Le docteur Cahuzac, chirurgien esthétique de profession, n'essaie pas de faire beau en tant que ministre du Budget : les autres ministères devront payer pour l'amélioration de la situation de l'Education Nationale, de la Police et de la Justice. Et Le Figaro n'est peut-être pas loin de la solution proposée par Bercy en envisageant le non remplacement deux fonctionnaires sur trois en dehors dans les administrations non prioritaires. Comptablement c'est incontournable. Et cela entraînera irrémédiablement une rupture non seulement entre la gauche de la gauche et le président mais aussi des tensions dans le PS. Et surtout une rupture entre le fonctionnaire de base et le gouvernement de gauche. Personne ne parie un kopeck sur la durée de l'état de grâce de Hollande !
Simple et modeste citoyen, retraité de la Fonction Publique, du ministère des Finances, je voudrais évoquer une piste toujours ignorée aussi bien par les gouvernements que par les syndicats, celle de la réduction de la masse salariale....des cadres de mon administration d'origine. Je vais faire hurler les miens, car je continue de cotiser à mon syndicat, pourtant cette réduction me paraît être une question de bon sens.
L'Administration des Finances a toujours été une administration très hiérarchisée et celui qui veut y faire carrière doit y être aveuglément, militairement, discipliné. Ainsi il peut gravir les nombreux degrés de l'échelle de la hiérarchie en améliorant substantiellement son ordinaire. Cette administration est la parfaite illustration de la métaphore utilisée par le docteur Dupagne dans son livre « La revanche du rameur », on y compte une armée mexicaine de cadres de tout poil et, à la base, des exécutants, des rameurs, en nombre toujours plus restreint à qui l'on demande toujours plus. Et je suis persuadé que la potion Cahuzac va encore frapper les petites catégories, car, ici, comme dans l'ensemble de la société et comme l'indique Dupagne, règne le mâle dominant. Les hiérarques de tous niveaux n'ont, globalement, d'autre fonction que d'imposer les directives et les objectifs venus d'en haut sans fournir aucun appui technique aux exécutants toujours pressés de faire mieux et toujours pris en défaut par des évaluations toujours plus pernicieuses. Il est évident que le rameur va être de plus en plus solitaire alors que les « cadres », gros poissons, seront toujours substantiellement appâtés et, dans la contestation, muets comme des carpes !
A cet égard il est remarquable que la fusion de la Direction Générale des Impôts et de la Direction de la Comptabilité Publique, au nom de la rationalisation et des gains budgétaires, a profité principalement aux cadres A+ et A++ dont les avantages acquis des uns ont été accordés aux autres. Les petites catégories y ont surtout « gagné » un alourdissement des charges de travail.
Cette situation s'est pérennisée avec l'accord tacite des syndicats dont la plupart sont quasiment tous des syndicats verticaux, c'est à dire regroupant tous les échelons de la hiérarchie. Les organisations syndicales défendent ce système car il crée des emplois de « débouchés ». Ce qu'elles oublient c'est qu'en améliorant la rémunérations de ce qui reste quand même une minorité on dégrade la qualité du travail de tous. Bien sûr le rameur morfle, mais l'état moral des échelons intermédiaires réduits au rôle de carpettes est-il meilleur ?
Vous allez m'objecter que je suis un curieux syndicaliste en demandant la réduction à la fois du nombre de fonctionnaires bien rémunérés et la baisse de la rémunérations de la hiérarchie ainsi réduite. Je n'ai pas les éléments chiffrés mais je pense qu'il serait sain que l'on connaisse les rémunérations de ces fonctionnaires, citoyens et agents de la Fonction Publique devraient en être informés. Un écrasement des rémunérations de toutes natures au bénéfice des petites catégories me semblerait juste. Mon naturel écolo me fait dire qu'au delà d'un certain seuil une augmentation de rémunération conduit l'individu à des dépenses néfastes à l'environnement.
J'ajoute, pour conclure, et en accord avec le docteur Dupagne, que l'explosion du numérique, permet à chaque fonctionnaire de base d'acquérir un niveau de compétence et de conscience professionnelle. Il est patent que la hiérarchie actuelle, obnubilée par les tableaux statistiques, lui apporte de moins en moins cette aide technique.