La Palestine n’est plus seulement un État aux yeux du Népal, de la Biélorussie ou du Vanuatu. Le Venezuela, l’Argentine, le Brésil… Tour à tour, les pays latino-américains manifestent également leur reconnaissance officielle d’un État palestinien. Ce geste purement diplomatique a-t-il une quelconque utilité pour la paix ?
« Le gouvernement chilien a décidé d'accord sa reconnaissance à l'existence de d'un État palestinien libre, indépendant et souverain ». Par cette décision émise le 7 janvier, le Chili se raccroche au train de 8 autres pays latinoaméricains ayant reconnu l'État palestinien. Nuance cependant, contrairement à ses voisins sud-américains, le Chili n'a pas mentionné la légitimité des frontières de la Palestine d'avant la Guerre des Six Jours en 1967, date à laquelle Israël a annexé un certain nombre de territoires de la région.
Quelques semaines auparavant, le Brésil et l'Argentine ont pour leur part reconnu l'État palestinien et ses frontières d'avant 1967, répondant ainsi favorablement à la campagne diplomatique de l'Autorité palestinienne à la recherche d'appuis dans le monde entier. D'autres pays comme l'Uruguay, le Paraguay et le Pérou ont annoncé qu'ils procèderaient prochainement à une la même démarche diplomatique.
Comme l'expliquait un article de La Croix, la reconnaissance de l'État palestinien n'est pas une idée neuve. « Après la déclaration d'indépendance par Yasser Arafat le 15 novembre 1988, une centaine de pays, dont la Chine, Chypre, la Hongrie ou la Pologne communiste, avaient reconnu la Palestine, sans que cet État ait jamais atteint, depuis, d'autre réalité sur le terrain que celle d'une autorité autonome sous le contrôle d'Israël. »
Pour la Palestine, cette cascade de soutiens -venus du Venezuela, de Cuba, du Nicaragua, de la Bolivie, de l'Equateur, du Costa Rica en plus du Brésil, de l'Argentine et du Chili- a pour but final de pousser une résolution de l'ONU. Mais les Etats-Unis s'y opposent.
Tout comme la Colombie et le Panama, tandis que le Mexique est indifférent. On retrouve là la principale ligne de fracture diplomatique et idéologique du continent : l'alignement par rapport à Washington.
La ministre des Affaires Etrangères colombienne a en effet récemment déclaré que « pour l'instant la Colombie ne comptait pas reconnaître l'Etat palestinien ». Bogotá affirme vouloir « suivre à la lettre la politique de l'ONU »... Douce manière de signifier son alignement à la politique de Washington pour l'instant opposé à toute reconnaissance.
Ces appuis ? « Aussi peu importants qu'un « like » sur Facebook »
A l'inverse comment interpréter la reconnaissance de la Palestine par des pays comme le Venezuela ou le Brésil ? Le président Chavez, dans son habituel phrasé percutant a déclaré, lors d'une visite de Mahmoud Abbas que « la révolution bolivarienne s'(était) mise du côté du peuple palestinien, de sa lutte mémorable contre l'État génocidaire d'Israël qui tue et tente d'exterminer le peuple palestinien ». La reconnaissance de la Palestine s'inscrit donc dans la stratégie anti-impérialiste et pro arabe du gouvernement Chavez.
Idem pour le Brésil qui, par ce geste, a sûrement voulu lancer un autre signe d'amitié envers les pays arabes et du Moyen-Orient comme l'Iran. Et réaffirme une fois de plus son indépendance par rapport à Washington.
La réaction d'Israël ne s'est pas fait attendre. Danny Ayalon, vice-ministre des Affaires Erangères du pays hébreu, considère que les appuis latino-américains à l'État palestinien ont autant de poids qu'un « like » sur Facebook !
Tandis qu'un autre haut fonctionnaire israélien a déclaré que « l'annonce du Chili, comme des autres pays d'Amérique latine, n'allait pas encourager les Palestiniens à négocier »
Raphaël Morán.
Photo: Flickr, FreeGazaorg.