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Billet de blog 17 juillet 2013

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Pierrot l'uchronique

Un mardi de plus, qu'est-ce que j'avale comme videos depuis que la commission de Courson auditionne ! Hier nous avons eu droit à du lourd, trois ministres et pas des moindres.

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Un mardi de plus, qu'est-ce que j'avale comme videos depuis que la commission de Courson auditionne ! Hier nous avons eu droit à du lourd, trois ministres et pas des moindres. Je n'ai pas vu l'intégralité des interventions de Christiane Taubira et Manuel Valls. J'en ai grossièrement retenu qu'ils avaient bien joué leurs rôles, respectivement de Garde des Sceaux combative et soucieuse de justice, de super-flic tout dévoué à se mettre à la disposition des juges dans leurs investigations. A des années lumières des pratiques et des basses manœuvres d'un Hortefeux ou d'un Guéant à l'encontre de la magistrature. En Mai 2012 la Justice et la Police nouvelles sont arrivées, qu'on se le dise ! De bonnes recrues.

Bref, comme on dit chez les machos, une Christiane couillue et un Manuel viril !

Alors Mosco vint. Et là je n'eus pas du tout la même impression, je me suis retrouvé face à un enfant, un bon enfant, un enfant de chœur, un enfant de troupe. Un enfant débitant une récitation, une re-citation, pas très bien apprise, à la mnémotechnique grossièrement accrochée à un terme, l' uchronie et à la référence à un gourou : Bruno Bézard.

Pour ce qui est de l'uchronie je rappelle à Pierrot que le 11 décembre 2012 Fabrice Arfi écrivait :

« Pour gérer son importante fortune personnelle, constituée pour partie d’avoirs non déclarés, abrités pendant des années dans un compte en Suisse, Jérôme Cahuzac s’est adjoint les services d’un homme de confiance, dont Mediapart est en mesure de révéler l’identité. Il s’agit de Hervé Dreyfus, gestionnaire de fortune. Il est celui qui connaît les secrets financiers de l’actuel ministre du budget, selon les éléments recueillis par notre enquête.

Ce n’est pas le genre de choses que l’on fait soi-même, surtout quand on est un homme politique. Pour gérer son importante fortune personnelle, constituée pour partie d’avoirs non déclarés, Jérôme Cahuzac s’est adjoint pendant des années les services d’un homme de confiance, dont Mediapart est en mesure de révéler l’identité. Il s’agit de Hervé Dreyfus, gestionnaire de fortune. Il est celui qui connaît les secrets financiers de l’actuel ministre du budget, selon les éléments recueillis par notre enquête dans l’affaire du compte suisse.

D'après nos sources, c'est avec lui que discute Jérôme Cahuzac, fin 2000, durant une conversation enregistrée par erreur et pendant laquelle le futur ministre du budget parle de son compte chez UBS à Genève, quelques mois avant de devenir maire de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). « Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques », expliquait notamment Jérôme Cahuzac lors de cette discussion d'affaire.

M. Dreyfus, 59 ans, a donné son nom à deux sociétés différentes, mais répondant toutes deux à la même dénomination : Hervé Dreyfus Finance. La première est une société de « prestations de services dans le domaine financier en France et dans tous pays », créée en 1994. À sa fondation, on pouvait trouver au capital de l'entreprise, outre une bonne partie de la famille de Hervé Dreyfus, un influent financier suisse, Dominique Reyl, fondateur à Genève de la Compagnie financière d'études et de gestion, devenue Reyl & Cie en 1988, qui compte aujourd'hui des filiales à Hong Kong, Singapour et au Luxembourg. »

 Ce qu'avançait Fabrice Arfi était considérable et...rapidement vérifiable. Dreyfus , Reyl facile de vérifier qui ils étaient, si, par hasard il ne les connaissait pas avant le 11 décembre. Certes il avait beaucoup de boulot pour gérer son ministère, mais ses services pouvaient prendre une minute pour vérifier les infos d'Arfi. Et de commencer d'avoir des doutes « méthodiques » sur son adjoint Cahuzac, clairement en cheville avec des hommes d'affaires opérant dans un pays à la moralité  fiscale est blanchie sur pré ( prêt ?) pour atteindre la pureté de la neige des sommets. Elémentaire, mais il n'a pas eu le temps de faire, a croire que dans les cabinets ministériels il ne reste plus, depuis Mai 2012, qu'un conseiller sur deux.

Accordons à Pierrot, le droit de penser, le 11 décembre, que l'enregistrement est un faux et que la référence à Dreyfus n'a pas à être vérifiée dans l'immédiat. Mais arrive le 15 décembre la confirmation de l'authenticité de l'enregistrement par Gonelle directement à l'Elysée. Info qu'Hollande, tout à son boulot lui aussi, a sans doute oublié de lui communiquer, mais qu'à cela ne tienne, Arfi, encore lui, le 21 décembre, la donne, ici, à toute la France et donc à lui Pierrot !

Voilà donc un homme accro à l'uchronie, manquant singulièrement de synchronie et faisant bien involontairement des couacs dans la symphonie élyséenne.

Deuxième point de sa défense, le petit Pierrot s'est référé au bétonneur de choc, le grand gourou Bruno Bézard et sa fameuse muraille de Chine. Il s'est un peu mélangé les pinceaux dans son explication, B.B. se targuait d'avoir agi seul, en toute indépendance, pour enclencher la procédure fiscale, et voilà-t-y pas que Pierrot dit qu'il était lui aussi à la manoeuvre !

Surtout Pierrot couvre de fleurs B.B et sa DGFIP. Ils ont été parfaits...pour ne rien obtenir ! M. de Courson tempère cet enthousiasme puéril à l'égard d'une administration qui depuis 2001 que le bruit court dans ses propres rangs, ignore l'existence du compte suisse de Cahuzac, comme un point obstinément aveugle.

Et puis Pierrot, sur de lui,  se défendant d'utiliser des éléments de langage, se paie, puérilement encore une fois, le luxe de faire remarquer au président de la Commission, son ancien collègue à la Cour des Comptes, qu'il a mieux réussi que lui, qu'il est le grand argentier et l'autre simple député...Tranquillement Charles Amédée lui fait gentiment remarquer que pour l'audition c'est lui qui préside et que la connivence d'anciens de la Cour des Comptes ça suffit.

Je ne sais ce qu'en pense le bon Monsieur Claeys, mais à mon avis cet oral ne fut pas brillant.

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