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Billet de blog 21 novembre 2015

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La France gagnera la guerre des idées!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ballotée entre islamophobie et islamo-fascisme, la France de 2015 est désormais en guerre. Mais ne nous y trompons pas, cette guerre n’est pas comme les autres. La victoire ne sera pas obtenue par les armes, mais sur le front des idées et des valeurs.

La France en proie à des forces désintégratrices

Quelques jours à peine après les attentats du 13 novembre, le deuil et l’unité nationale sont ébranlés car déjà, fanatiques et récupérateurs de toutes espèces s’agitent. Islamophobes et islamo-fascistes sont du même acabit. Ils utilisent la démagogie pour transformer nos angoisses les plus profondes en haine de l’autre. Leurs sophismes délirants et pourtant si difficiles à déconstruire empestent l’arène médiatique, polluent les réseaux sociaux, et flétrissent le climat social. Enragés de tous bords font planer sur notre avenir une ombre plus qu’inquiétante, et pourtant…

Et pourtant, nous restons sclérosés. Qui ne s’est jamais senti impuissant face à un discours de propagande bien rodé? Il est vrai, les mots ne viennent pas toujours devant l’ampleur de la duperie. Elle est si grossière qu’elle en est percutante. Si fausse qu’elle en devient déroutante, et nous laisse désemparés.

La Nature a horreur du vide

Dans cette grande débandade, il n’y a pas de pilule miraculeuse pour soigner notre impuissance. La guérison passera plutôt par un long travail de fond. Ce dont la France de 2015 a besoin, c’est de se réconcilier avec elle même en comblant le profond vide identitaire qui la ronge de l’intérieur. Djihadisme et extrême droite sont les 2 symptômes d’une même maladie auto-immune provoquée par une carence chronique en valeurs partagées.

Car si les métastases du terrorisme international se multiplient si bien sur notre sol, c’est parce que le socle identitaire qui fonde la France est plus que jamais fragilisé. Le djihad est une solution « clé en main » pour des jeunes en déficit d’idéal. Ils sont nés dans une France qui n’est plus sûre d’elle même. Son identité est confuse. Ses valeurs sont brouillées, comme écartelées entre rémanence des lumières et froideur du capitalisme.

C’est dans ce même vide identitaire que s’engouffrent les idées fascisantes. Si la peur de l’autre est aussi bruyante dans les urnes, c’est parce que notre société est en panne de valeurs fédératrices. Pour occuper le vide, nos élus avertissent contre « le danger du front national » tout en se gardant soigneusement de proposer une vision d’avenir pour la France. Pour masquer leur désarroi, ils invoquent De Gaulle, comme dernier symbole d’une France unie par le souvenir de la résistance. Bref, nos élus sont exactement comme nous : impuissants face au délitement de la nation.

Le vrai combat, c’est celui des idées

Face aux forces régressives qui s’emploient à diviser, ce que la France doit faire, c’est gagner la guerre des idées. Et la première phase de cette guerre est un travail sur elle même. L’heure n’est plus à la dénonciation mais à l’introspection.

En effet, il serait improductif de continuer à traquer les hiatus des discours de propagande frontistes. Cela reviendrait à laisser aux superpatriotes la possibilité d’orienter le débat d’idées à leur guise. De même, il serait illusoire de vouloir résorber le cancer djihadiste avec une nouvelle croisade. Une guerre de plus, et pour quoi faire ? Pour graisser encore une fois l’engrenage dangereux qui transforme nos interventions en terres lointaines en radicalisation chez nos propres enfants ? Non, le vrai combat se joue ailleurs. Le vrai combat de la France, c’est celui des idées.

Le challenge des années à venir sera de redécouvrir, puis d’affirmer haut et fort QUI est le peuple français. C’est non seulement possible, mais c’est en plus le bon moment. La France n’est pas encore tombée dans les bras perfides de l’extrême droite, et les fous ne sont que 10 000 lorsque nous sommes des millions.

Construisons les valeurs qui fondent la France de demain

Le peuple, c’est nous. Nous, la majorité trop silencieuse, qui sommes tellement occupés à trinquer et à aimer que l’on peine à croire que d’autres puissent à ce point vomir sur la vie. Le peuple c’est nous, les soi-disant « bien pensants », qui ne savons plus très bien si nous sommes de droite ou de gauche, mais qui refusons obstinément de voir notre pays régresser vers ses instincts les plus bas.

Cessons de nous épuiser à condamner les actes des barbares. Arrêtons de nous diminuer à rectifier les propos venimeux.

A la place, élevons nous. Echafaudons une vision de la France qui corresponde à ce que nous sommes et à ce que nous voulons être. Construisons un contre discours, un système de valeurs, qui sera notre nouveau château.

A chaque choc majeur, la France ressuscite une partie jusque là cachée de son identité nationale. Et à chaque fois, le peuple s’en trouve regonflé, et l’espoir renait. Le réveil brutal du 11 janvier nous a aidé à comprendre que nous étions un peuple de liberté et de laïcité guidé par l'héritage des lumières. Nous nous sommes alors relevés, unis comme un seul homme. Les blessures du 13 novembre ne sont pas refermées que déjà, nous nous découvrons une société de noctambules hédonistes, amoureux du bon vin, des terrasses et du rock. Et là encore c’est cet apprentissage qui nous rassemble et qui nous aide à tenir debout. Ainsi, de traumatisme en traumatisme, d’apprentissage en apprentissage, nous progressons dans une définition positive de ce qui unit le peuple français.  

La guerre des idées est déclarée

Allons nous attendre le prochain massacre pour poursuivre cette quête de qui nous sommes ? Allons nous laisser les obscurantistes décider à notre place des valeurs qui fondent la nation ?

La guerre des idées est déclarée, et c’est la France qui vaincra. Il n’y a pas de fatalité, et les extrémistes n’ont pas le monopole de la plume.

Le Monde nous regarde, alors écrivons, débattons, et façonnons dès aujourd’hui le socle des valeurs partagées qui unira la France de demain.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.