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Billet de blog 7 octobre 2010

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La victoire de Valentina, seule contre tous

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Soudain, huit militaires font irruption dans ce village éloigné de tout, à plusieurs heures de marche de la première grande ville. Nous sommes sur les terres des Me'phaa, une communauté rurale du sud du Mexique. La guérilla des années 1970 est pourtant loin. Mais aujourd'hui, les hommes en treillis sont là pour « combattre le narcotrafic ».

Les huit hommes « bottés, avec leurs armes, leur uniforme et leur casquette », se souvient Valentina, lui demandent « où sont les encagoulés ? ». Valentina ne sait pas. D'ailleurs elle comprend l'espagnol mais le parle à peine.

Deux des militaires la violent.

La douleur et la peur au ventre, Valentina descend au centre de santé le plus proche. « Je ne veux pas d'histoires avec les militaires », lui répond le médecin qui refuse de l'ausculter. La jeune femme, couverte de blessures, ensanglantée et traumatisée, repart avec 4 cachets anti douleur pour toute aide. Valentina se rend à la ville pour aller chez le médecin. « Prenez rendez-vous », lui répond-on.

S'en suit huit ans de calvaire : le ministère public prend sa plainte à reculons. Les policiers remettent en doute son témoignage, on l'accuse d'être une affabulatrice. Finalement, avec l'aide des associations de défense des droits de l'homme, Valentina dépose plainte. Mais en vertu du droit mexicain, sa plainte se retrouve devant les tribunaux militaires. Rien ne bouge. Pire, sa famille reçoit des menaces pour que la jeune femme retire sa plainte. De qui ? « Du gouvernement », affirme Valentina. Difficile de tenir le cap : elle devient « la femme violée », souillée, abandonnée par son mari et sa communauté. Beaucoup lui conseillent de retirer sa plainte. Et elle y pense effectivement.

Mais elle tient bon malgré l'humiliation. Ni la justice locale, ni les tribunaux d'Etat et encore moins la justice fédérale ne lui offrent réparation. Alors son cas est porté devant la cour interaméricaine des droits humains à San José au Costa Rica.

Le 1er octobre 2010, c'est la fin de l'impunité. L'Etat mexicain est condamné pour son attentisme dans le cas du viol de Valentina Rosendo Cantú et pour un autre cas similaire.

La Cour interaméricaine des droits de l'homme exige réparation financière et morale pour Valentina. Elle a gagné son combat contre l'impunité qui règne au Mexique et qui frappe d'autant plus les peuples originaires.

Retrouver son témoignage en espagnol sur le site du quotidien El Universal.

Et à la radio mexicaine MVS.