C'EST L'HISTOIRE DU PETIT COCHON ROSE ET DU « ECOU...OUTE BI...I...EN...EN...ENS CE QUE DIT LA MAÎTRESSE ».
A l'école maternelle les maîtresses, souvent poussées par la nécessité, font bouger un peu les lignes et les pratiques imposées. Elles nuancent le règlement, en fonction des circonstances, de ce qu 'elles sont ou de ce qu'elles peuvent supporter. Cela peut même faire beaucoup, en mieux ou en pire, mais les ajouts les retraits ou la manière de faire ne peuvent s'exercer que dans le cadre du « PROGRAMME ».
Parce que le PROGRAMME n'est pas négociable. Quelque part des AUTORITES l'ont établi afin que chaque Français ressemble aux autres Français. Et afin que chacun d'eux apprenne les VALEURS DE LA REPUBLIQUE.
Les petits Français ont beaucoup de chance d'apprendre les valeurs de la République. C'est comme ça qu'ils deviennent intelligents, généreux et solidaires,créatifs et productifs,réalistes, honnêtes, bons conjoints et bons parents. C'est aussi la raison pour laquelle ils sont pleins de compassion pour les petits Belges ou Hollandais, Anglais, Espagnol, Danois, Suédois ou Norvégiens qui ne sont pas scolarisés dans une République, les pôvres !
LES PETITS COCHONS ROSES.
Mapetitefille avait trois ans, l'âge où tous les petits enfants de trois ans vont à la maternelle. Elle allait donc en maternelle, petite section. Ce jour là elle avait particulièrement apprécié une histoire de petit cochon rose. Parce que les petits cochons sont roses. Vous ne le saviez pas ? Allons donc ! mais si vous le saviez, les petits cochons sont roses.
Bêtement je lui ai dit, à mapetitefille, que chez moi j'avais une maman cochon et ses quatre bébés cochons et que tous étaient tout noirs et pas roses (c'était la race noire du Vietnam).
Je vois encore la surprise presque l'affolement dans ses yeux. Déstabilisée et incrédule, elle était. Ce n'était pas possible, la Maîtresse avait dit que les petits cochons étaient roses ! Donc ils ne pouvaient pas être noirs ! Le ciel lui était un peu tombé sur la tête à Mapetitefille.
« ÊCOUTE BIEN LA MAÎTRESSE ».
Pareil pour Mabiche, la nièce de Caroline. Sauf que Mabiche est un peu plus grande que Mapetitefille. Elle va aussi à la maternelle, bien sûr, et elle y apprend plein de choses, et la maîtresse est gentille….bien sûr.
Elle travaille bien, Mabiche, elle fait tout ce que la maîtresse lui demande. C'est comme ça qu'elle acquiert les AUTOMATISMES. Parce que la maîtresse l'a annoncé aux parents venus l'écouter à la rentrée : « cette année sera l'année de l'apprentissage des automatismes ».
Un jour où j'étais présent chez Mabiche, sa Maman tenait dans ses mains un exercice qu'elle n'avait pas bien compris de sorte qu'elle avait très malencontreusement donné un résultat faux. Je crois bien qu'elle avait additionné au lieu de soustraire, ou bien l'inverse. Elle était sévèrement mortifiée la petite Mabiche de n'avoir pas réussi l'exercice, de ne pas avoir fait ce que lui demandait la maîtresse.
Et j'entends encore sa Maman lui dire :
- « Ecou-oute bbbienenens ce que dit la maîtresse ».
Oui, je vous entends aussi :
- « Ah, et alors ? Pourquoi nous racontez-vous ces histoires de mômes ? Il faut bien qu'ils travaillent à l'école. Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant dans ces banalités ? «
Banalités, banalités, vous avez dit « banalités ? »
Eh bien, ce qui est intéressant justement c'est que ce ne sont pas des banalités. Ces faits n'attirent pas notre attention à nous adultes qui avons tant de choses que nous croyons plus importantes à faire.
Mais nous nous trompons, et lourdement.
Parce que la prise en charge des enfants par la collectivité de plus en plus tôt de décennie en décennie n'est pas sans conséquences sur leur devenir, pour chacun individuellement et pour l'humanité tout entière.
Ces conséquences sont inévitables parce que le cerveau se construit essentiellement (un kilo de plus la première année) de l'âge zéro à l'âge de six/sept ans.
Que se passe-t-il pour les enfants entre zéro et sept ans ? Qui est en mesure de le dire utilement ? Quels « plis » ou « malformation » induites par le stress, l'insécurité, le sentiment d'abandon, l'apprentissage de l'obéissance etc., vont prendre leur inconscient et peser sur leur vie d'enfants et d'adolescents puis d'adultes ?
Il faudrait se rendre à l'évidence : il n'y a plus guère de famille qui ne compte un ou plusieurs membres plus ou moins en difficulté psychoaffective, sujets à la dépression, aux conflits relationnels etc. et en souffrance, Au plan européens les handicapés de la santé psychique dans l'impossibilité de faire face normalement aux actes du quotidien seraient au nombre de trente pour cent de la population selon une étude scientifique.
Or,
- » Si l'on fait comme on a toujours fait on obtient ce qu'on a toujours obtenu » (Paul WATZLAVICK).
Et pour faire cesser ce qui attente à la santé psychique de nos enfants il est certainement urgent de remettre en cause nos façons d'être parents.
Peut-être devrions-nous ne plus nous conformer aussi fidèlement à la norme, ne plus faire ce qu'on nous dit de faire, ne plus faire ce que les autres font, ne plus faire « ce qu'on a toujours fait » ?
Peut-être devrions-nous mieux savoir quels sont les besoins d'un enfant et ce qu'il en coûte de mal satisfaire ces besoins. Peut-être devrions-nous avoir un regard plus critique sur les idées reçues (qui sont généralement fausses parce que établies dans l'intérêt d'adultes dominants et jamais dans celui des enfants).
Peut-être devrions-nous mieux savoir comment abandonner les erreurs éducatives et comment créer le milieu que nous devrions offrir aux enfants pour leur permettre d'arriver à l'âge adulte en bonne santé psychoaffective, avec des cerveaux bien construits ?
Nous savons comment construire des machines zéro défauts mais nous ne savons presque rien sur les caractéristiques de l'environnement que nous devons offrir aux enfants pour leur donner le maximum de chances d'être « bien construits ».
Nous en sommes encore au point où des théories totalement contradictoires cohabitent sans qu'il soit possible de vérifier leur bien fondé, aux une comme aux autres.
Beaucoup d'entre nous savent pourtant, par intuition et par expérience que les enfants respectés dans leurs besoins, élevés sans nuisances, des enfants heureux, ont plus de chances de devenir des adultes heureux et créatifs, et capables de faire face aux gigantesques défis qui les attendent.
Pour faire reculer l'ignorance et les idées reçues nous avons besoin d'être aidés par la science, par les neurosciences principalement, dans la mesure où les scientifiques de cette branche pourront travailler avec leurs collègues des sciences sociales, de façon que le savoir ne soit plus réservé aux seuls spécialistes mais soient mis à la disposition et à la portée des parents et de tous les adultes concernés, à commencer par ceux qui semblent bien les plus ignares, en tous cas les plus réticents au changement : les membres du gouvernement.
Le 14 mai 2015
Raymond SAMUEL
La Charge
26190 LEONCEL
Courriel : famiresam@orange.fr