Un spot de 4 minutes fait du bruit sur les réseaux sociaux mexicains. On y voit des enfants jouer des scènes de la violence quotidienne au Mexique. Corruption, enlèvements, pollution, pauvreté, fusillades, manifestations, tout y passe. Mais quelles sont les vraies intentions des auteurs de la vidéo ?Dans une vidéo intitulée "Niños incómodos" (enfants mal à l'aise), l'organisation Nuestro México del Futuro entend interpeler les candidats à la présidentielle mexicaine concernant la violence dans le pays. Dans un pays où bon nombre de syndicats sont pervertis par les partis politiques et ou les spots vidéos et audio à caractère politique sont légion, il est toujours bon de savoir qui parle et à quelles fins. Derrière ce spot se cache en réalité un groupement d'entreprises comme Palacio de Hierro (grands magasins du Mexique) ou la multinationale Cemex qui prétendent agir au sein d'un "mouvement social". Vu la composition de l'organisation, on aura vu plus "social". On n'en saura pas beaucoup plus sur les motivations de cette organisation.
A la fin de la vidéo qui frise le million de vues, deux jours après sa mise en ligne sur Youtube, une petite fille interpelle directement les quatre candidats à la présidence mexicaine: "Si c'est cet avenir là qui m'attend, je n'en veux pas. Assez de travailler pour vos partis et pas pour nous! (...) Josefina (Vasquez Mota), Andrés Manuel (López Obrador), Enrique (Peña Nieto), Gabriel (Quadri), le temps est écoulé. Le Mexique a touché le fond. (...)".
Malgré son discours mobilisateur, le court-métrage laisse un goût amer. Il n'est pas exempt de messages subliminaux de tendance plutôt droitière. Voyez par exemple le passage de la manifestation, qui, soit dit en passant est mise au même plan que la criminalité - on y voit des professeurs en grève qui bloquent le trafic automobile et se déclarent "contre l'évaluation des professeurs".
Une autre scène représente une homme d'affaire remettant une malette pleine de billets à un fonctionnaire. L'allusion est claire: elle fait écho au scandale de corruption de 2003, lorsqu'une vidéo a surpris l'entrepreneur Carlos Ahumada, remettant de l'argent à un haut fonctionnaire de gauche, René Bejárano...
Par contre, si la vidéo vitupère contre la violence, il n'y a rien sur les racines profondes de celle-ci: la pauvreté, le déchirement du tissu social à cause du productivisme ou de l'abandon de l'Etat.