Le lien entre le problème de la justice globale et la question coloniale et post-coloniale.
Si la justice est d’attribuer à chacun « sien » ce qui lui revient : par la privation d’une part de leur souveraineté, de leur identité et de la propriété à ces peuples colonisés, il ne peut y avoir de justice globale sans la réparation/compensation de ces trois points avec une justice réparatrice, compensatrice voir on parle de justice transitionnelle.
On croise trois groupes de questions :
- question des relations internationales
- question du développement
- question post-coloniale : redouble la question de la relation entre pays riches/pays pauvres.
Pour prendre en compte les multiples paramètres de la justice globale il faut considérer :
- les difficultés de distribution
- les difficultés économiques
- les difficultés post-coloniales : comment aider sans engendrer un assistanat les relations néo-coloniales
Quelques données sur les colonialisations pour expliquer la place de cette question dans ce sujet.
Définition de la colonisation.
Processus d’expansion où des pays ont pris en possession des territoires étrangers en prenant le pouvoir et en assujettissant les peuples : début au 14/15e siècle avec la conquête espagnole, poursuite au 16/17e siècle avec pour la France une « colonisation de mission » (Congrégation de la propagation de la foi de 1659 à Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples), « colonisation d’Etats » au 19e siècle avec une politique impérialiste assurée par les Etats en faisant de l’expansion de la colonisation un processus européen.
La Congrégation de 1659 : « ne pas mettre aucun zèle à changer les rites, les coutumes et les mœurs de peuples… à moins qu’ils ne soient contraire à la morale », « n’importer pas nos pays mais la foi… »
Dès la colonisation de mission contenait donc dèjà la mise sous-tutelle des peuples qui n’a jamais été remis en cause : entre la visée missionnaire de construire hors de l’Europe des Etats de foi catholique et l’objectif civilisationiste du 19e siècle, il n’y a eu aucune rupture dans la politique menée. L’Etat est simplement venu remplacer l’Eglise comme le vecteur.
NB : les missions américaines ne construisaient pas de colonies à foi catholique en Afrique, mais à Cuba : quasi-colonisation américaine après le départ des Espagnols (guerre de 1898) (Avril 1899, Roosvelt « nous devons construire hors de nos frontières et saisir les occasions… ») à l'intégration à la Constitution cubaine d’un droit d’amendement (amendement Plate en 1901) cf. Guantanamo ; Philippines 1898 revient aux Américains ; Hawaï ; Porto-Rico ; occupation d’Haïti de 1915 à 1935 ; colonisation des îles de l’Océan Indien
Si l’on travaille sur ces deux phases : dans les cas où les versions de la colonisation étaient le moins indignes (cas de la Réunion qui était un territoire non peuplé), le processus de colonisation a fonctionné comme un réducteur de diversité humaine, en parvenant à brouiller les rapports entre les peuples et les privant la possibilité d’exprimer leurs libertés, identités et de leur souveraineté & de leurs ressources à un processus d’homogénéisation relative qui a suivi mené par les Nations au nom et pour leur identité nationale.
Ce geste a été relayé par la globalisation et la mondialisation dans les années 90 : une forme est apparue alors que la forme la plus explicite venait à peine de disparaître.
Il faut élargir la notion de colonisation et de décolonisation pour épouser leurs différentes formes et sens : mais dans quelles directions et jusqu’à quel point ?
Les perspectives qui font référence aujourd’hui à un néocolonialisme ou un post-colonialisme : « colonisation du monde vécue » qui peut être inhérente à la logique du monde contemporain (Habermas, 1981).
1.Les identités culturelles
On distingue trois idéologies qui ont joué dans la conquête de l’indépendance :
- souverainialisme : droit des peuples à disposer d’eux-mêmes
- impérialisme
- marxisme/léninisme
De part l’histoire qui explique la naissance du « tiers-monde » avec la conférence du Bandung : l’Inde, Bangkok, l’ Egypte ont affirmé leur non-alignement sur aucun des deux blocs (soviétique ou libéral), c'est le neutralisme de Nehru. Bandung a mis en valeur la souveraineté des Etats anciennement colonisés et le développement humain (i.e. respect de leur identités respectives) : à travers cette diversité humaine, une autre idéologie est prônée tout en refusant que leurs ressources soient spoliées.
