C'est un choix passé inaperçu. Ou presque. Mercredi 21 juin, accompagné de ses fameuses lunettes à larges branches, l'entraîneur de l'équipe de France de rugby Fabien Galthié a annoncé une liste de 42 joueurs pour préparer la Coupe du Monde, qui se déroulera dans l'hexagone à partir du mois de septembre.
On y retrouve Bastien Chalureau, deuxième-ligne de 31 ans qui évolue dans le club de Montpellier. La presse spécialisée ou les titres locaux soulignent la combativité de ce joueur, le "soulagement" pour lui de représenter la France, mais tous omettent de préciser ses anciens déboires avec la justice. Pourtant, le colosse de plus de deux mètres a été condamné il y a trois ans par le tribunal correctionnel de Toulouse pour avoir agressé deux personnes en sortie de soirée dans la nuit du 30 au 31 janvier 2020.
Ces agressions revêtaient pour le tribunal une circonstance aggravante puisque ces faits "ont étés commis en raison de la race ou de l'ethnie".
L'une des victimes, Yannick Larguet est un ancien joueur de rugby professionnel. Dans un article du journal local La Depeche de février 2020, il raconte cette agression et explique sa plainte pour agression raciste.
"J’ai entendu une personne qui criait "ça va les bougnoules !" Je me suis retourné et j’ai aperçu un gars costaud qui traversait les allées Jean-Jaurès [à Toulouse ndlr] avec un copain. J’ai demandé s’il s’adressait à moi. Le rugbyman avec qui on parlait m’a dit de ne pas faire attention, que c’était un boulet. Il continuait sans cesse ses insultes racistes. J’ai voulu me retourner et il m’a décroché un coup de poing de toutes ses forces dans la mâchoire. Je n’ai rien vu venir. Il m’a agressé en traître. J’ai reculé, j’étais dans le brouillard. Pendant ce temps-là, il a frappé mon copain".
Quelques mois plus tard, la justice donne raison à Yannick Larguet, et Bastien Chalureau est condamné à 6 mois de prison avec sursis en novembre 2020.
Un peu moins de trois ans plus tard, le deuxième ligne de 120 kilos se voit donc offrir l'opportunité de représenter le rugby français à la Coupe du Monde à domicile en septembre. Une "récompense" qui surprend alors que le rugby est souvent présenté comme un sport "unique" pour ces valeurs selon les mots du World Rugby, l'institution en charge de la prochaine Coupe du Monde.
La condamnation de Bastien Chalureau, pourtant publique et largement relayée à l'époque, est étonnamment passée sous silence, alors que de nombreux articles font l'éloge de ce "guerrier" dont sa carrière a été "perturbée par les coups du sort."