Alors qu'il a reçu un accueil assez mitigé du public et de la critique j'ai bien aimé Tale of tales de Matteo Garrone. Le premier intérêt était de savoir si ce metteur en scène italien qui a connu un grand succès avec deux films décrivant la société contemporaine du sud de l'Italie, Gomorra sur la maffia napolitaine et Reality sur les jeux télévisés, allait réussir dans l'univers du conte et du fantastique. L'une des critiques faite à Garrone est d'avoir réalisé en anglais un film inspiré par un conteur napolitain du XVIeme siècle, en quelque sorte d'avoir cédé aux sirènes de la mondialisation. Le réalisateur prétend, je pense à juste titre, avoir fait connaître en la vulgarisant, au bon sens du terme, la littérature napolitaine au même titre que des revues de vulgarisation nous donnent des idées sur la science contemporaine. Le pari est réussi, désormais justice est rendue, nous connaissons Giambatista Basile auteur du Pentamerone qui comprend 50 contes dont trois sont ici portés à l'écran : La Puce, La vieille écorchée et La biche ensorcelée. Quelques décennies ou même siècles plus tard Perrault et les frères Grimm ont reconnu devoir beaucoup à Basile. Et Garrone est fidèle à son amour pour Naples.
Pour ma part l'univers des contes recréé par Garrone m'a parlé, j'ai retrouvé mon âme d'enfant devant une imagerie somptueuse, décors et costumes et des thèmes tels que les peurs de l'ogre, des monstres, des sorciers et sorcières, l'identification aux rois et aux reines, aux princes et princesses, mais aussi la difficulté des rapports parents-enfants, le trouble apporté par la gémellité et enfin l'inexorable plongeon vers la vieillesse. J'ai vu la version originale et je n'ai donc pas perdu de la qualité de jeu des acteurs, les dialogues anglais m'ont paru faciles à suivre à l'aide des sous-titres.
La distribution est royale, avec de très grands acteurs :Salma Hayek, Vincent Cassel, John C. Reilly,Toby Jones,Shirley Henderson, Hayley Carmichael, Bebe Cave, Christian Lees : Elias.