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Billet de blog 30 août 2011

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Attaque du « Casino Royale » au Mexique : 53 morts...

Maisons de jeux illégales, blanchiment d'argent, épouses désespérées et ludopathes. Le monde des casinos de Monterrey n'a rien du glamour d'un James Bond. Une attaque dans un des établissements du nord du Mexique a fait 53 morts. (Vidéo).

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Maisons de jeux illégales, blanchiment d'argent, épouses désespérées et ludopathes. Le monde des casinos de Monterrey n'a rien du glamour d'un James Bond. Une attaque dans un des établissements du nord du Mexique a fait 53 morts. (Vidéo).

Nous sommes en pleine après midi à Monterrey, la grande capitale commerciale et industrielle du nord du Mexique. Jeudi 25 août 2011. Neuf hommes débarquent dans trois voitures à l'entrée du Casino Royale, l'un des 790 établissements de jeux que compte le Mexique. Les hommes armés descendent des bidons des véhicules, mettent le feu, tirent sur la foule et lancent des grenades. Petit à petit, la foule du casino, en majorité des femmes de 35-45 ans et des personnes âgées s'enfuient, ou tentent de s'enfuir. En moins de deux minutes, une épaisse fumée noire s'échappe du bâtiment et asphyxie 53 personnes dont une femme enceinte.

Selon les premières hypothèses, il s'agit d'un règlement de compte, d'une vengeance, qui a pris la forme d'un acte terroriste. Une bande armée aurait tenté d'extorquer le casino en vain. Du coup, vengeance. L'établissement appartient à des proches de l'ancien maire de Monterrey Adalberto Madero.

En 10 ans de gouvernements de droite au Mexique (PAN), le nombre de casinos est passé de 123 à 790, dont 140 qui fonctionnent de manière illégale. C'est le fruit d'une dérèglementation et surtout de la corruption de certaines juges et des autorités locales. Même lorsque les maires tentent de faire interdire les casinos, les exploitants peuvent aller devant les tribunaux et obtenir une suspension de la décision administrative. Cela s'appelle « l'amparo ». En 2007, un juge avait autorisé ces propriétaires à poursuivre l'exploitation d'un autre casino qui devait pourtant être fermé après une inspection. Il a reçu 500.000 pesos (31.200 euros) un jour après sa décision...

Les maisons de jeux, qui brassent moult quantité d'argent liquide sans aucun reçu, constituent un business idéal pour le blanchiment d'argent de la drogue. Utile dans un pays où les narcotrafiquants rapatrient chaque année environ 10 milliards de dollars issus des ventes de drogue aux Etats-Unis.

Sans compter que le business est juteux : la clientèle d'épouses désespérées et de personnes âgées fortunées est au moins fidèle, sinon ludopathe. Un reportage du magazine Proceso de juillet 2011 (soit un mois avant l'attaque) mettait déjà en avant les dérives liées à la prolifération des casinos à Monterrey.

Les journalistes rapportent les témoignages des vigiles de casinos. Certains observaient des clients manger les sachets de café pour rester éveillés et jouer sans s'arrêter...

>>Voir les images de l'attaque ici<<