Au fil de mes lectures sur les réseaux sociaux et probablement à force d’ignorer la manipulation des media mainstream, j’en suis arrivé à la conclusion que la question palestinienne, pardon, la question de l’occupation de la Palestine, est devenue un facteur de rapprochement des Français de tous bords.
En fait, dès le départ, j’y ai vu - avec mon premier regard de communautariste patenté - une façon, ou plutôt une opportunité entre musulmans de toutes origines, de porter notre arabité et notre attachement à tout ce qui pouvait s’opposer, en cette période d’hystérie collective, en France notamment, à notre manière d’exprimer nos aspirations fondamentales qui ne pouvaient qu’être d’abord « être Français, tout en étant d’origine amazigh ou arabe quelle que soit - ou fût - notre culture identitaire, religieuse ou autre ».
Et puis, progressivement, à force d’efforts de discernement et par-delà les contingences du communautarisme, j’y ai décelé une occasion unique d’une pertinence indiscutable, d’en faire un facteur de rapprochement, que dis-je, de réconciliation entre français de tous bords, quelles que soient leurs origines, appartenances politiques, religieuses ou leurs… appelons cela, leur « certificat d’origine ».
Alors, me réveillant en pleine nuit, je me suis interrogé sur le comment d’une telle conclusion. Aussi simple soit elle, elle était pourtant, pour l’esprit que j’étais, éminemment complexe.
Comment en est-on arrivé là ?
Et là, j’ai réalisé que, par-delà les clivages qui nous opposent, une grande partie de la France reste attachée aux valeurs humanistes de la France originelle.
Je commençais à peine à émerger de mes complexes et autres a priori lorsque j’entendis, pour la première fois de ma vie, M. Jean-Luc Mélenchon, lors d’un meeting aux côtés de Rima Hassan, citer le nom d’un homme politique d’un bord opposé, en l’occurrence M. de Villepin, parmi les noms de ces femmes et de ces hommes qui parlent au nom de la Justice humaniste.
Quelle fut ma surprise, que dis-je, mon émotion, moi qui ai toujours été habitué, depuis mon arrivée en France il y a une tranche de vie déjà, à ce concept de gauche-droite opposées, de voir que la confrontation pouvait céder le pas à l’humain et les discordances et autres différences reléguées au rang de bouderie, cédant le pas à la vérité, la loyauté et la droiture.
Mais j’aurai dû m’en douter. Voir ces jeunes femmes et jeunes hommes de tous bords, de toutes origines et de toutes confessions, défiler massivement dans les rues de France, défier des autorités désabusées par un matraquage cérébral qui n’a jamais porté ses fruits sur une jeunesse, arborant souvent ces keffiehs. Jeunesse inapprivoisable, hardie et fière de fraterniser avec une cause juste.
Quel soulagement de réaliser qu’enfin, cette génération, celle de nos enfants, n’en a cure de celle des boomers dont j’ai hélas, été partie prenante, pour les voir dire non, non…enfin. L’avenir est à vous. Tout comme le retour chez eux des spoliés est inexorablement inéluctable.
Alors je me surprends depuis peu, à rêver d’une autre France. Une France peuplée de Caron, Plenel, Panot, De Villepin, Rima Hassan et autres personnes luttant pour qu’un peuple d’apatrides puisse retrouver le droit au retour sur leurs terres.
Il y a un fait irréfutable, la France est partie intégrante d’un monde unique dans lequel se reconnaissent aujourd’hui une grande majorité de Français. J’entends et je vois des voix s’élever pour porter haut et fort les paroles des leaders brésiliens, sud-africains, colombiens, irlandais et autres.
Tout comme je vois et j’entends les peuples du monde refuser les abominations, les atrocités et la monstruosité qui se poursuivent encore à Gaza, Rafah et sur toute la Palestine occupée. Que chacun exprime comme il l’entend et le ressent, que ce soit Rima, apatride et « encampée » dès sa naissance ou bien Bassem Youssef, Égyptien, banni d’Égypte, hurlant la voix des dépouillés et plébiscité pour son audace et son toupet à railler les spoliateurs.
Et puis, il y a les autres.
Et même s’il y a les autres, il reste un fait irréfutable et inébranlable, « les amis de la paix continueront à entendre et porter la voix de la Palestine ».
Rachid Z Bettahar