La situation était intenable. Face aux 150.000 armes saisies par la police mexicaine ces dernières années, l'administration Obama se devait de freiner le flux d'armes à feu vers le Mexique où la guerre entre l'armée et les cartels de drogue a fait 40.000 morts. Dorénavant, les marchands d'armes des Etats du Sud-Est devront signaler leurs clients réguliers d'armes lourdes.
Un petit pas vers la régulation de la vente des armes à feu. On se souvient du documentaire fracassant de Bowling for Colombine de Michael Moore sur les conséquences de la vente libre des armes aux Etats-Unis. Mais on connait moins la conséquence de ce libre marché protégé par un droit constitutionnel, sur le Mexique. Le voisin du sud où s'affrontent 7 cartels pour le contrôle du transport de la drogue est un grand "récepteur" de dizaines de milliers d'armes qui arrivent chaque jour via le marché noir. Alors qu'au Mexique les armes sont interdites, il suffit pour les bandes de narcotrafiquants du Mexique de passer la frontière à San Diego, à San Antonio ou à El Paso pour acquérir en toute tranquilité des fusils d'assauts capable de transpercer des murs. Conséquence, ces 4 dernières années la police mexicaine a saisi 150.000 armes, de quoi équiper une armée nationale ! Parmi ces 150.000 armes, entre 70 et 80% viennent des Etats-Unis. Depuis des années l'administration mexicaine demande ainsi avec insistance une meilleure régulation des armes - non sans mauvaise foi lorsqu'elle accuse les USA d'alimenter la violence, alors que le Canada lui aussi voisin, connaît un taux annuel d'homicides très bas-.
Le Mexique s'est donc réjoui de la décision des autorités américaines de contrôler la vente d'armes dans les 4 Etats frontaliers avec le Mexique. en Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et au Texas, les marchands d'armes devront dorénavant signaler aux autorités les noms de leurs clients qui achètent plus d'une arme dans un intervalle de 5 jours. Sont concernées les armes aux balles de calibre .22.Une manière de pister les gros acheteurs.
Il faut dire que les autorités américaines se sont couvertes de honte lorsqu'a été révélée l'affaire Fast and Furious, du nom d'une opération de l'autorité de contrôle des armes. Volontairement, elle a laissé filé 1800 armes lourdes vers le marché noir mexicain pour pister les trafiquants d'armes et les narcotrafiquants. Mais selon la loi de l'arroseur arrosé, ces armes ont servi notamment dans une scène de crime contre un agent des douanes américaines !
La National Rifle Association, l'effroyable et puissant lobby pro armes a déjà protesté contre cette mesure de contrôle.
Mexico, juillet 2010.