Tu es dame pipi, tu as le privilège de nettoyer les toilettes des boîtes de nuit de la Condesa. Tu es cireur de chaussures. Tu as le privilège de faire briller le cuir des hommes d'affaires de Polanco. Tu es franelero. Tu t'arroges le droit de privatiser la rue en contraignant les automobilistes qui se stationnent à te donner une pièce s'ils veulent retrouver leur voiture en sortant du restaurant.
Tu es dame pipi, tu as le privilège de nettoyer les toilettes des boîtes de nuit de la Condesa. Tu es cireur de chaussures. Tu as le privilège de faire briller le cuir des hommes d'affaires de Polanco. Tu es franelero. Tu t'arroges le droit de privatiser la rue en contraignant les automobilistes qui se stationnent à te donner une pièce s'ils veulent retrouver leur voiture en sortant du restaurant. Tu es vendeur de DVD au marché noir sur la ligne 9 du métro de Mexico. Ta voix porte plus que celle de n'importe quel élève de la Star Academy. Tu es vendeuse de tacos en face d'une discothèque cubaine. Mais sous les tacos, tu glisses des petits sachets de poudre blanche. Tu es vendeur de bracelets rouge-blanc-vert dans les foules de la place centrale du Mexico le soir du Bicentenaire de l'Indépendance. Tu es clown au feu rouge sur une grande artère à 6 voies de Mexico. Tu es orphelin et tu craches de l'essence, mais un sourire est dessiné sur ton visage.
Tu es policier mais tu fais la manche. Tu es fonctionnaire de la compagnie d'électricité mais tu acceptes les pots-de-vin de 30 euros de tes clients qui sont raccordés au réseau sans payer. Tu nettoies les pare-brise des 4x4 conduits par des mères de familles. Mais tes poumons s'encrassent chaque jour. Tu es la veille femme qui vend des avocats dans les marchés d'un air triste. Tu es une étudiante qui vend des stylos dans le Parc México. Tu es cet enfant qui propose « une blague contre 5 pesos ». Tu fais partie de ces millions de Mexicains qui vivent de "l'informalité".
