Mobilisation des lycéens à Saumur : les jeunes persistent et s'organisent
Lundi 18 octobre, dès 7h, le mouvement s'est amplifié : les lycéens occupent et bloquent l'entrée du lycée Jean-bertin/Sadi-carnot. A Duplessis Mornay, c'est le choix d'un blocus de l'intérieur du Lycée, avec organisation de débats. Et le mouvement est appelé à continuer demain, mercredi...voir les jours qui suivent si le Sénat vote la loi mercredi

Des lycéens déterminés encore en ce 18 octobre à Saumur
C'est sous l'oeil attentif de la police nationale et bien qu'il fasse très froid, que 700 lycéens très déterminés ce matin du 18 octobre bloquaient l'entrée. "Au dernier blocus, la semaine dernière, j'ai mis 2 heures à motiver mes collègues lycéens pour faire le blocus", explique Etienne, un des leader de la mobilisitation à Jean Bertin/Sadi Carnot. "Ce matin, à peine j'avais installé 2/3 poubelles devant le portail que déjà ils affluaient pour me rejoindre." Même cas de figure à Duplessis Mornay : "On n'était pas très nombreux dès 7h dans le lycée, mais un rapport de force s'est établi quand le directeur a voulu forcer l'accès pour se mettre en travers", s'accorde à dire Elie. "Les SMS n'ont pas très bien fonctionné. Mais quand, même ils ont déclenché les alertes incendie !! Par contre ensuite, on était plus de la moitié des lycéens à l'Assemblée Générale, c'est à dire 500, et on a voté à 73% pour le blocus, n'en a déplu à notre directeur !" Côté Jean Bertin, ils étaient 375 votants et ont voté le blocus à 95%.
Des relations houleuses avec l'administration à Duplessis Mornay...
C'est photocopie en main du texte de la loi sur la réforme des retraites que quelques lycéens ont organisés les débats, écoutés qu'ils furent par d'autres homologues mais aussi par des parents d'élèves venus y assister. Dans l'assistance, des anti mais aussi des pro-réforme, "des débats constructifs" s'est satisfait Elie, "mais qui n'ont pas pu durer, le directeur étant venu s'interposer pour y mettre fin." Et de continuer : "Il nous a ensuite convoqué, Titouan et moi (NDLR : Elie et Titouan sont considérés par la direction comme les interlocuteurs des lycéens grévistes), et là c'était plutôt drôle : il nous a dit que c'était du grand n'importe quoi, qu'on était une petit groupe à s'approprier l'établissement ! Je vous signale quand même qu'il n'y avait que 5 élèves par classe en moyenne, entre des classes totalement vides et des classes pleines ! "
Beaucoup plus avenantes à Jean Bertin/Sadi Carnot
A la différence, à Sadi Carnot, il semblerait que la mobilisation des lycéens soit perçue d'une toute autre façon par l'adminsitration et en particulier par la nouvelle équipe de direction dont Pascale Roche est à la tête. "La directrice ne nous met aucun bâton dans les roues", se réjouit Valentin. "Elle est venue nous voir dès le matin, elle nous a reçu, elle a elle-même organisé l'Assemblée Générale, le scrutin, fait distribuer le texte de la réforme et l'a fait lire aux élèves !" Et alors que la police présente prenait des photos et tentait d'interpeller Etienne, un des jeunes meneur, "elle s'est intercalée et portée garante de moi », déclare fièrement Etienne. « Comme quoi, on n'est pas de la racaille !"
Des barricades d'un jour, d'autres plus durables...
Côté moyen pour le blocus, à Bertin/Carnot, c'était 3m de hauteur de poubelles qui ont été mis en place. "Mais on a promis à Mme Roche de tout ranger en fin de journée", a déclaré Etienne. A Duplessis par contre, on sentait plus la tension : durant 2 heures les lycéens ont monté une barricade façon "Zola", en allant chercher nombre de barrières et autres matériaux sur le chantier adjacent de l'ancien hôpital ! Et là, semble-t-il, pas question de désinstaller !
Et après...
Mot d'ordre est lancé pour demain pour un nouveau blocus à partir de 7h dans les deux établissements, avant de rejoindre le cortège des "adultes" à 10h. "Mais on sera à part", tiennent à dire conjointement Elie, Etienne et Valentin. "En tout état de cause, on ne s'arrêtera pas là. Et si jamais la réforme était votée Mercredi au Sénat, on va durcir !".
A la question de savoir pourquoi les lycéens du privé ne rejoignent pas leur mouvement, leur déclaration est sans appel : "On a des copains de St Louis ou des Ardilliers qui ont fait grève la dernière fois...et là sanction immédiate : ils ont été virés !"
Ni gîte, ni couvert pour les internes grévistes
Une préoccupation néanmoins, "ce soir on ne sait pas où dormir", déclarait Etienne. "Moi je suis interne, et les chefs d'établissements ont reçu comme directive de ne donner ni le gite ni le couvert aux élèves internes grévistes !" Et de rajouter néanmoins comme bémol : "Mais au moins notre directrice à Sadi Carnot nous a dit que cela pourrait s'arranger."
Galerie photo : Blocus Lycéens du 18 octobre 2010 A SAUMUR

