Télé, radio, journaux, Internet. Sur l'établi de l'épicerie du coin, un journal et des photos de corps déchiquetés. Dans l'autoradio du chauffeur de taxi. Les mêmes chiffres macabres tous les jours. Depuis le début de l'année, la police met à jour des charniers où les organisations criminelles dissimulent les corps des personnes exécutées lors des règlements de compte. On compte jusqu'à ajourd'hui 306 cadavres enterrés clandestinement selon le journal El Universal qui a même élaboré une Google Map des fosses clandestines (voir dans l'article ici). A San Fernando dans l'Etat de Tamaulipas (Est du Mexique) 183 personnes ont été découvertes dans 40 fosses différentes.
Depuis le début du mandat de Felipe Calderón et la militarisation qui s'en est suivie, la guerre contre le narcotrafic a fait 40.000 morts. Dont 9% sont attribués aux forces de l'ordre.
Cette litanie de chiffres s'arrêtera-t-elle un jour ? Comment les Mexicains encaissent-il ces nouvelles macabres ?
Une inquiétude m'étreint: comme si les citoyens avaient dans leur ensemble perdu leur capacité d'indignation. Se laissant happer par l'indifférence, seule arme pour une population en prise à d'autres maux quotidiens.
"Des morts, encore des morts" dis-je au chauffeur de taxi qui écoute les nouvelles. "Oui, il y en a environ 10 par jour", me répond-il indifférent.
Heureusement le 5 mai prochain, une marche nationale pour la justice et contre l'impunité est organisée, notamment à l'initiative de l'écrivain poète Javier Sicilia dont le fils a été récemment assassiné. La manifestation silencieuse partira de Cuernavaca et arrivera le 8 mai sur la place centrale de Mexico, lieu de rassemblement historique du peuple.