Du fait que l’alienation ne s’était pas bornée à la lutte contre la spoliation économique, l’identité et les droits humains de ces peuples a permis a contribué à leur indépendance.
Il faut prendre en compte que les pays issus des mouvements de libération nationale, portaient en eux une diversité ethnique très large (découpage des frontières des pays ne tenant pas compte des diversités ethniques) : donc il y avait un conflit entre l’idée de Nation dont se faisait chaque ethnie et l’affirmation de leur identité ethnique (qui les avaient réunis auparavant pour leur indépendance).
Trois types de Conflits :
- conflit au sein de leur identité culturelle
- conflit entre idée de Nation et identité ethnique
- conflit entre les états africains
Entre 1990 et 2005 : ces conflits ont coûté 280 milliards de dollars… cette somme aurait modifié largement la donne en matière de développement.
Les guerres ont causé : 10 millions de morts.
Chiffres d’une étude d’Oxfam : réduction de 15% de l’activité économique durant ces guerres civiles, 25 pays africains ont connu ces guerres, 1994 à 4 pays – 4 millions de morts (Congo, Angola… : que l’on peut comparé avec la WWI qui avait coûté 1 million de morts dans les principaux pays engagés dans cette guerre).
Certes la montée au pouvoir d’une Afrique multi-ethnique a causé beaucoup de morts, mais les pertes et dégâts causés durant la Traite de Noirs ont été encore plus désastreux (1860 et 1890 : baisse démographique de la population africaine de plus de 40 millions).
On peut se demander dans quelle mesure et jusqu’à quel point cette libération au nom de la diversité ethnique peut se tenir, s’appauvrit et est niée ?
2. Post colonie irréductible à une néo colonie ?
Achille Umbenbé (auteur Congolais, Imagnination politique dans l’Afrique Contemporaine 2001) : il définit le pouvoir colonial comme « le pouvoir de manufacturer toute une foule de gens dont le propre est de vivre sur le bord de la vie, voir jusqu’au bord extrême(…) «
Son idée principale est qu’il y a eu une nouvelle configuration du pouvoir (de Hobbes à Schimdt, le souverain était celui qui décidait du caractère exceptionnel d’une situation) : ici le propre de la souveraineté est l’indifférence à la mort, il parle de « nécro-politique » (en parlant de la plantation).
C’est une forme de souveraineté où la vie n’est un médium avant la mort : la colonie a non seulement laissé sa marque dans les pays décolonisé mais a aussi profondément changé l’image de l’Empire. La France qui a colonisé en raison de convictions assumées, elle s’est définie et impliquée par et dans cette entreprise : la décision de décoloniser n’a pas mis fin au processus premier.
C’est l’idée qu’il subsiste toujours une dimension structurellement identique des relations entre pays colonisés et pays colonisateur (même au sein du propre pouvoir domestique, interne ou en métropole) : on parle d’une « colonialité du pouvoir » : la colonisation au sens stricte aurait maximisé le pouvoir en tant que tel.
L’affirmation des droits de l’homme a connu une (quasi)transmutation avec la colonisation : l’homme s’est transformé en un sujet dominant, « un sujet maître » qui est « blanc et mâle » : l’homme des droits de l'homme (ce type qui affirma les DH, sujet voué à la maîtrise et à la possession de la nation – Descartes) s’est identifié à l’Homme même, c'est-à-dire s’est posé comme sujet en tant que tel et par de là à poser celui ou celle qui ne lui ressemblait pas comme « objet », qui a pu s’accomoder de l’esclavage ou de l’exploitation.
La colonisation aurait requis une exclusion des autres (femmes et personnes de couleur/culture différente) qui ne ressemblaient pas au « sujet maître », énonciateur des droits de l'homme donc de la sphère des semblables pour 2 raisons :
- car si leur altérité et diversité était prises en compte dans l’universel, cela aurait posé une énorme difficulté pour définir le sujet maître (en tant que tel, l’homme en général blanc et mâle) capable et en mesure à être – ou qu’il ait la disposition, arèté (gr) - à le faire – l’énonciation représentatif et crédible des droits de l’homme
- le sujet maître a requis et demandé de manière dogmatique le maintien de cette différence
L’universalisme dogmatique qui en résulte est par conséquent : différentialisé et racialisant.
3.
