Ceux qui restent, ceux qui partent. Et des tunnels sous la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
Avec 11,4 millions de Mexicains vivant hors du territoire national, le Mexique confirme sa place de pays « que l'on quitte le plus », selon la Banque Mondiale. Etats-Unis, Canada, Espagne, France, Allemagne sont les pays vers lesquels les Mexicains des Etats de Veracruz, de Puebla, de Oaxaca et du Guerrero fuient en majorité. On fuit la violence, on cherche une meilleure vie. Une fois sur place, la plupart d'entre eux envoient de l'argent, les fameuses remesas, qui se sont élevés à 27,13 milliards de dollars en 2007, un record. Une somme sans lequel le Mexique ne pourrait pas vivre puisque ces remesas constituent la 2e source de revenus du pays, après les exportations pétrolières, et devant les investissements directs et les revenus du tourisme.
Hasard du calendrier, quelques jours après ces chiffres de la Banque mondiale, le Mexique a publié le résultat de son recensement 2010. Surprise : il y a beaucoup plus de Mexicains que prévu. Il y a 112,3 millions d'habitants au Mexique, quatre millions de plus que les estimations démographiques. En cause : la baisse du nombre de migrants qui quittent le pays justement. Ils étaient 500 000 par an, ils ne seraient plus que 250 000 à quitter le Mexique depuis la crise économique aux Etats-Unis. Tandis que parallèlement, le taux de fécondité est plus élevé que prévu, à 2,2 enfants par femme.
"Narcotunnels"
Moins de migrants, mais une frontière toujours aussi poreuse. La mode est aux tunnels frontaliers entre le Mexique et les Etats-Unis. Un souterrain a encore été découvert, entre Tijuana et San Diego, pour acheminer de la drogue. C'est le 2e « narcotunnel » qui a été découvert par la police. Au début du mois, un souterrain muni de rails, d'un éclairage et d'un système de ventilation a été mis en évidence après la saisie de 20 tonnes de marihuana.
La réalité rejoint la fiction. Dans son livre Les Hommes Couleurs, editions du Seuil, 2010, la jeune écrivaine Cloé Korman, primée du Livre Inter, raconte l'histoire d'un tunnel dans le désert mexicain. Les migrants du sud prétextent la construction d'un oléoduc et creusent en réalité un boyau de plusieurs kilomètres dans la terre. Interviewée pour savoir si elle avait connaissance des narcotunnels, Cloé Korman a répondu qu'elle en ignorait l'existence au moment où elle avait rédigé son roman...
Photo: Flickr, désert du Nouveau Mexique, A4gpa.