
Serge Charnay, un père divorcé qui demande un droit de visite pour son fils, s'apprêtait dimanche soir à passer une troisième nuitau sommet d'une grue sur le port de Nantes (Loire-Atlantique), où il est retranché depuis vendredi.
De leur côté, les autorités ont renouvelé leurs propositions, tandis que l'avocate de la mère a évoqué une maman et un fils «très éprouvés» par les «coups de force répétés» attribués au père.
A quelques jours d'une journée nationale demanifestation pour les droits des pères, programmée par SVP Papa mercredi à Nantes, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a demandé dimanche aux ministres de la Justice et de la Famille, Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, de recevoir les associations.
Les forces de l'ordre n'interviendront pas
A Nantes, la situation est bloquée depuis vendredi. Le père retranché, âgé 42 ans, a fait savoir dimanche soir qu'il n'avait pas l'intention de redescendre avant la réunion avec les ministres. Plus tôt, le préfet de Loire-Atlantique avait affirmé qu'il n'y aurait pas d'intervention des forces de l'ordre pour faire descendre Serge Charnay de la grue. «La justice doit faire son travail sereinement», a affirmé Christian Galliard de Lavernée à propos de ce papa qui réclame le rétablissement de son droit de visite à son fils (lire plus bas).
Comme il l'avait fait vendredi, le préfet a de nouveau proposé que Serge Charnay dépose lundi matin «une requête expresse (devant la justice) pour réexaminer sa situation». Un avocat sera mis à sa disposition au tribunal, a-t-il dit. En même temps que cette proposition, de l'eau et des vivres ont été montés au père de famille, qui n'avait pas bu depuis samedi matin. «Il est libre de ses mouvements pour redescendre quand il veut», a souligné le préfet.
«Il ne faudrait pas que cela se retourne contre nous»
Dans l'après-midi, le père de famille est descendu en rappel de 4 ou 5 mètres pour taguer sur la grue «sauver nos enfants de la justice» et dessiner un coeur.
Nicolas Moreno, un autre père qui s'est lui aussi retranché dans une seconde grue, samedi à Nantes, pendant quelques heures par solidarité, a fait part de ses craintes. Dans un entretien à«Sud Ouest», ce papa s'est dit «redouter» que l'obstination de Serge Charnay ne se retourne contre leur cause. «Il ne faudrait pas que cela se retourne contre nous, comme l'attendent ceux qui d'ordinaire nous font passer pour de mauvais pères devant les tribunaux», a-t-il expliqué, demandant à Serge de redescendre.

Un geste d'amitié que ne pouvons que saluer , chapeau bas Nicolas , une amitie comme il en existe peu ,courage à vous deux !
Un peu plus tôt ce dimanche, Nicolas Moreno avait escaladé la grue après avoir trompé la vigilance des forces de l'ordre pour aller étreindre son «ami». Toute la journée, cette grue a d'ailleurs été le point de ralliement de pères qui s'estiment insuffisamment pris en compte par la justice en matière de garde d'enfants.
Des actions similaires ailleurs en France
A Strasbourg, dimanche matin, un homme a manifesté en montant sur une grue avant d'en redescendre deux heures après. Scénario presque similaire à Saintes (Charente-Maritime), où un autre père mécontent est également redescendu du toit de son immeuble rapidement dans la nuit de samedi à dimanche après avoir parlementé avec les pompiers et la police.
Face à la situation, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes, a demandé à Christiane Taubira, ministre de la Justice, et à Dominique Bertinotti, ministre déléguée à la Famille, de recevoir l'association SOS Papa et d'autres associations de défense des droits des pères. Il faut «entendre les revendications des pères» pour la garde des enfants après séparation, a déclaré dimanche Dominique Bertinotti, tout en refusant de se prononcer sur le cas de l'homme retranché dans une grue à Nantes.