Le floutage des notions en présence (sembable/dissemblable ; d’homme en général/diversité) a permis cet effet constitutif de la colonisation moderne visible : il y a une double articulation à faire :
- Pas de maitrise sans emprise et possesion du sujet
- Pas de mise à disposition totale du monde sans de mise en œuvre d’une prise/emprise du sujet (malgré toute différence les droits de l'homme évoquent l’humain)
Achille U. parle de « rage » (cf. Jonathan Little, Les Bienveillantes)
Le colonialisme en excluant le dialogue même entre le sujet-colonialisateur et le sujet colonisateur (énonciateur des droits de l'homme) rendant ainsi impossible la diversité humaine en prenant la forme d’un sous-développement économique et humain et prenant la forme d’une altérité ethnique pure (ne reconnaissant pas l’autre comme semblable).
2 Solutions pour que la post-colonie perdure :
- Contre la création d’une altérité pure : refus de la diversité
- Contre l’homogénisation de la diversité : débarrassé des conotations péjoratives et racialsiante
Cf. Nietzche
Simone de Beauvoir : (1949) ce que les femmes réclament ce n’est pas une émancipation superficielle mais une décolonisation de la femme ( repris en 1977 : p11, Clamann Lévy, Histoire d’une élève, préface)
C’est en remplaçant une colonialité historique à des formes de colonialités plus structurelles que la problématique pourrait se résoudre et répondre aux questions posées dans les relations internes au sein de nos sociétés.
La responsabilité éthique des multinationales. Cécile Renouard.
Confrontation de valeurs : basé sur des œuvres de fictions, où se dégage des gentils et des méchants, mais cela pose un problème : rentrer sur des problèmes éthiques par de l’esthétique est le souci.
Cas du terrain : dans sa première phrase, la problématique croise l’Afrique, elle s’intéresse au contexte particulier entre éthique et entreprises du Cac 40 en France.
Cas écologique : Lafarge ; cas social : Danone.
Ces 2 entreprises font des actions réelles (véritables risques industriels pour certaines convictions) et ils ont des vrais dirigeants avec des structures familiales.
On a un problème de pouvoir économique réel qui est hors du cadre juridique national, qui est de l’ordre du type de l’Etat nation : il n’y a pas de structure légale avec des normes transnationales.
Elle utilise le vocabulaire de la « fracture » (« divide ») qui est interprété sous le signe de la responsabilité et de la culpabilisation : « impasse du simple cynisme » & « impossibilité du manichéisme ». Entre ces 2 choses se trouve l’espace de valeurs : le problème est de qualifier « juridiquement » les acteurs.
Ce que l’on appelle « décision » (production de discours et prise de décision) : c’est une résultante de parties prenantes ("stakeholders") et elle termine par « géants du Sud, comme la Chine et l’Inde ».
On a un problème, c’est qu’il y a un autre système de valeurs que le notre qui se développe dans le monde.
RSE : Responsabilité Sociale des Entreprises : l’entreprise doit être responsable socialement (droit social & droit économique ) :
Est-ce qu’il y aurait une responsabilité de développement durable et de la responsabilité éthique des entreprises ? Est-ce que sur ces problèmes, les entreprises sont-elles légitimes ? De quoi les entreprises sont-elles responsables ?
Hypothèses :
- il n’y a pas d’acteur légitime pour s’occuper de ce problème (il n’y a que Total ou Lafarge qui est sur le terrain, pas l’ONU)
- responsable renvoie à la responsabilité morale ou responsabilité des chefs : « responsabilité des élites » joue sur ce double sens : c’est à l’élite d’être responsable
Dans la conclusion, il y a un effort pour ne condamner totalement le capitalisme : pour sauver la planète, il n’y a pas besoin de sortir du capitalisme. Elle s’appuie sur les actifs immatériels (brevet, savoir des ingénieurs, la marque etc.) et dans les actifs immatériels, il y a l’image de marque : c’est la maximisation des valeurs en prenant d’autres valeurs.
On part d’une introduction avec une partie prenante « éthique » vers une conclusion où figure une partie prenante totalement capitalisme : mesures technocratiques et une éthique de culpabilisation .
Dans le chapitre 4 du livre : elle développe une théorie des actifs immatériels
Bottom line : ce qu’il reste pour l’entreprise en résultat financier ; triple bottom line : qui inclut le social et l’écologie à théorie du reporting ou le global reporting : bilan avec des facteurs humains etc.