle pourra lui dire merci de l'avoir aidée à se délivrer de la condition de recluse dans laquelle un accident professionnel l'avait psychologiquement enfermée. La situation se dénoue en se concluant non pas par une histoire d'amour mais par une amitié qui permettra à chacun des deux protagonistes de reprendre goût à la vie.
Emmanuelle Devos et Grégory Montel sont les merveilleux protagonistes de cette comédie, car c'en est bien une, jamais pleurnicharde et toujours teintée d'humour mais pas de rire claironnant.