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Billet de blog 30 août 2013

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Egypte, Tunisie : la révolution continue !

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Avec 17 millions de manifestants dans les rues, le 30 juin dernier, l’Egypte a connu la plus grande manifestation de son histoire. Les manifestants n’en pouvaient plus d’un régime qui n’était que la continuation de l’ère Moubarak, mais avec un nouveau visage. Quelques jours plus tard, Morsi était destitué par l’armée, qui a choisi de le sacrifier pour conserver son emprise sur l’économie et l’appareil d’Etat.

 Des milliers de petites secousses sociales avaient parsemé l’Egypte avant le grand séisme du 30 juin. Ainsi, les cinq mois précédents ont vu se dérouler plus de 5 000 manifestations dans tout le pays, dont l’immense majorité concernait des questions économiques et sociales. Une des revendications principales brandies durant ces mouvements était une plus grande justice salariale. La contestation sociale plonge ses racines bien avant la révolution. En 2005, déjà, une vague de grèves avait commencé, connaissant un pic en 2008. La révolution de janvier 2011 a accéléré le phénomène et a donné naissance à la première centrale syndicale autonome du pays, qui compte à ce jour deux millions d’adhérents. Par ailleurs, l’armée et la police elles-mêmes cachent mal leurs divisions : lors des manifestations du 30 juin, de nombreux policiers, soldats et officiers ont rejoint les rangs des manifestants.

En Tunisie, l’assassinat du député Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier, a donné lieu à 48 heures de grève générale décrétée par l’UGTT. Le mouvement a été très suivi. Quatre jours plus tard, l’assassinat de huit soldats par des éléments salafistes, à l’intérieur du pays, a suscité une immense colère au sein de la population, qui s’est mobilisée en masse devant le siège de l’Assemblée Nationale Constituante, demandant la chute du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée.

Comme en Egypte, la lutte des classes s’intensifie en Tunisie, puisque près de 30 000 conflits sociaux ont éclaté au sein des entreprises et des administrations depuis le début de la révolution. Les travailleurs tunisiens demandent des emplois stables et bien rémunérés, des conventions sociales, des retraites décentes, des minima sociaux et une couverture maladie universelle pour les chômeurs. Les victoires ont été nombreuses dans ce domaine puisque de multiples accords d’augmentations de salaires ont été signés, depuis, parmi les travailleurs de la fonction publique et du secteur privé. Il faut dire que la contestation sociale couvait depuis de nombreuses années. En 2008, déjà, le bassin minier de Redeyef avait connu une grande vague de mobilisations suite à des résultats truqués lors d’un concours d’entrée dans l’entreprise publique exploitant l’extraction du phosphate.

Perspectives

En Egypte, les couches supérieures de l’armée sont derrière le pouvoir en place. Ceci a permis à l’ancien président Moubarak d’être libéré sous conditionnelle, en attendant son procès où il comparaîtra libre. Quant aux Frères Musulmans, ils essaient de porter le conflit sur le terrain religieux en s’attaquant à la minorité copte. En Tunisie, les manifestations pour la chute du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée se poursuivent avec une participation inégale. Ennahdha tente de reprendre l’avantage en esquissant des gestes d’ouverture vers l’opposition et en se démarquant, dans le discours, de la mouvance salafiste.

Comme nous l’avions déjà expliqué, les révolutions arabes ne sont pas un processus en fin de course. La situation économique et sociale des pays de la région et la crise mondiale du capitalisme occasionneront de nouveaux soubresauts. Il y aura encore des soulèvements, des irruptions fracassantes des masses dans l’arène politique. Il y aura aussi des reflux, de la fatigue, de la lassitude parmi la population, qui donneront lieu à de nouveaux reculs. Ces reculs, cependant, ne seront que les préludes de mobilisations encore plus fortes. En l’absence d’un parti révolutionnaire de masse capable de mener rapidement les travailleurs à la victoire, le processus révolutionnaire aura nécessairement un caractère prolongé et chaotique. Ce parti, les éléments les plus révolutionnaires de la jeunesse et de la classe ouvrière en Egypte et en Tunisie doivent le construire, coûte que coûte.

Surtout, les comités citoyens qui se sont formés en Egypte et en Tunisie doivent se coordonner sur le plan local, régional et national en vue de renverser ces gouvernements corrompus et établir, à la place, des Etats ouvriers et démocratiques.

RB

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