C’était il y a presque 60 ans, à la Pentecôte, en juin, nous sommes partis en Béarn faire la connaissance de la famille de mon futur beau-frère. Deux ans auparavant mon père avait eu son permis de conduire et sa première voiture la cinquantaine passée et c’était son premier long trajet, environ 450 kms de notre petite sous-préfecture auvergnate au village ossalois. Nous étions attendus pour midi et pour être à l’heure nous avions passé une nuit à l’hôtel sur le trajet. Le matin de ce jour de fête ensoleillé nous étions prêts de bonne heure et nous avons réalisé que nous étions en avance et qu’il n’était pas question d’arriver trop tôt chez nos hôtes. Bien que non pratiquante ma mère était encore marquée par l’héritage ultra dévot de sa mère, ma grand-mère et quand, sur la carte Michelin, elle vit que cela ne faisait pas un grand détour de passer par Lourdes elle voulut faire un peu de tourisme religieux, à Tarbes nous avons pris la direction de la cité mariale plutôt que celle de Pau.
Nous avons donc vu la Vierge dans sa grotte et Maman put mettre sa fille vouée à un destin béarnais sous sa protection.
Dévotions faites nous avons repris la route direction la vallée d’Ossau. Nous avons traversé des villages, Pérouse, St Pé de Bigorre dont les rues étaient bordées d’innombrables gîtes pour pèlerins. L’empreinte de la Vierge et de Bernadette Soubirous ne nous lâchait pas et l’apothéose fut le passage à Bétharram avec les immenses bâtiments du pensionnat dominés par l’impressionnant chemin de croix inscrit à flanc de montagne et le portail truffé de statues de saints et de saintes de la Chapelle du sanctuaire.
Ainsi nous avons fait notre entrée en Béarn, et depuis, depuis des décennies nous avons souvent séjourné en Ossau et je m’y suis installé pour ma retraite, il y a 16 ans, à 25 kms de Lestelle. J’ai donc eu le temps de m’imprégner de l’esprit du pays du Roi de Navarre, l’apostat huguenot qui acheta Paris pour le prix d’une messe.
Ici sur Mediapart, dans mon blog que je n’alimente plus guère je me suis jadis adonné à la critique de François Bayrou et de ses proches, l’ineffable Jean Lassalle, son suppléant Barthélémy Aguerre, baron de l’agro business compromis dans l’affaire des faux steaks de l’entreprise Spanghero…Rien de très ragoûtant mais le département en a vu d’autres comme, point Godwin atteint, l’indifférence de la plupart des béarnais des années 40 au sort des détenus du camp de Gurs. Et que dire des proches de Pétain Pucheu et Ybanarnégaray ? Liste non exhaustive, arrêtons là la charge ! Bien sûr le Béarn c’est aussi Bourdieu à Lasseube, Henri Lefebvre à Navarrenx, Marcel Ophuls à Lucq de Béarn, pas de manichéisme !
En fait je n’ai vagabondé dans Lestelle, le village, et Betharram le sanctuaire il n’y a que peu d'années. La visite de ce dernier, par sa monumentalité bondieusarde n’a pu que confirmer mon impression première de 1965, c’est écrasant, difficile à supporter comme est difficile à prononcer le nom du saint local Saint Michel Garicoïts. C’est dans le village que j’eus ma plus grande surprise, le traditionnel monument aux morts représentant un poilu blessé, couché à terre, au ras du sol, est surmonté d’un immense Christ en croix, ce qui me confirme aujourd'hui la justesse du titre du billet de blog de Olivier Esteves du 19 février : « Une hypocrisie française : Bayrou, premier ministre d’une République catho-laïque. » Je pense que ce monument est unique en France. J’ai bien vite consulté la fiche Wikipedia de Lestelle-Betharram pour voir la liste et l’étiquette politique des maires qui ont cautionné cette entorse à la laïcité, et je fus tout déconfit d’apprendre que le maire actuel est PS ! Il est vrai que si l’on creuse un peu plus on apprend qu’il fut élève du grand sanctuaire de son village…
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Mais de tout cela il ne faut sans doute pas parler comme il ne faut pas parler du scandale actuel si l’on en croit ( croix..) les braves gens de Lestelle. Et après tout c’était bien pratique de dire à un ado en difficultés scolaires « Si tu bosses pas on te met en pension à Betharram .. » Mon propre neveu a entendu la menace….
Et que dire du mutisme des membres de la Sainte Famille Bayrou ? Calixte, sa mère et ses frères et sœurs se taisent , seul le pater familias s’exprime. Désormais, Bayrou à Matignon, la république catho-laïque dépasse bien les limites du Béarn !