Le Parti révolutionnaire institutionnel, qui a gouverné le pays pendant 71 ans jusqu'en 2000, a remporté des élections partielles du 3 juillet. Grâce à ses bonnes vieilles manœuvres clientélistes. Mode d'emploi pour écraser son adversaire dans les urnes.
Le 3 juillet dernier, les électeurs mexicains de quatre Etats du pays ont été appelés aux urnes. Dans trois Etat, le siège de gouverneur était à pourvoir, et dans le 4e on votait pour des élections municipales.
Les scrutins des 4 Etats ont été remportés par le Parti Révolutionnaire institutionnel, le PRI, issu de la Révolution mexicaine, qui a ensuite instauré sa « dictature parfaite » et clientéliste sur tout le Mexique de 1929 à 2000. Le scrutin du dimanche 3 juillet était considéré comme un prélude à l'élection présidentielle de juillet 2012 car on votait pour élire le gouverneur de l'Etat de Mexico. C'est l'entité est la plus peuplée du pays (15 millions d'habitants !). Et même si c'est un bastion historique du PRI, le résultat des autres forces politiques, le PAN, la droite au pouvoir et le PRD, la gauche, donne une idée de l'équilibre politique à 1 an de la présidentielle.
Résultat : le candidat du PRI, Eruviel Avila a remporté le scrutin à 62% des voix malgré une abstention de près de 60%. Un score presque soviétique dans un paysage politique tripartite où les élections se font à un tour.
Le candidat du PRI était assuré de gagner. Clientélisme, corruption, achat de voix, martellement médiatique, son parti avait utilisé les bonnes vieilles méthodes qui ont permis à ce parti de se maintenir 71 ans au pouvoir. Petit catalogue de manœuvres pour gagner une élection à coup sûr.
1. L'argent public tu gaspilleras
Selon l'hebdomadaire Proceso, le candidat du PRI a dépensé au bas mot 600 millions de pesos (37,5 millions d'euros au taux de change actuel). A titre de comparaison, Nicolas Sarkozy a dépensé 20 millions d'euros pour sa campagne en 2007.
Autant dire que le PRI a explosé le plafond de dépenses fixé à 203 millions d'euros; une limite que ses adversaires du PRD et du PAN eux n'ont pas atteint. Une telle somme a probablement été puisée dans les deniers de l'Etat de Mexico, avec l'appui du gouverneur sortant, Enrique Peña Nieto. Qui compte se lancer pour la présidentielle.
2. Les membres de l'institut électoral tu coopteras
Chaque élection mexicaine est précédée d'un intense débat incantatoire sur l'honnêteté des instituts électoraux chargés du bon déroulement des élections. Il y en a un par Etat, et un fédéral. Ces organes, extrêmement stratégiques puisqu'ils ont le pouvoir de recevoir les plaintes visant à faire annuler un scrutin, sont malheureusement rarement indépendants. L'institut électoral de l'Etat de Mexico a clairement été noyauté par le PRI, garantissant ainsi que les candidats n'aient pas à publier leur compte de campagne avant... 6 mois !
3. Les voix tu achèteras
Plusieurs témoignages font état d'achats massifs de voix. Un peu comme Tocqueville qui accompagnait ses électeurs jusqu'au bureau de vote en 1848, le PRI utilise ses réseaux locaux dans les zones rurales reculées de l'Etat de Mexico pour convoquer les communautés. On exhorte à voter en échange d'un sac da farine de maïs ou de ciment. Les meetings artificiels sont les grands moments de ce processus de vote guidé. Les citoyens qui assistent au meeting contre un billet sont d'ailleurs appelés « acarreados ». Bel exemple dans cette vidéo en espagnol. On y voit des personnes présentes au meeting ne connaissant même pas le candidat...
4. L'espace public tu envahiras
Avec un tel budget de campagne, le candidat du PRI a accaparé 76% des panneaux électoraux de la région. Dans les environs de Toluca, la capitale de l'Etat de Mexico, le visage du candidat était visible partout. Panneaux routiers, voitures, bus, façades...
Pour beaucoup d'analystes, à un an de la présidentielle, la victoire du PRI pourrait présager un retour au pouvoir en 2012.