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Billet de blog 16 juin 2011

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L'arrestation rocambolesque de l'ancien maire de Tijuana

Ou comment, une fois de plus la justice mexicaine s'est ridiculisée. Jorge Hank Rhon, ancien maire de Tijuana, milliardaire et amateur de tigres blancs, a été arrêté le 4 juin. Puis libéré. Et immédiatement remis en prison. Puis de nouveau libéré. Le Parquet mexicain a été incapable de présenter assez de preuves pour prouver que Hank possédait des armes et qu'il est impliqué dans deux meurtres.

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Ou comment, une fois de plus la justice mexicaine s'est ridiculisée. Jorge Hank Rhon, ancien maire de Tijuana, milliardaire et amateur de tigres blancs, a été arrêté le 4 juin. Puis libéré. Et immédiatement remis en prison. Puis de nouveau libéré. Le Parquet mexicain a été incapable de présenter assez de preuves pour prouver que Hank possédait des armes et qu'il est impliqué dans deux meurtres.

Ce ne sont pourtant pas les soupçons qui manquent contre Hank Rhon. Déjà condamné à une amende pour trafic d'animaux exotiques -Hank transportait un tigre de Sibérie à l'arrière de sa Mercedes, en provenance des Etats-Unis -, l'ancien maire de Tijuana a été signalé par les autorités américaines comme étant complice des cartels de Tijuana, du Golfe et de Juárez, sans compter ses activités illicites dans le domaines de machines à sous. Surtout, il serait impliqué dans l'assassinat de deux journalistes locaux !

Mais les autorités fédérales mexicaines l'ont arrêté pour port d'armes. Un chef d'accusation qui semble dérisoire par rapport aux autres soupçons qui pèsent sur l'homme d'affaire. Avec une fortune estimée à 500 millions de dollars, il est aujourd'hui l'un des principaux alliés d'Eruviel Avila, candidat aux élections du 3 juillet prochain pour le poste de gouverneur de l'Etat de Mexico, le plus peuplé du pays, et il soutient également Enrique Peña Nieto le « gel boy » qui semble favori pour être le prochain président du Mexique.

Selon plusieurs analystes, dont ceux du magazine Proceso, les autorités fédérales s'en sont pris à Hank Rhon pour discréditer le PRI qui est en tête pour les prochaines élections.

L'homme d'affaire a en effet été arrêté chez lui, par les militaires de l'armée fédérale mexicaine à l'issue de la poursuite d'un délinquant qui s'est réfugié dans la gated community où habite Hank. Puis une « dénonciation anonyme » aurait conduit les soldats à trouver 88 armes, 9000 cartouches et 1 grenade chez l'ancien édile. Immédiatement jeté en prison, le « priiste » a finalement été libéré faute de preuve, alors que le ministère public mexicain voulait le mettre en garde à vue pour 40 jours comme le permet la loi pour certains délits.

Une fois libéré, ce sont les autorités locales de Basse Californie qui ont frappé : Hank a de nouveau été mis derrière les barreaux pour un soupçon de meurtre... Puis relâché quelques heures plus tard là encore faute de preuves ! Une revers cuisant pour le ministère public mexicain, qui avait opéré de la même façon en mai 2009. Les autorités fédérales avaient alors arrêté, au cours d'un coup médiatique, près de 30 fonctionnaires de l'Etat du Michoacán (policiers, maires...), tous soupçonnés d'être liés au trafic de drogue. Deux ans plus tard, l'opération connue sous le nom de « coup du Michoacán » (michoacanazo) a fait « pschit » puisque tous les fonctionnaires ont été libérés ! Faisant passer ainsi la justice mexicaine pour le bras armé de l'exécutif en mal de règlement de compte politique.

Une autre affaire illustre elle aussi ce genre de pratique qui consiste à arrêter médiatiquement un individu, mais sans preuves. C'est l'affaire Cassez...